The Chaser
Corée du Sud, 2008
De Hong-Jin Na
Scénario : Hong-Jin Na
Avec : Jeong-woo Ha, Yoon-seok Kim, Yeong-hee Seo
Photo : Sung-je Lee
Musique : Yong-rock Choi, Jun-seok Kim
Durée : 2h03
Sortie : 18/03/2009
Joong-ho, ancien flic devenu proxénète, reprend du service lorsqu'il se rend compte que ses filles disparaissent les unes après les autres. Très vite, il réalise qu'elles avaient toutes rencontré le même client, identifié par les derniers chiffres de son numéro de portable. Joong-ho se lance alors dans une chasse à l'homme, persuadé qu'il peut encore sauver Mi-jin, la dernière victime du tueur.
COURS APRES MOI, J'T'ATTRAPE
Carton public en Corée, remarqué au dernier Festival de Cannes, et enfin lauréat du récent prix Action Asia du Festival du film asiatique de Deauville, The Chaser arrivait avec 36 lauriers sur sa tête et autant de promesses. Si le film de Na Hong-jin ne s'impose pas comme un nouveau Memories of Murder, il en assure fièrement la succession dans le genre chéri du polar tout noir à la sauce matin calme. Comme le film de Bong Joon-ho, The Chaser part d'un fait divers, soit un terrain de jeu idéal pour offrir à la fois son regard désabusé sur la société coréenne et investir les codes du genre que Na maîtrise à merveille. Séoul la nuit et tous ses mystères: The Chaser pose une brume d'ambiguité sur toute question ou sur chaque épaule. Héros mais proxénète et avant tout motivé par l'argent qu'on lui doit, Joog-ho symbolise ce goût des ambivalences et du clair-obscur, présence des motifs chrétiens mais ombre du démon, meurtres sans mobile, le tout dans les méandres d'une cité embrouillamini, pentes et détours autour de pavillons aussi voisins qu'anodins. Même la structure labyrinthique participe à cette mécanique d'incertitudes, qu'il s'agisse d'un rebondissement qu'on ne peut dévoiler mais qu'on ne s'attend pas à voir arriver si tôt, ou son enchevêtrement de fausses pistes et d'impuissances, comme cette incapacité du groupe (ici, les flics) d'agir dans le juste quand le mal n'a pas de traits - ou ceux, dérisoires, d'excréments jetés au visage d'un notable. The Chaser s'étire peut-être un peu trop mais il fallait bien ça pour faire honneur à l'ambition de Na Hong-jin dont le baptême cinématographique reste classique, mais dense, classe, intense.