Sausage Party
Sausage Party
États-Unis, 2016
De Conrad Vernon
Scénario : Evan Goldberg, Seth Rogen
Avec : Michael Cera, Jonah Hill, Seth Rogen, Kristen Wiig
Musique : Christopher Lennertz, Alan Menken
Durée : 1h29
Sortie : 30/11/2016
Une petite saucisse s'embarque dans une dangereuse quête pour découvrir les origines de son existence...
CECI EST MON CORPS
Plus tôt cette année, les nouveaux venus d'Illumination (la licence Moi, moche et méchant/Minions) ont continué de se spécialiser dans la médiocrité avec Comme des bêtes et son pitch aisément résumable à "Toy Story avec des animaux". L'inénarrable Sausage Party, premier film d'animation écrit et produit par le tandem Seth Rogen & Evan Goldberg, chantres de la stoner comedy plus ou moins réussie (Superbad, Délire Express, Green Hornet, Voisins du 3e type, C'est la fin, L'Interview qui tue, Nos pires voisins 2), part d'un postulat similaire, substituant les aliments (et, plus largement, les objets) aux jouets ou au animaux. Mais là où le film pour enfants à 850 millions de dollars de recettes dans le monde se contente d'illustrer "ce qu'ils font lorsque les humains ont le dos tourné hihi" de la manière la plus convenue possible, l'incroyablement transgressif Sausage Party se distingue non seulement par son parti-pris humoristique trash et une inventivité digne d'un Pixar mais également par le biais d'un propos athée (et même pansexuel) inattendu.
Si l’on dénote plein de jeux de mots et de gags visuels ou auditifs, le ressort comique n°1 reste le sexe et bien que les auteurs puissent paraître un peu monomaniaques à la longue, l’abattage de vannes gagne le spectateur par son jusqu’au boutisme outrancier. Néanmoins, derrière les innombrables blagues de cul du film se cache une allégorie qui pourrait rivaliser avec ses illustres modèles de chez Lasseter. Ainsi les différents rayons du supermarché se font tour à tour pays en guerre ou ghettos où l'on enferme les minorités et tout le récit suit un protagoniste en quête de vérité, remettant en question les croyances selon lesquelles les habitants de ce petit monde vivent leur vie. À ce niveau, ce n'est même plus du sous-texte, c'est carrément le texte. Et ce discours est le bienvenu. Non seulement parce qu'il incarne et donc renforce la comédie hilarante mais au potentiel lourdaud d'un Rogen & Goldberg jusqu'ici sur le déclin, mais aussi parce qu'il démontre, après South Park ou même La Grande aventure Lego, qu'un film d'animation grand public - ils ont été chercher le réalisateur de Shrek 2, Monstres contre Aliens et Madagascar 3 ainsi qu'Alan Menken, compositeur des chansons les plus connues de Disney - peut être subversif.