Etrange Festival: The Corpse of Anna Fritz
El cadáver de Anna Fritz
Espagne, 2015
De Hèctor Hernández Vicens
Durée : 1h16
Mystérieusement décédée, l’actrice Anna Fritz arrive à la morgue où travaille l’introverti Pau. Fasciné par le corps sans vie, ce dernier prévient deux de ses amis qui le rejoignent à l’institut. Sous l’effet de l’alcool, les invités cèdent à la nécrophilie. Mais Anna Fritz revient à la vie.
MORT CÉRÉBRALE
A quel point la rigueur est-elle soluble dans le fun ? A quel point le spectateur peut-il avaler les couleuvres d’un scénario incroyablement bâclé, sous prétexte que celui-ci se range dans la famille des midnight movies à (soi-disant) ne pas prendre trop au sérieux? The Corpse of Anna Fritz dérange, mais pas de la manière sans doute espérée par son réalisateur (dont c’est le premier film). Ce n’est pas cette histoire de nécrophilie qui choque, ou même la désinvolture avec laquelle les protagonistes se jouent des tabous, mais bien la paresse d’un scénario rempli à ras-bord d’incohérences et de facilités simplistes. Ce qui arrive au corps d’Anna Fritz est invraisemblable ? Et alors ? En théorie, il n’y a en effet nul besoin d’être réaliste pour être crédible. Mais comment rendre précisément crédible (ou même attachante ou intéressante) une histoire aussi scandaleusement remplie de trous et d’invraisemblances ? Un téléphone qui sonne juste au bon moment? Une robe qui se boutonne toute seule ? Un handicap qui disparait comme par magie ? Un personnage qui devient ultra méchant juste comme ça… Vraiment trop pratique pour être honnête.
Ce qui se passe à chaque scène ne semble jamais obéir à la fatalité ou à la responsabilité des personnages, mais bien à la flemme d’un scénariste branleur. C’est facile d’écrire un scénario quand on prend les spectateurs pour des débiles qui gobent tout ce qu’on leur montre sans réfléchir, hein ? Et comme si on n’avait pas déjà l’impression d’assister à un pénible brainstorming avorté d’adolescents potaches, The Corpse of Anna Fritz vient mettre les points sur les i immatures avec l’indispensable dose habituelle de sexisme. Le viol devient rapidement un souci secondaire pour les personnages (y compris la victime) et semble rapidement oublié. Aucun problème pour filmer la nudité de l’actrice en full frontal (sans que le scénario ne l’exige pourtant, puisqu’elle est recouverte d’un drap la plupart du temps), mais c’est marrant, quand c’est au tour des mecs de se déshabiller, la caméra est soudainement prise d’une inexplicable pudeur. Tout cela achève de confiner Anna Fritz dans la catégorie des beauferies immatures. Le plus glaçant n’est pas dans le film : c’est voir qu’un si pauvre exercice digne d’un lycéen fanboy puisse trouver un financement, ainsi qu'une place dans des festivals internationaux.