Marché du Film: The Final Master

Marché du Film: The Final Master
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Final Master (The)
Chine, République populaire de, 2015
De Haofeng Xu
Durée : 1h49
Note FilmDeCulte : ****--
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LUTTE (DE) CLASSE

Haofeng Xu, qui a longtemps pratiqué les arts martiaux avant d’entrer dans le monde du cinéma, est surtout connu chez nous pour être le chorégraphe du prestigieux The Grandmaster de Wong Kar Wai. The Final Master est pourtant son troisième long métrage en tant que réalisateur. Sans hélas connaître la distribution et le succès qu’ils méritaient, ses deux premiers films (Sword Identity et Judge Archer) témoignaient d’un passionnant travail de modernisation du genre du wu xia pan. Avec une maitrise impressionnante de la mise en scène, une absence totale d’effets spéciaux et une connaissance aigue des techniques de combat, Haofeng Xu possède une formule magique unique pour faire des merveilles. Ses films sont simplement à couper le souffle.

Inconnu chez nous, le réalisateur s’est vu confier cette fois un budget plus confortable, ainsi qu’un casting plus dodu où tout le monde est beau, et où l’on retrouve Fan Liao (primé à Berlin pour Black Coal). On sait que le talent et la meilleure volonté sont facilement diluables dans les gros sous, et les premières scènes de The Final Master étonnent. Les décors spartiates de Sword Identity laissent place à une improbable ville coloniale, à la fois chinoise et biélorusse (!), où l’on roule en calèche et l’on joue au bowling. On craint la surcharge kitsch (coucou Gone with the bullets) et l’on craint que le cinéaste radical ait vendu son âme au dollar. Xu n’a pourtant rien perdu de son art des compositions symétriques élégantes, et s’il s’amuse de ce faste environnant, il sait se concentrer sur l’essentiel : des scènes de combats une fois de plus stupéfiantes.

On ne se castagne pas, ici. On combat avec une classe folle, alors même que les coups ont l’air plus vrai qu’ailleurs (et ils le sont !) : on repousse ses ennemis alors qu’on tient un chiot dans ses bras, on lutte tout en poursuivant une conversation de bon voisinage assis sur un banc. Ces scènes frôleraient sans doute ridicule si Haofeng Xu n’y imprimait pas sa gracieuse touche. Brefs mais nombreux, chaque combat est mis en scène avec une virtuosité et une rapidité rarement vues ailleurs, et s’enchainent comme des vignettes. En comparaison, le reste du récit trottine un peu trop paisiblement, mais la galerie de personnages reste cocasse (mention spéciale à la matrone-garçonne en redingote). Haofeng Xu remplace en partie son minimalisme brut par une dimension fun inattendue, parfois bancale, mais s’il n’atteint pas les sommets de Sword Identity, The Master reste d’une élégance dingue.

par Gregory Coutaut

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