Le Lendemain
Efterskalv
Suède, 2015
De Magnus von Horn
Scénario : Magnus von Horn
Durée : 1h42
Sortie : 01/06/2016
Lorsque John retourne chez son père après avoir purgé sa peine de prison, il aspire à prendre un nouveau départ. Mais son crime reste présent dans les mémoires des habitants de la commune et semble impardonnable. Son retour attise la colère de chacun et lentement s’installe une atmosphère pesante qui laisse présager un lynchage imminent. Se sentant abandonné par ses amis et ceux qu'il aime, John perd espoir et l’agressivité qui l’avait conduit en prison refait peu à peu surface. Devant l’impossibilité d’oublier son passé, il décide de l'affronter.
DET GÖR ONT
A 18 ans, le chanteur suédois Ulrik Munther (héros de ce Lendemain) interprétait un single intitulé Soldiers, dont les paroles répétaient "We're soldiers, we're soldiers", évoquant des soldats (métaphoriques) saignant sur le champ de bataille. Sauf qu'à part dans l'imaginaire des ados en crise, à 18 ans, en Suède, on n'est pas vraiment un soldat envoyé au front. Ironiquement, Munther, encore tout jeune aujourd'hui, est employé par Magnus von Horn pour jouer un jeune homme qui semble avoir déjà un très lourd passé. On devinera petit à petit ce qui s'est passé, mais sans jouer sur un suspens en carton, Horn démontre déjà un certain talent pour l'ellipse tandis qu'il se concentre sur l'essentiel.
Un père vient récupérer son fils sortant d'une centre de détention. Dès la scène suivante, en voiture, il ne "se passe rien" et pourtant la tension est palpable. En début d'année, nous découvrions à la Berlinale un autre premier film suédois, Flocking de Beata Gårdeler. Il y a était déjà question du poids de la communauté. Dans Le Lendemain, plus que du crime passé du jeune héros, il est surtout question de sa réinsertion rendue impossible par une communauté en apparence sans problème mais qui dans une situation singulière a tôt fait de refuser ses lois.
John, le jeune héros, fait profil bas, apathique, et ne répond pas lorsqu'on le gifle. Sans musique additionnelle, avec austérité, Horn raconte l'insidieux effet meute dans cette morne petite ville, ou dans ce lieu toujours très réactionnaire que peuvent constituer le lycée et ses couloirs. Les camarades de classe chantent d'abord, innocemment, un tube pop suédois pour provoquer John ("Det gör ont" - "ça fait mal"). Mais s'ils pouvaient le tuer, ils ne s'en priveraient pas. Une gamine semble t-il fascinée par les meurtriers pose des questions incongrues à John. Le réalisateur, sans l'excuser, ne demande pas de comptes à son personnage qui a purgé sa peine. Il questionne davantage la société dont John est le révélateur. Ce premier essai est solide et très convaincant.