Take Shelter
États-Unis, 2011
De Jeff Nichols
Scénario : Jeff Nichols
Avec : Michael Shannon
Photo : Adam Stone
Musique : David Wingo
Durée : 1h56
Sortie : 04/01/2012
Curtis La Forche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d'une tornade l'obsède. Des visions apocalyptiques envahissent peu à peu son esprit. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l'incompréhension de ses proches. Rien ne peut en effet vaincre la terreur qui l'habite...
COMME UN OURAGAN
Etat des lieux du cinéma indépendant américain à Cannes : 2e partie. Si Martha Marcy May Marlene partait d’une base classique pour trouver peu à peu sa propre voie, Take Shelter part d’un principe différent mais tout aussi classique, et sans en dévier d’un pouce. Soit donc un personnage principal avec une particularité hors-normes ou un problème bigger than life, c'est-à-dire l’une des recettes les plus basiques de la marque Sundance dans ce qu’elle peut avoir de plus systématique. Ici, le personnage principal est obsédé jusqu’à la folie par l’éventuelle tempête qui pourrait tomber sur le coin de la tête de sa famille. Et passé ce postulat certes attrayant mais à l’épaisseur d’un pitch post-it, le film ne propose plus grand-chose, se repose sur son unique idée, et ce qui aurait pu faire un bon court-métrage se retrouve étalé en mode meublage sur la durée d’un long. De même que les ouragans craints par Curtis sont tous imaginaires, il n’y a aucun événement marquant dans le déroulement du récit.
En revanche, le bon coté de Take Shelter c’est évidemment Michael Shannon, qu’on retrouve une fois de plus dans un rôle de fou, tout comme chez Friedkin, Mendes ou Herzog (en joue-t-il légalement un dans Return, son autre film cannois présenté à la Quinzaine ?). Même un peu en sous-régime par rapport à ses impressionnants antécédents, il est ici impeccable. On ne peut pas en dire autant de sa partenaire de jeu, Jessica Chastain, qui enchaîne les clichés de surjeu américain contemporain (ruptures de ton très calculées, omniprésence des mains…). Pas de quoi faire oublier la torpeur du film et le rendre à la hauteur de ses promesses. Quant à une éventuelle interprétation politique de cette histoire de champ de bataille imaginaire mené par un paranoïaque, elle serait tellement tirée par les cheveux qu’il serait difficile d’y voir autre chose qu’une sonnette d’alarme tirée dans la panique pour tenter de projeter de la tension dans un film qui en manque trop.