Super 8

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Super 8
États-Unis, 2010
De J.J. Abrams
Scénario : J.J. Abrams
Avec : Gabriel Basso, Kyle Chandler, Joel Courtney, Ron Eldard, Noah Emmerich, Elle Fanning, Riley Griffiths, Ryan Lee, Zach Mills
Photo : Larry Fong
Musique : Michael Giacchino
Durée : 1h52
Sortie : 03/08/2011
Note FilmDeCulte : ****--
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Eté 1979, une petite ville de l'Ohio. Alors qu'ils tournent un film en super 8, un groupe d'adolescents est témoin d'une spectaculaire catastrophe ferroviaire. Ils vont vite comprendre qu'il ne s'agit pas d'un accident. Dans leur bourgade, des phénomènes étranges et d'inexplicables disparitions se multiplient. La police tente de découvrir la vérité. Les adolescents aussi. Personne ne peut imaginer ce qui est en train de se jouer.

MISSION IMPOSSIBLE

Flashback, début de l'été 2010. Un teaser sorti de nulle part. Un spot rempli de mystère pour un projet ultra secret dont personne n'avait entendu parler. Puis soudain, deux noms: Spielberg et Abrams, l'un culte, l'autre en devenir, réunis sous la même bannière pour un dessein qui fleure bon l'association de bienfaiteurs. Quand on est un enfant de la génération "entertainment" et que l'on aime assembler les termes cinéma et pop-corn, une telle collaboration tient du rêve éveillé, du quasi fantasme ultime. Car associer celui qui fût le roi du genre il y a 25 ans avec celui qui en l'espace de deux films et d'une grosse carrière télévisuelle à su se révéler comme son digne successeur, a de quoi faire espérer une pelloche comme on n'en avait pas vu depuis les années 80 et le règne d'un Hollywood pas encore gangrené par des producteurs banquiers. Et depuis ce premier teaser, le buzz n'a jamais cessé de monter, et toujours grâce à une formule dont Abrams maîtrise les moindres aspects: celle de l'information distillée au compte-goutte mais entretenant toujours le secret et le mystère. Puis, au détour de quelques nouvelles images offertes aux spectateurs au fur et à mesure de l’année, on a pu anticiper l'univers, un retour au cinéma de divertissement de la fin 70 / début 80 qui rappelait fortement des productions comme Rencontres du 3e type, Explorers, E.T ou encore Les Goonies. On le sait, le réalisateur de M:I-3 n'a jamais caché son amour et sa "filiation" pour l'œuvre du père des Dents de la mer, et leur liaison était donc plus que logique. Et avec une telle communion, ne restait plus à l’infernal tandem qu’à aller au bout de cette aventure que l'on envisageait passionnante et osée puisque l'on découvrit assez vite que l'histoire de Super 8 ne serait ni une adaptation, ni tiré d'une licence, ni une suite, etc, mais juste une histoire originale de science-fiction et d'aventures contée par deux des plus grands divertisseurs vivants. Le meilleur des deux mondes en quelque sorte.

ABRAMS CADABRA

De nos jours, début de l’été 2011. En spectateurs plus qu'alléchés, nous prenons place dans les fauteuils du cinéma le plus proche. Les bandes-annonces et autres publicités sont passées, nous sommes à quelques instant du magique. La lumière s’éteint et là le logo Amblin apparaît, nos yeux se teintent de 1000 étoiles, on retrouve son cartable, sa coupe au bol, et la présence de l'accompagnateur fétiche se fait sentir à nos côtés. Nous sommes en route pour un retour vers le passé, prêts pour l’aventure ultime que chaque enfant rêveur se promet de vivre une fois dans sa vie. Et première constatation, à l’instar du formidable Rare exports, l’ensemble est très premier degré et jamais cynique. Ici, Abrams n’a rien laissé au hasard. Sa reconstitution, il l'a voulue fidèle et chacun des éléments, depuis la direction artistique jusqu'à l’atmosphère globale en passant par la thématique fantastique confrontant les peurs de l’imaginaire à celles de la réalité, un nombre conséquent d’images iconiques alliées à une mise en scène qui a tout compris et bien évidemment une quantité d’hommages/emprunts directs ou indirects aux Dents de la mer (le shérif dépassé par les événements dans une ville qui ne prends pas tout de suite conscience de la réalité), à Jurassic park (l’attaque du bus) ou même à E.T (les gamins roulant à vélo) et à une direction d’acteur irréprochable, respire la décennie bénie, ce genre de métrage où l’on passe sans mal du rire à l’émerveillement puis à la peur et qui possède tous les atouts pour laisser une marque indélébile dans le souvenir du nostalgique et/ou de l’enfant qui le regarde.

RENCONTRE D'UN NOUVEAU TYPE

Mais c’est exactement là ou l’on s’aperçoit aussi des limites de l’entreprise. Car même si on le savait déjà, on a ici la preuve irréfutable de l’enfant Abrams abreuvé des images de tonton Spielberg mais qui n’a toujours pas fini de les digérer. Un peu comme si le fanboy J.J. développait le complexe du petit garçon bloqué dans l'ombre de son père qu’il n’a pas réussi à dépasser ou du moins à égaler. Parce que Super 8, malgré toutes ses bonnes intentions, et on le répète sa formidable reconstitution, est un film qui essaye de faire du divertissement « à l’ancienne », qui se rêverait produit des années 80 et futur film culte d’une génération, et qui arrive même à le toucher du bout du doigt à de nombreuses reprises, mais qui malheureusement n’en atteint jamais entièrement la grâce, un peu comme si la naïveté et la fraicheur de l’époque n’avait pu/su se réinventer et s’insérer correctement dans ce projet un poil trop conscient de lui-même, et fatalement trop maitrisé. Doit-on pour autant lui en tenir rigueur ? Certes non, le film étant suffisamment ambitieux, honnête et fait avec cœur et passion. Et puis le spectacle et le divertissement sont bel et bien là même si l’ensemble est parfois un peu trop sur des rails, Abrams assurant le show comme personne. C’est donc officiel, Super 8 est un cadeau fait pour d’anciens enfants devenus aujourd'hui adultes et qui ne demandent qu’à se replonger dans leurs baskets et dans leur insouciance rêveuse, l’espace d’un film, le temps d’une histoire que seuls les meilleurs conteurs savent nous raconter.

par Christophe Chenallet

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