Sleeping Beauty interdit aux -16 ans: la polémique enfle

On apprenait il y a quelques jours que Sleeping Beauty, présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, allait peut-être tomber sous le coup d'une interdiction aux moins de 16 ans. La polémique, elle, continue d'enfler...

Présenté au Festival de Cannes, Sleeping Beauty est le premier long métrage de l'écrivaine australienne Julia Leigh. Le film, qui sort en salles le 16 novembre, raconte l'histoire d'une jeune étudiante qui a besoin d’argent et qui, suite à une petite annonce, intègre un étrange réseau de beautés endormies. Des hommes âgés la paient pour passer la nuit auprès d'elle. Elle se réveille chaque matin sans souvenir de la nuit passée. Selon un communiqué de presse de l'ARP Sélection, qui distribue le film, les membres de la commission de classification des œuvres cinématographiques ont proposé d’interdire le film aux moins de 16 ans pour les raisons suivantes: "Incitation à la prostitution, climat malsain et pervers". C'est à nos yeux la manifestation de bêtise la plus flagrante depuis le fameux prix "anti-œcuménique" remis par Radu Mihaileanu à Lars Von Trier pour Antichrist. Cette décision combine une incompréhension évidente du contenu du film et une arrogante tentative de réduire un scénario complexe à un propos scabreux.

Le communiqué précise que le film a été présenté à Cannes à la séance de 19h30, sans avertissement particulier. La réalisatrice Julia Leigh est revenue sur cette interdiction: "Selon moi, s'il y avait un film incitant à la prostitution qu'il aurait fallu interdire à des mineurs, c'était Pretty Woman car l'héroïne, jouée par Julia Roberts, se prostitue et à la fin du film, elle gagne le cœur de Richard Gere ainsi que sa fortune, dressant un portrait idyllique et mensonger de la prostitution. Sleeping Beauty se réfère au conte du même nom, mais aussi aux œuvres de Yasunari Kawabata et Gabriel Garcia Marquez, qui ont tous deux reçu le Prix Nobel de littérature, et qui ont abordé cette thématique des hommes âgés dormant avec des filles bien plus jeunes. Et même dans la Bible, le Roi David cherche à passer la nuit aux côtés de jeunes vierges." La presse et les associations se mobilisent face à cette censure, un terme qui ne nous semble pas disproportionné pour qualifier cette proposition d'interdiction.