The Lobster

The Lobster
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Lobster (The)
Grèce, 2015
De Yorgos Lanthimos
Scénario : Efthymis Filippou, Yorgos Lanthimos
Avec : Colin Farrell, John C. Reilly, Léa Seydoux, Rachel Weisz, Ben Whishaw
Durée : 1h58
Sortie : 28/10/2015
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans un futur proche, les personnes célibataires sont emmenées de force dans l'Hôtel. Là-bas, elles ont 45 jours pour trouver un partenaire. Si elles échouent, elles sont transformées en l'animal de leur choix et sont lâchées dans les bois...

COMME DES BETES

Dans Canine, des parents inventaient un système éducatif pour mieux séquestrer leurs enfants. Dans Alps, des comédiens amateurs proposaient à des familles de prendre la place de leurs proches défunts. Dans The Lobster, des hommes et des femmes sont contraints de trouver un partenaire amoureux sous peine d’être transformés en l’animal de leur choix. Les pitchs des films de Yorgos Lanthimos sont à eux tous seuls d’excitantes promesses. La promesse d’un imaginaire déployé plus grand qu’ailleurs, ainsi qu’un regard inquiet sur nos difficultés à communiquer. Mais aussi bien sûr la promesse de rire. Devant The Lobster on rit plus encore que devant les précédents films du réalisateur grec. Si la scène d’ouverture est parmi les plus marquantes et géniales vues à cannes ces derniers temps, The Lobster est sans doute le film le plus drôle vu en compétition depuis longtemps (depuis l’involontairement comique Soleil Trompeur 2 ?). Cela grâce à un scénario rempli à ras-bord d’idées et de surprises, mais aussi grâce à un sens de l’absurde plus riche qu’il n’y parait.

Quel est le plus grand mérite de Lanthimos ? Avoir un pitch zinzin en or, ou bien choisir de ne pas se reposer uniquement dessus ? Grâce notamment à une habile structure en trois parties, le film devient peu à peu réellement imprévisible, changeant de ton avec aisance, changeant de personnages avec fluidité. De comédie loufoque, l’ensemble passe au suspens cruel, puis au drame romantique, sans perdre pour autant sa cohésion. Celle-ci porte un nom : l’absurde. Au sens noble du terme, celui des Surréalistes, pour qui le décalage irréel allait de pair avec une profonde émotion. Vous pensez que rien ne parait plus éloigné de notre réalité que ces histoires surnaturelles ? Erreur. Quelle est cette société où le célibat est une damnation pire que la mort, où le couple est une planche de survie à laquelle on s’accroche au prix de tous les compromis, où l’alchimie entre deux partenaires se mesure à coups de points communs, comme des cases à cocher ? Rappelez-vous le nombre de fois où vous avez pu voir récemment à la télé des publicités pour des agences de rencontres en ligne vous promettant de calculer qui est vraiment fait pour vous...

The Lobster emprunte autant au conte qu’au fantastique, et pourtant tout y est factuel, proche de nous. C’est peut-être même son film le plus grand public (et pas seulement grâce à son casting). Comme dans les précédents films de Lanthimos, le rire dévoile une forme violence. Les personnages sont ici prêts à tout pour trouver l’amour, quitte à se taper la tête contre les murs. La quête d’un partenaire est prise au sérieux jusqu’à la folie et la mort, on y joue sa vie comme dans une tragédie grecque où les humains deviennent animaux et où on se crève les yeux pour mieux y voir. Et pourtant The Lobster ne se place jamais cyniquement au-dessus de ses personnages. Il y est une fois de plus question de trouver sa place (de jouer un rôle pour pouvoir être authentique, de trouver son propre langage en marge des autres), mais le constat de cette impossible quête est cette fois plus amère et émouvante. Sous couvert de fable folle, The Lobster est en fait un film passionnant sur le couple, sur tous les couples : ceux qu’on fuit, qu’on impose, qu’on interdit, qu’on calcule, qu’on crée. Un film romantique, un vrai, drôle et émouvant. Et fou.

par Gregory Coutaut

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