Sicario
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États-Unis, 2015
De Denis Villeneuve
Avec : Emily Blunt, Josh Brolin, Benicio Del Toro
Durée : 2h01
Sortie : 07/10/2015
Après avoir fait une horrible découverte dans la planque d'un cartel, l'agent spécial Kate Macy se porte volontaire pour intégrer une équipe internationale qui doit s'attaquer au baron de la drogue responsable des meurtres. Sa première mission l'envoie dans la ville de Ciudad Juarez, à la frontière mexicaine, là où sévissent les gangs, pour un transfert de prisonniers de routine. Mais le convoi tombe dans une embuscade parfaitement planifiée, et, prise dans la fusillade, Kate ne survit que grâce à l'aide d'un combattant aguerri, Alejandro, un mystérieux agent que seule une vengeance semble motiver.
SEULE CONTRE LA DROGUE
Fair Game, Cogan : Killing Them Softly, Des hommes sans loi... les thrillers/polars américains à stars aussi vite vus qu'oubliés sont devenus des éléments récurrents des récentes compétitions cannoises. Hélas, malgré la hype (à notre yeux disproportionnée) dont jouit le régulièrement lourdingue Denis Villeneuve, Sicario ne s'élève pas beaucoup plus haut. Après un début cash, particulièrement sombre, macabre et efficace, Sicario s'oriente vers un suspens cocotte-minute, avec une tension lancinante transpercée de quelques éclats de violence. A vrai dire, cette tension souvent anti-spectaculaire, cette héroïne dans un monde d'hommes, cette traque acharnée d'une ombre insaisissable : Sicario rappelle largement Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow. Alors qu'il était assez régulièrement affirmé à l'époque de ce film que Bigelow n'avait gagné un Oscar pour Démineurs que parce qu'elle était une femme, et qu'elle ne méritait pas d'être à nouveau nommée pour ZDT, Sicario vient rappeller le talent de la réalisatrice américaine. La filature de nuit dans Sicario ressemble à une citation de celle finale, extraordinaire moment de cinéma, dans Zero Dark Thirty. Une citation naine qui ne tient pas la comparaison.
Par ailleurs, on plaint Denis Villeneuve contraint par son scénariste à filmer une héroïne dont il n'a semble t-il rien à faire. Kate, incarnée par Emily Blunt, ne fait globalement rien, subit, est empêchée, et affiche d'un bout à l'autre la même mine contrite. Villeneuve semble définitivement plus à l'aise pour filmer Hugh Jackman pousser d'énormes groar en cognant contre les murs dans Prisoners. La comparaison avec l'héroïne de Bigelow et du scénariste Mark Boal est là encore sans pitié. Bigelow parvenait, à travers le personnage complexe de Maya (Jessica Chastain), à un féminisme progressiste sans jamais avoir l'allure d'une thèse. Kate est un robot, les hommes se tirent dessus, le divertissement prend de temps à autres dans Sicario mais le film reste globalement trop standard pour marquer.
