The Rebirth

The Rebirth
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Rebirth (The)
Ai no yokan
Japon, 2010
De Masahiro Kobayashi
Scénario : Masahiro Kobayashi
Avec : Masahiro Kobayashi, Makiko Watanabe
Photo : Koichi Nishikubo
Durée : 1h42
Sortie : 27/01/2010
Note FilmDeCulte : ***---
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Après qu'une écolière de Tokyo ait été reconnue coupable d'avoir poignardé à mort une de ses camarades, sa mère, Niriko, et le père de la victime, Junichi, décident chacun de partir aussi loin que possible de leur ville natale. Le hasard les fait déménager tous deux à Hokkaido, où leurs activités professionnelles vont les réunir.

TOURNICOTI, TOURNICOTON

Triplement primé au Festival de Locarno, The Rebirth marche comme le prolongement du précédent film de Masahiro Kobayashi, Bashing, une variation sur des thèmes assez voisins. Dans Bashing, une jeune femme revenue d'Irak où elle était retenue en otage devient victime du jugement de ses compatriotes, jusqu'au harcèlement. Dans The Rebirth, un homme est amené à côtoyer la mère de l'adolescente qui a assassiné sa propre fille au lycée. Kobayashi scrute le sentiment de culpabilité qui se cogne contre tous les murs, l'absence d'écoute et cet espoir qui semble si loin à l'horizon, dans un décor totalement déshumanisé. L'appartement de l'héroïne de Bashing fait place à un dortoir froid comme la tombe de Denise Grey, la supérette à une usine où les mêmes gestes désincarnés s'enchaînent. Formellement, The Rebirth passe à la vitesse supérieure et radicalise les effets narratifs de Bashing. Pour traduire l'asphyxie progressive du personnage, Bashing avait recours à des scènes répétitives, où le quotidien tourne en une boucle sans issue. The Rebirth, lui, est composé de 6 ou 7 séquences qui tournent en boucle jusqu'à l'abstraction, jusqu'à essorer toute trace d'humanité dans la vie de ses personnages défaits, à l'image de la séquence de l'irruption des ouvriers à l'usine qui se répète, se répète, se répète, se répète, et se répète sans fin. Si la caméra les observe sans relâche, obstinément, c'est que je suis convaincu que quelque chose va se passer, commente le réalisateur. Qui observe. Et observe encore.

Peu à peu, quelques indices diffèrent d'une boucle à l'autre, parfois un simple détail, un sac posé sur le chemin d'un personnage, chemin qu'on aura déjà parcouru plusieurs fois. L'effet d'accumulation, la répétition entêtée dans un film où, hormis lors du prologue et de l'épilogue, l'on ne prononcera pas un mot, intrigue, étrange fissure quasi expérimentale. Mais lasse aussi. Là où Bashing présentait une héroïne forte, transcendée par la performance de son actrice, The Rebirth filme ses personnages comme des fantômes, particulièrement la femme (Makiko Watanabe, vue dans M/Other, aperçue dans La Forêt de Mogari), les cheveux dans les yeux ou apparaissant au bord d'un chemin comme un spectre. The Rebirth capte mais épuise aussi. Comme si le film consistait en un long et lent bras de fer, personnages qui se frôlent sans s'affronter, en attendant de voir qui capitulera en premier.

par Nicolas Bardot

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