The King of Pigs
Dwaejiui Wang
Corée du Sud, 2011
De Sang-Ho Yeun
Scénario : Sang-Ho Yeun
Avec : Ik-june Yang
Durée : 1h37
Alors que son entreprise a fait faillite, Kyeong-min, la trentaine, tue sa femme sans réfléchir. Masquant sa colère, il cherche à renouer contact avec son ancien camarade de collège Jong-seok. Ce dernier travaille maintenant en tant que nègre pour une autobiographie, mais il rêve d'écrire son propre roman. Pour la première fois en 15 ans ils vont se rencontrer. Kyeong-min et Jong-seok cachent l'un à l'autre leurs situations actuelles et commencent à parler de leurs journées passées ensemble à l'école...
PEAU DE COCHON
D'abord repéré au Festival de Busan, The King of Pigs est un peu, à la Quinzaine des réalisateurs, l'anti-Ernest & Célestine. Ce dernier, mimi et pastel, est un doudou à serrer dans ses bras. The King of Pigs est beaucoup plus coréen - sombre, bagarreur et vociférant. Yeun Sang-Ho explique que sa première inspiration a été le manga noir c'est noir Himizu, récemment porté à l'écran, et de quelle manière, par Sono Sion. Production indépendante, The King of Pigs, dont on devine le budget limité, s'appuie sur une technique d'animation assez rudimentaire. Pas un problème en soi puisque celle-ci met assez en valeur la brutalité du récit. Yang-Ik June, réalisateur du film coup de poing Breathless, prête sa voix à l'un des personnages principaux, mais The King of Pigs ne partage pas la complaisance de violence trash qui habite son long métrage.
The King of Pigs se déroule dans une école qui carbure au harcèlement, avec sa hiérarchie, ses castes, entre élèvres-chiens et élèves-porcs. Ceux qui martyrisent, ceux qui sont martyrisés. Les personnages principaux, désormais adultes, se souviennent. Mais ces flashbacks installent une fausse distance: la violence de ce King of Pigs est une bombe à retardement. Cette lutte en classe est aussi une lutte des classes qui va bien au-delà du collège. "Qu'est-ce que ça a changé ?", se demande l'un des protagonistes. Yeun Sang-Ho parsème son récit de quelques idées visuelles fortes, déformations monstrueuses des visages et autres noirs fantômes. The King of Pigs rappelle par instant l'esprit de Princesse, perle danoise, également animée et présentée à la Quinzaine il y a quelques années. La concision en moins. Dommage, car The King of Pigs aurait gagné à être plus percutant, notamment lors de son long dénouement hystérique. Mais cette histoire sans concession de corps humains plus froids que l'asphalte révèle un talent à suivre.