The Fives

The Fives
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Fives (The)
Corée du Sud, 2013
De Yeon-Sik Jung
Scénario : Yeon-Sik Jung
Durée : 2h03
Note FilmDeCulte : *****-
  • The Fives
  • The Fives

Après avoir assisté à l’assassinat de sa famille, Eun-ah finit paralysée. De sa chaise roulante, elle décide de faire appel à des demandeurs d’organe, à qui elle promet ses membres une fois sa vengeance accomplie.

LE CLUB DES CINQ

Le polar coréen s'épuiserait-il ? C'est la question fébrile qu'on voit se poser ici ou là, et qui rejoint finalement celle du cinéma coréen en général dont la vitalité et la renaissance depuis une dizaine d'années ont chamboulé la planète cinéma. On l'a déjà dit ici: des nouveaux noms à suivre dans le cinéma coréen, il y en a, et ce n'est pas parce que les sorties France ou certains festivals se concentrent souvent sur les mêmes noms qu'ils n'existent pas. Même chose pour le polar. Si le savoir-faire supérieur de la Corée dans le genre, de Memories of Murder à J'ai rencontré le diable, n'a pas vraiment d'égal dans le monde, celui-ci a évidemment donné naissance à quelques formules calibrées. Mais, à l'image de l'excellent Confession of Murder de Jung Byoung-Gil (sortie DTV chez nous), The Fives est suffisamment inventif pour éviter la redite.

The Fives est la première réalisation de Jung Yeon-Sik, adaptée de sa propre bande dessinée. Celle-ci raconte l'histoire d'une mignonne petite famille qui est du genre à accrocher des écriteaux mièvres sur la porte de leur maison. La mère, Eun-A, va être projetée dans un enfer sur Terre lorsque sa famille est massacrée et qu'elle termine dans un fauteuil roulant. Ce pourrait être le point de départ d'un mélodrame de Lee Chang-Dong, c'est finalement un pur polar et, motif coréen s'il en est, un film de vengeance dévastateur. Le rose bonbon du départ laisse place à une méchanceté perverse. On a certes l'habitude avec les polars coréens, mais celle-ci va loin. Jung réussit surtout la performance, pour une première réalisation, de jouer avec des registres opposés: le polar premier degré et tragique et... le fun totalement décomplexé.

Souris puisque c'est grave: l'héroïne, badass en fauteuil roulant, est elle aussi malmenée et n'est pas transformée en intouchable ange de la vengeance. L'actrice Kim Sun-A se métamorphose de maman-bonheur en pasionaria à moitié morte, noyée dans une improbable doudoune géante et surplombée par une impossible coiffure invalidée par Cristina Cordula. Les premières scènes de sa vie d'après, dans une bicoque pourrie auprès d'une sœur niaise et cancéreuse sont d'un sadisme génialement drôle... et horrible. Et elle fait bien de s'accrocher à son fauteuil roulant car celui-ci aura tôt fait de valdinguer, handicapée ou non. Une perversité si extrême qu'elle devient... assez fun, d'un fun très noir certes, mais qui permet aussi au film d'éviter la complaisance. Jung disperse ses rebondissements avec idée et générosité et n'a pas peur des extravagances (comme ce qu'on découvre chez le psychopathe). Oui, il y a des raccourcis, et il faut accepter les débordements grand-guignol. Mais le résultat, techniquement toujours aussi nickel, est bouillant, et horriblement divertissant.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires