Scaphandre et le papillon (Le)
France, 2007
De Julian Schnabel
Scénario : Ronald Harwood d'après le livre de Jean-Dominique Bauby
Avec : Mathieu Amalric, Niels Arestrup, Jean-Pierre Cassel, Patrick Chesnais, Anne Consigny, Marie-Josée Croze, Marina Hands, Emmanuelle Seigner
Photo : Janusz Kaminski
Musique : Paul Cantelon
Durée : 1h52
Sortie : 23/05/2007
FESTIVAL DE CANNES 2007 - Le 8 décembre 1995, un accident vasculaire brutal a plongé Jean-Dominique Bauby, journaliste et père de deux enfants, dans un coma profond. Quand il en sortit, toutes ses fonctions motrices étaient détériorées. Atteint de ce que la médecine appelle le "locked-in syndrome", il ne pouvait plus bouger, parler ni même respirer sans assistance. Dans ce corps inerte, seul un oeil bouge. Cet oeil devient son lien avec le monde, avec les autres, avec la vie. Il cligne une fois pour dire "oui", deux fois pour dire "non". Avec son oeil, il arrête l'attention de son visiteur sur les lettres de l'alphabet qu'on lui dicte et forme des mots, des phrases, des pages entières... Avec son oeil, il écrit ce livre, Le Scaphandre et le papillon, dont chaque matin pendant des semaines, il a mémorisé les phrases avant de les dicter...
L’ADIEU A LA VIE
C’était prévisible, de la même façon que Le Scaphandre et le papillon, le livre, n’est pas formidablement écrit, Le Scaphandre et le papillon, le film, n’est pas franchement intéressant. Ça se traîne, ça se regarde jouer, ça se regarde, un peu, filmer. Mais, il se trouve que derrière la caméra, il y a un réalisateur, discret au point de nous faire oublier qu’il est l’un des plus talentueux de ces dernières années, qui sauve le film de la noyade. L’enfermement, qu’il soit lié à une dépendance (la drogue dans Basquiat) ou politique (le régime cubain dans Avant la nuit), intéresse Schnabel depuis toujours. Le voir aujourd’hui mettre à l’écran l’histoire de cet homme enfermé dans son propre corps via le Locked-In Syndrome, qui s’envole grâce à l’écriture, n’est guère surprenant tant le thème lui est familier. Et durant la première demi-heure du film, entièrement en caméra subjective, on y croit. Misant sur l’attente, sur la révélation progressive du visage de Mathieu Amalric (fabuleux), un peu à la manière d’un Lynch dans Elephant Man, Schnabel parvient à pénétrer l’inconscient du personnage, à livrer ses craintes, ses angoisses, à nous faire partager des moments qu’on imagine insoutenables, tels celui où il se fait coudre les paupières. Rarement la caméra subjective aura été aussi bien utilisée, jusque dans le flou (les larmes) ou dans les fondus au noir (les battements de paupières). Malheureusement, de film expérimental, Le Scaphandre et le papillon bascule dans un classicisme regrettable, bien que constamment émouvant. Difficile de rester insensible devant le visage de cet enfant en larmes, qui nettoie la salive qui coule sur les lèvres de son père immobilisé. Deux films en un, deux films réussis qui cohabitent mal tant ils appartiennent à des genres différents, mais qui prouvent l’éclatante santé d’un cinéaste qui, peu à peu, approfondit son œuvre. Le Scaphandre et le papillon est sans doute le moins bon film de Schnabel, mais il appartient corps et âme à son réalisateur.
En savoir plus
Que faire à partir d’un livre moyen dont le personnage principal est totalement immobilisé, à l’exception de son œil, dans un fauteuil? C’est bien la question qui s'est posée à l’annonce du tournage du nouveau film de Schnabel, ancien proche de la Warhol’s Factory, qu’il a d’ailleurs mise en images dans son premier film (Basquiat). Edité en 1997, le livre de Jean-Dominique Baudis avait permis au grand public de découvrir cette maladie nommée locked-in syndrome, plus de trente ans après que le premier cas a été détecté par les médecins. Le film rencontrera-t-il le même succès que son modèle (plus de 300.000 exemplaires vendus)? Schnabel, dont le talent de photographe et de cinéaste est plus que confirmé, s’est en tout cas entouré d’un casting énorme regroupant Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Jean-Pierre Cassel, Patrick Chesnais, Marina Hands, Emma de Caunes, Max Von Sydow, et du directeur de la photographie Janusz Kaminski, habitué des productions Spielberg.