Teeth
États-Unis, 2008
De Mitchell Lichtenstein
Scénario : Mitchell Lichtenstein
Avec : Hale Appleman, Vivienne Benesch, Julia Garro, John Hensley, Josh Pais, Jess Weixler
Photo : Wolfgang Held
Musique : Robert Miller
Durée : 1h36
Sortie : 07/05/2008
Dawn est une adolescente qui essaie tant bien que mal de contenir sa sexualité naissante en étant l'une des membres les plus actives du club de chasteté de son lycée. Etrangère à son propre corps, la prude jeune fille découvre que son vagin a la particularité d'avoir des dents. Et ce que la jeune castratrice prenait d’abord pour une damnation va en fait s’avérer très vite être un pouvoir particulièrement incisif.
KILLER CONDOM
Dans les nombreuses cultures où apparaît le mythe du vagina dentata, l’histoire se déroule toujours à peu près de la même manière: un homme, c’est-à-dire le héros, doit conquérir une femme possédant ce vagin. Pour son premier essai filmique, Mitchell Lichtenstein inverse le principe du récit en faisant de la jeune femme l’héroïne, tirant ainsi le métrage vers un fantasme de revanche pour les femmes. Avec son pitch improbable mais fun, le réalisateur obtient une sorte de court métrage étiré et perfectible qui, même s’il ne va pas au bout de son délire amuse un tant soit peu en attaquant frontalement ce tabou d’un autre temps, qui pourtant pourrait trouver un certain écho dans la politique éducative américaine d’aujourd’hui. Armé de quelques métaphores et d’une caractérisation outrancière de ses personnages, Lichtenstein propose donc un film au principe assez proche de celui qui régit les films de super-héros. En effet, Dawn traverse d’abord une phase de déni et de peur éprouvée à l’encontre du pouvoir qu’elle possède entre les jambes, mais finit par accepter peu à peu l’idée de cette aptitude qui est désormais la sienne et qui va l’aider à grandir. Et cette allégorie des dents de l’amour devient le parcours initiatique qui va l’aider à découvrir les limites de sa conviction en l’abstinence tout en lui montrant qui elle est réellement. Car quand Dawn va utiliser son pouvoir sur de "méchants garçons" qui n’auront au bout du compte que ce qu’ils méritent, la belle libère enfin ses pulsions castratrices. Seulement, à trop chercher le symbole et le discours libéral, Lichtenstein perd aussi en force caustique et même si certaines séquences d’énucléation sont vraiment drôles (celle du gynécologue en est le meilleur exemple), on est loin d’obtenir un film sachant savamment mélanger son humour et son message. Entre les mains plus expérimentées d’un John Waters, le propos aurait été magnifié, le ton bien acidifié et l’humour serait sûrement devenu un peu plus provoc’ et corrosif.