The ABC's of Death

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26 lettres. 26 réalisateurs. 26 façons de mourir.

AB DÉCÈS

En réunissant les metteurs en scène les plus prometteurs de fantastique, les producteurs/instigateurs d’ABC’s of Death ont fait un pari aussi excitant que risqué. Excitant rien que par le casting retenu, qui impressionne presque plus par le nombre de réalisateurs (y a-t-il déjà eu un omnibus aussi peuplé ?) que par le talent de certains. Mais risqué justement pour la même raison, chaque court se trouvant réduit à une durée rikiki, faisant craindre un picorage superficiel plutôt qu’un buffet royal. Or si le pari est en partie réussi, c’est justement grâce au rythme et à l’énergie qui se dégage de cette profusion de courts métrages. Mais pas seulement. La meilleure idée du film vient de sa confiance dans son simple concept : non seulement aucun sketch ne vient alourdir l’ensemble en liant artificiellement les courts entre eux (ils restent présentés selon l’ordre alphabétique, le mot-clé choisi et le nom du réalisateur n’apparaissant qu’à la fin de chaque court, bien vu), mais surtout chaque réalisateur s’est vu laisser une totale carte blanche. Comédie, animation, horreur, merveilleux, expérimental, ultra réalisme… cet éclectisme n’est pas seulement rafraichissant, il témoigne surtout d’une manière très enthousiasmante d’appréhender le genre. Le fantastique n’est pas un registre en soi, mais bien un genre qui s’accommode de tous les registres.

Malgré cette variété, certains thèmes communs émergent. Si l’on croise plusieurs lesbiennes et plusieurs nazis, on s’étonne un peu plus d’une obsession récurrente pour les fluides corporels (et on ne parle pas de sang) ou la matière fécale. Pas toujours du bon coté du mauvais goût. Car ce qui distingue ABC’s of Death de ses concurrents c’est aussi une bonne d’ose d’humour, qu’il soit gras comme chez Noboru Iguchi (qui ne décevra pas ses fans) ou ironiquement macabre comme chez Ben Wheatley. Les réalisateurs asiatiques affichent une tendance à ne traiter leurs courts que comme de simples sketches, mais le résultat est souvent efficace et ils s’en tirent en tout cas mieux que les hispanophones qui, ici comme ailleurs, gagneraient à se prendre un peu mois au sérieux (même dans l’humour). Les courts les plus décevants sont justement ceux qui, sous couvert d’humour, s’empêtrent dans une vaine mise en abîme. Les auteurs des segments Q ou W (l’attribution arbitraire des lettres n’a visiblement pas fait que des heureux) donnent ainsi surtout l’impression de n’avoir rien à dire.

D’autres jouent le jeu mais se plantent tout autant. Seul film français, le court de Xavier Gens se voudrait quelque part entre le clip censuré de Prime Time Of Your Life de Daft Punk et le premier segment de Family Portraits de Douglas Buck, mais se trouve plombé par un humour pataud et hyper répétitif, pour un résultat immature et embarrassant. Déception plus inattendue : celle de Ti West, dont le film est tellement court qu’il ne propose guère plus qu’une pirouette de mauvais goût. Dommage de voir ce réalisateur, auteur d’excellents longs -métrages old shcool et classieux, se vautrer ainsi dans la pose ado (voire son pénible court dans VHS). Les bonnes surprises sont heureusement plus nombreuses que les déconvenues. Citons entre autres les courts à la fois hilarants et tendus de Marcel Sarmiento, Timo Tjahjanto ou Lee Hardcastle. Ce dernier, lauréat du concours pour réaliser le court correspondant à la lettre T, s’impose comme l’une des révélations de l’ensemble. Après son poussif Norwegian Ninja, Thomas Cappelen Malling montre qu’il est beaucoup plus à l’aise sur le format court, son sens de la parodie se trouvant allégé par une surprenante poésie en peluche. Mais la palme revient à deux réalisateurs pour le même film : les belges Hélène Cattet et Bruno Forzani confirment tout le bien qu’on avait pensé d’eux avec leur premier long, Amer. Sur un format plus court, leur film O is for orgasm est à la fois le plus ambitieux et le plus élégant de l’ensemble. Un impressionnant travail plastique et sonore, où les codes du giallo se retrouvent décuplés dans un kaléidoscope arty, pour un résultat d’une beauté rare.

par Gregory Coutaut

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