Festival Kinotayo: Seventh Code
Japon, 2013
De Kiyoshi Kurosawa
Scénario : Kiyoshi Kurosawa
Avec : Atsuko Maeda
Durée : 1h00
Akiko voyage jusqu'à Vladivostok pour retrouver Matsunaga, qu'elle est incapable d'oublier depuis leur rencontre à Tokyo. Mais Matsunaga ne se souvient pas d'elle. Lorsque Matsunaga disparaît, Akiko se lance à nouveau à sa recherche. Prise à partie par la mafia, Akiko se retrouve totalement seule...
CODE INCONNU
Lorsqu'Akiko, héroïne de Seventh Code, est larguée dans des ruines industrielles au début du long métrage, on se croirait revenu à l'ouverture impressionnante de Rétribution, dans laquelle une jeune femme est agressée tandis que se dresse derrière elle un décor lugubre et similaire. Mais vous pouvez lâcher tout de suite votre petit lexique du Kiyoshi Kurosawa illustré: Seventh Code est bien plus étonnant que ça. Ce projet hors normes suit d'autres projets surprenants de la part du cinéaste qui, après l'accueil critique très chaleureux réservé à Tokyo Sonata, n'a plus réalisé pendant 4 ans, et a enchainé ensuite une série télévisée (Shokuzai) et une grosse production de SF (Real). Kurosawa a essentiellement œuvré dans le cinéma de genre, et volontiers dans le cinéma d'horreur. Mais sa personnalité d'auteur peut s'exprimer partout, des pinku eiga détournés réalisés dans sa jeunesse aux thrillers, films fantastiques et drames de ces dernières années. Par "partout", on entend aussi quel que soit le support, cinéma ou télévision - voir, avant Shokuzai, les téléfilms Door III ou Séance.
Seventh Code est lui une extension d'un clip (!) de la chanteuse devenue actrice Atsuko Maeda. Une commande donc, à la durée inhabituelle (60 minutes), tournée hors du Japon (à Vladivostok). Une serveuse chinoise, camarade de l'héroïne, se demande elle-même comment elle a pu atterrir dans ce no man's land. Mais, contrairement à d'autres films de Kurosawa où les personnages en crise d'identité se demandent ce qu'ils font là et ne savent pas eux-mêmes qui ils sont, Seventh Code n'est pas particulièrement fantomatique. Lorsqu'Akiko retrouve l'homme qu'elle cherche, ses explications sont concrètes. Seventh Code verse davantage, peu à peu, dans le suspens voire le film d'espionnage. Mais après une première moitié pas nécessairement palpitante, visuellement très belle (mais on attend, d'un cinéaste de la trempe de Kurosawa, autre chose que du simple "très beau"), Seventh Code part en un réjouissant aquaplaning qu'on n'avait pas vu venir.
Akiko galope et on avoue avoir du mal à vraiment suivre sa course. La faute en partie à Maeda, déjà subie dans The Complex, et pour le moment pas passionnante. Mais on sent que Kurosawa a envie de s'amuser. Le décrochage kung-fu est le premier coup de taser dans ce film qui menaçait de ronronner - la scène cueille, et frappe par son efficacité. Le réalisateur ne semble pas se cacher de l'argument cheesy de l'intrigue, avec ses bidouillettes nucléaires et ses hommes mystérieux en costumes noirs, au bord de la parodie. Puis on se met à chanter, puisqu'à la base on était là pour ça. Kurosawa ne va pas jusqu'à l'outrance de Rock Aliens, le nanar culte avec Pia Zadora qui s'ouvrait par le clip de When the Rain Begins to Fall en intégralité avant de reprendre le cours de l'intrigue - mais presque. Lors d'une fin superbement mise en scène, purement à la Kurosawa, le film révèle son véritable visage avec un vrai-faux gag qui pourrait voir dans un épisode de Bip-Bip et le Coyote. Il y a effectivement de quoi être surpris.