La Chasse
Jagten
Danemark, 2012
De Thomas Vinterberg
Scénario : Thomas Vinterberg
Avec : Mads Mikkelsen
Durée : 1h46
Sortie : 14/11/2012
Après un divorce difficile, Lucas, quarante ans, a trouvé une nouvelle petite amie, un nouveau travail et il s’applique à reconstruire sa relation avec Marcus, son fils adolescent. Mais quelque chose tourne mal. Presque rien. Une remarque en passant. Un mensonge fortuit. Et alors que la neige commence à tomber et que les lumières de Noël s’illuminent, le mensonge se répand comme un virus invisible. La stupeur et la méfiance se propagent et la petite communauté plonge dans l’hystérie collective, obligeant Lucas à se battre pour sauver sa vie et sa dignité.
QUE LA BÊTE MEURE
Révélé en fanfare il y a bientôt 15 ans avec Festen, le petit prodige danois Thomas Vinterberg s'est fait peu à peu oublier au cours des années 2000. La Chasse est le film de la résurrection. Par bien des aspects, ce nouveau long métrage partage des liens avec Festen. On sait, depuis ce dernier, que Vinterberg aime gratter le vernis nickel d'une société danoise policée. Après l'anniversaire du patriarche, c'est pendant les lumineuses fêtes de Noël que le drame noir de La Chasse se noue. La forme, elle, est plus consensuelle. Oublié le Dogme, le filmage plus classique de Vinterberg est toujours au service, mais autrement, de son récit. Celui-ci, précis, concis, au laser, ne perd rien en intensité et en acuité.
Rumeurs, chasse aux sorcières, meute assoiffée par l'odeur du sang. Un sujet qui a dû parler à une certaine partie de la presse cannoise, celle qui était, l'an passé, très cliente de ce type de jeu lors du procès en carton fait à Lars Von Trier (on imagine les mêmes adorer La Chasse). Vinterberg parvient à irriguer insidieusement le venin de la suspicion sans faire des pantins de ses personnages. On saigne, on pleure et on souffre dans La Chasse. Ainsi s'exprime l'humanité du héros (formidable Mads Mikkelsen) face au puits noir, désormais à jour, de ses voisins ressemblant aux villageois qui galopent derrière Frankenstein. La métaphore de la chasse au cerf paraît presque superflue pour parler de cette société et de son besoin irraisonné de brûler quelque poupée vaudou. Mais les choses ne sont pas si simples. A l'image de son dénouement, l'impression que les meubles retrouvent sagement leur place sonne faux. Une fois achevée, la chasse semble continuer. D'apparence modeste, La Chasse, comme un coup de feu, résonne longtemps encore en tête, longtemps après qu'on ait appuyé sur la gachette.