Terminator Genisys
États-Unis, 2015
De Alan Taylor
Scénario : Laeta Kalogridis, Patrick Lussier
Avec : Emilia Clarke, Arnold Schwarzenegger
Photo : Kramer Morgenthau
Musique : Lorne Balfe
Durée : 2h06
Sortie : 01/07/2015
Le leader de la résistance John Connor envoie le sergent Kyle Reese dans le passé pour protéger sa mère, Sarah Connor et préserver l'avenir de l’humanité. Des événements inattendus provoquent une fracture temporelle et Sarah et Kyle se retrouvent dans une nouvelle version du passé. Ils y découvrent un allié inattendu : le Guardian. Ensemble, ils doivent faire face à un nouvel ennemi. La menace a changé de visage.
TERMINATOR GÊNANCE
Si l'été 2015 a été inauguré par l'unanimement célébré Mad Max Fury Road, improbable exemple de suite tardive pertinente et de simili-reboot réussi, c'est le médiocre Jurassic World, autre quatrième épisode tardif d'une franchise, qui casse tous les records au box-office. Malheureusement, Terminator Genisys tient davantage de ce dernier et semble annoncer comme lui l'avènement d'une ère de relances de licences aussi paresseuses dans leur fan-service que dans leur réinterprétation de classiques pour un public néophyte. Ainsi le film d'Alan Taylor, déjà responsable du plus mauvais Marvel (Thor - Le Monde des Ténèbres), ignore lui aussi les épisodes peu aimés des aficionados de la saga et multiplie les références aux deux films de James Cameron, recyclant chaque réplique culte, chaque gag marquant, comme un bébé régurgite son lait maternel. Écrit par deux scénaristes au CV pas très glorieux, Patrick Lussier (Dracula 2001, Hell Driver) et Laeta Kalogridis (Pathfinder), Terminator Genisys se rêve relecture maligne de ses prédécesseurs mais celle-ci s'avère aussi intelligente que l'orthographe réinventée de son titre.
Ça commence comme des scènes coupées de Terminator avant de virer au remake de sa première demi-heure mais l'expérience n'est jamais ludique comme pouvaient l'être ce genre de scènes dans Retour vers le futur II, cité comme inspiration du pitch. En fait, on a surtout l'impression de voir un reboot horrible à la Halloween de Rob Zombie où tout est extrapolé et refait sans génie, en plus grossier. Sensation confirmée par la suite du récit qui copie Terminator 2 : Le Jugement dernier - et ce, bien plus vulgairement que Terminator : Le Soulèvement des machines - en faisant jouer les chaises musicales aux personnages (dans une vaine tentative d'inverser les rôles comme Cameron avait pu le faire) tout en proposant un film team-up où tous les personnages principaux de la série sont là (et avec plein de personnages inutiles comme ceux joués par J.K. Simmons et Matt Smith). Ainsi Sarah Connor devient-elle la gamine arrogante insupportable qu'était John, Kyle Reese devient le soldat méfiant qu'était Sarah envers le T-800 et John Connor devient le T-1000 (un twist que la promo a spoilé mais vu l'indigence du traitement, cela se comprend). Et la saga continue la surenchère en remplaçant le métal liquide par la nanotechnologie tout comme Skynet, analogue d'internet dans le troisième film, est désormais un OS. Le seul qui ne change pas, évidemment, c'est le T-800 aka Arnold lui-même. Meilleur acteur par défaut d'un film peuplé de comédiens miscasts, il joue son personnage culte à trois âges différents mais demeure tristement sous-exploité, tant dans l'action que dans la dramaturgie, qui rejoue la relation filiale Terminator/John du deuxième film, en plus bourrin. Et l'humour est toujours plus foireux.
Terminator Genisys échoue lamentablement là où des tentatives similaires comme le Star Trek d'Abrams ou X-Men : Days of Future Past ont réussi. Pourquoi? Parce que ces films suivaient un postulat simple, clair et surtout montré au spectateur. Ici, le scénario essaie d'être alambiqué et passe son temps à tout expliquer sauf le point le plus important : qui a renvoyé le T-800 en 1973 pour sauver Sarah? Est-ce un oubli? Est-ce gardé pour la suite (inutilement teasée dans le post-générique le plus bidon du monde)? Quoiqu'il en soit, c'est un choix exécrable et passe pour du foutage de gueule. Si le film n'est jamais honteux, il demeure un indéniable ratage. L'ambition d'une aventure SF pleine de paradoxes temporels est vaguement là et l'effort de composer des relations émouvantes entre les protagonistes se ressent mais les carences de talent devant et derrière la caméra sont, comme le Terminator, sans pitié. Crime de lèse-majesté estivale, Terminator Genisys est ennuyeux. Avare en action, le récit n'a de cesse de s'arrêter pour des scènes d'exposition bavardes, statiques et répétitives. On dira ce qu'on voudra du troisième film mais il était parcouru d'idées, inventif dans l'action et autrement plus respectueux de l'esprit de James Cameron que cette resucée avec son happy end qui ferait passer Terminator Renaissance pour un film pessimiste.