The Look
France, 2011
De Angelina Maccarone
Avec : Charlotte Rampling
Durée : 1h35
Charlotte Rampling : briseuse de tabous, icône et avant-gardiste résolue. Souvent utilisée au cinéma comme objet du désir, c‘est son regard qui est au centre de toutes les attentions dans THE LOOK. Elle est le sujet du film. Avec des interlocuteurs comme Peter Lindbergh et Paul Auster, elle s’interroge, en neuf chapitres, bien au-delà de l’anecdote ou du souvenir, sur les grands thèmes de sa vie.
U GOT THE LOOK
Difficile, lorsque l’on réalise un documentaire sur quelqu’un, de ne pas tomber dans l’hagiographie béate ou au contraire dans une objectivité froide et encyclopédique. The Look évite ces deux écueils car il ne s’agit pas tout à fait d’un documentaire classique. C’est un film inhabituel, une réflexion intime dont l’actrice est à la fois le sujet et l’auteur (ce n’est pas elle qui réalise mais elle est seule à parler, la véritable réalisatrice n’intervient jamais à l’écran), et où sa carrière est utilisée plus comme un exemple que comme véritable objet d’analyse. Le film se divise en plusieurs chapitres, et à chacun correspond un thème de réflexion (l’âge, le désir, la mort…) sur lequel Charlotte s’entretient avec un proche, et à chacune de ces parties, un long métrage est pioché dans sa filmographie pour servir d’exemple.
Les intervenants qui un à un viennent recueillir, provoquer ou rebondir sur sa parole, ses pensées, sont pour la plupart des collaborateurs plus ou moins récents. Aucun réalisateur (si ce n’est son fils sous la direction duquel elle vient de tourner), mais par exemple plusieurs photographes. Cela vient rappeler que si la comédienne est célèbre pour avoir effectué plus d’une fois des choix très gonflés (Max, mon amour, Portier de nuit…), cette audace ne s’est pas limitée aux écrans de cinéma, comme en témoignent ses séries de photos pour différents artistes, où la nudité est aujourd’hui encore toujours très présente. Il y a d’ailleurs au début du film une séquence choc avec Peter Lindberg, où Charlotte inverse les rôles, prend l’appareil des mains et oblige le photographe à poser, le dirige. Cette scène illustre parfaitement la richesse d’interprétation de ce titre, The Look. Si l’on pense évidemment en premier à son célèbre regard mi-clos (qu’elle avoue sans humour ni amertume devoir tout simplement à ses paupières tombantes!), c’est évidemment du regard qu’elle porte sur la vie et son travail dont il est question, mais énormément aussi du regard qu’elle suscite, en tant qu’actrice, sex-symbol et femme de son âge. Elle est d’ailleurs d’une lucidité et d’une honnêteté frappante sur ce point, comme sur tous les autres.
Entre deux considérations philosophiques (et vous, êtes-vous spinozistes ?) Charlotte fait de la boxe, du baby-foot, chante en Allemand, se promène à Central Park, tape la bise à de vieux messieurs inconnus... Un festival Rampling qui, loin de tirer le film par le bas, lui donne l’humilité et l'humour nécessaire pour coller à l’intimité assez stupéfiante dont l’actrice fait parfois part dans ses confessions, et surtout permet de l’entendre plusieurs fois éclater de rire. On ne se rappelait pas avoir entendu un rire aussi communicatif dans sa bouche depuis longtemps.
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Inédit en salles, The Look est diffusé ce dimanche soir 25 août à 22h20 sur Arte.