Festival de Gérardmer: Tales From the Dark 1
Hong Kong, 2014
De Fruit Chan, Chi-Ngai Lee, Simon Yam
Durée : 1h54
Stolen Goods. Fraichement licencié, un homme décide à contrecoeur de dérober des urnes funéraires, espérant en tirer profit auprès des héritiers qui voudraient bien les réclamer. A World in the Palm. Une medium reçoit la visite d’une femme enceinte qui prétend être possédée par un esprit, et d’une adolescente suivie un filet d’eau. Elle réalise bientôt que la jeune fille s’est noyée quelques jours auparavant. Jing Zhe. Une chasseuse de vilain, l’équivalent en Chine des exorcistes, rencontre une belle jeune fille d’une vingtaine d’année qui la somme de jeter un sort sur quatre personnes. Le sort provoquera la mort et révélera un secret insoutenable …
CONTES MORAUX
À première vue, les trois histoires qui composent ce Tales from the Dark n'ont pas l'air de provenir, malgré ce titre, des profondeurs des ténèbres. Non pas que le fantastique n'y soit pas présent mais ces récits se présentent tout d'abord sous des aspects des plus réalistes. Difficulté du marché du travail, injustice sociale, quotidien bouillonnant de la rue... C'est à travers une peinture réaliste de la vie hongkongaise qui s'insinue le surnaturel. Chaque récit utilise des métaphores sociales pour transformer ces histoires de fantômes en contes moraux, où les esprits viennent punir les vivants pour leurs fautes très concrètes. Un employé poussé au vol pour pouvoir faire face à l'augmentation de son loyer, un prof de sport ayant mis enceinte l'une de ses élèves, vieille chaman spécialisée dans les rituels̀ punitifs... Chaque protagoniste a des raisons d'agir comme il le fait, et les récits sont à chaque fois suffisamment nuancés pour nous le faire comprendre, mais ils sont aussi suffisamment généreux en mauvais esprit cruel pour les punir malgré tout.
Chaque court possède ses qualités propres: richesse d'un bestiaire fantastique pour le premier, où poupées, petites filles fantômes et esprits maladifs se côtoient parmi les buildings. Le deuxième, une comédie farfelue, offre des personnages plutôt émouvants et décalés d'apprenti-experts qui jouent aux détectives de poche. Celui de Fruit Chan qui clôt l'omnibus témoigne d'une mise en scène au talent rare pour capter l'énergie permanente et chaotique des ruelles de la ville qui semble ne jamais s'endormir. Sous sa caméra, vivants et morts se battent pour leur coin de trottoir et leur place au soleil. Une conclusion là aussi plus amère et sérieuse que l'on aurait pu croire.