Sherlock Holmes - Jeu d'ombres
Sherlock Holmes: A Game of Shadows
États-Unis, 2011
De Guy Ritchie
Scénario : Kieran Mulroney, Michele Mulroney
Avec : Robert Downey Jr, Jude Law, Noomi Rapace
Photo : Philippe Rousselot
Musique : Hans Zimmer
Durée : 2h09
Sortie : 25/01/2012
Sherlock Holmes a toujours été réputé pour être l'homme à l'esprit le plus affûté de son époque. Jusqu'au jour où le redoutable professeur James Moriarty, criminel d'une puissance intellectuelle comparable à celle du célèbre détective, fait son entrée en scène… Il a même sans doute un net avantage sur Holmes car il met non seulement son intelligence au service de noirs desseins, mais il est totalement dépourvu de sens moral. Partout dans le monde, la presse s'enflamme : on apprend ainsi qu'en Inde un magnat du coton est ruiné par un scandale, ou qu'en Chine un trafiquant d'opium est décédé, en apparence, d'une overdose, ou encore que des attentats se sont produits à Strasbourg et à Vienne et qu'aux Etats-Unis, un baron de l'acier vient de mourir… Personne ne voit le lien entre ces événements qui semblent sans rapport, hormis le grand Sherlock Holmes qui y discerne la même volonté maléfique de semer la mort et la destruction. Et ces crimes portent tous la marque du sinistre Moriarty. Tandis que leur enquête les mène en France, en Allemagne et en Suisse, Holmes et Watson prennent de plus en plus de risques. Mais Moriarty a systématiquement un coup d'avance et semble tout près d'atteindre son objectif. S'il y parvient, non seulement sa fortune et son pouvoir seront sans limite, mais le cours de l'Histoire pourrait bien en être changé à jamais…
HOLMES. SHERLOCK HOLMES.
Deux ans après avoir remis au goût du jour l'illustre héros d'Arthur Conan Doyle, Guy Ritchie et Joel Silver reviennent avec un deuxième épisode respectant scrupuleusement le cahier des charges imposé par une suite en proposant une surenchère de tous les instants. Dans l'action, dans la comédie, dans le décor, tout est démultiplié. Autant pourra-t-on apprécier l'approche jamesbondienne de cette suite - qui voit son récit s'étaler sur plusieurs pays, à la poursuite d'un méchant mégalomane au plan similaire à celui de bien des némesis de 007 - autant l'on préférait la démarche adoptée sur le premier film, plus simple et du coup, davantage appropriée à l'univers du personnage. En effet, le plus passionnant chez Sherlock Holmes, c'est plutôt l'enquête, l'investigation, les déductions, le jeu de piste. Un aspect qui semble fonctionner davantage sur un canevas moins large. Toutefois, cette dimension ajoutée est loin d'être désagréable mais ce que le film gagne en ampleur, il perd un peu en ludisme.
Fort heureusement, si l'écriture pèche un peu concernant l'intrigue en elle-même, elle redouble d'inventivité pour le reste. Par conséquent, les scènes d'action sont plus nombreuses, s'articulant parfois même autour d'un léger concept (cf. le passage au début où Holmes combat un adversaire qu'il tient par une corde, ou toute la séquence dans le train), et il en va de même pour les touches d'humour, poussant à leur paroxysme les sous-entendus gays entre Holmes et Watson (sans tomber dans le gras non plus). A ce niveau-là, le duo cartonne toujours autant, et l'on se réjouit une fois de plus de voir un blockbuster aimer de la sorte ses protagonistes, leur laisser le temps d'exister. Et c'est aussi pourquoi il est dommage que le personnage de Noomi Rapace soit si faible. Ne se reposant pas sur ses lauriers, Ritchie reprend son idée de mise en scène du premier - Holmes prévoyant au ralenti la manière dont il va neutraliser un adversaire - pour mieux en jouer cette fois-ci (une version condensée pour la premier combat, une version avortée pour le deuxième, et une version télépathique géniale pour le dernier), culminant évidemment avec la scène dans les bois qui rappelle un peu la technique des alternances de vitesse de Zack Snyder sur 300 mais avec plein de petites fioritures supplémentaires dans la séquence, notamment la caméra accrochée à un acteur ou un objet, comme dans certaines de ses précédentes œuvres (son court métrage BMW, intitulé Star ou encore RocknRolla). On retrouve ce dynamisme et cette recherche de l'angle inédit que le cinéaste rapporte donc de ses films de gangsters modernes pour rafraîchir un genre et une période qui ne s'y prêtaient pas a priori. Une fois de plus, le défi est réussi.