Sarah préfère la course

Sarah préfère la course
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Sarah préfère la course
Canada, 2013
De Chloé Robichaud
Scénario : Chloé Robichaud
Durée : 1h34
Sortie : 07/05/2014
Note FilmDeCulte : ****--
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Sarah est une jeune athlète de course de demi-fond. Sa vie bascule lorsqu'on lui offre une place dans le meilleur club d'athlétisme universitaire de la province à Montréal, loin de sa banlieue natale de Québec. Sarah ne bénéficie pas du soutien financier de sa mère pour se lancer dans l'aventure. Celle-ci s'inquiète surtout des conséquences d'un tel changement sur la santé et la vie de sa fille. Déterminée, Sarah quitte tout de même pour la ville, en compagnie de son ami Antoine. Les deux, naïfs, s'épouseront, question de toucher de meilleurs prêts et bourses du gouvernement. Le mariage ne sera pas ce qu'ils espéraient, du haut de leurs 20 ans... Elle ne veut faire de mal à personne par ses choix mais malheureusement, Sarah préfère la course.

MARCHE OU CRÈVE

Une jeune fille à qui l’on reproche son manque de féminité trouve son épanouissement dans l’effort sportif, en l’occurrence la course à pied. On a l’impression de déjà connaître cette histoire avant même de la voir se dérouler, et face à Sarah préfère la course, on a parfois le sentiment de retrouver le cadre familier du film sur l’ado-différent(e). Mais à l’intérieur de ces balises, Chloé Robichaud démontre un penchant rafraichissant pour les tangentes et les détours. C’est dans les détails que son film trouve sa personnalité propre et ses meilleures idées. Certaines scènes sentent un peu trop le déjà-vu pour emporter la mise : ces disputes avec une mère un peu larguée ou avec cet ami qui drague Sarah de manière un peu lourde font trop office de figures imposées pour cette coming of age story. Et pourtant il y a dès le départ une ambivalence dans le sort réservé à l’héroïne. Alors que son rêve de continuer à courir se concrétise peu à peu, ce nouveau départ se fait sur un ton désabusé, comme si c’était déjà le début de la fin. « Plus on vieillit, moins on court vite » lui assène sa coach, tandis que dans une scène précédente, le visage de Sarah est devenu soudainement flou.

Personne ne semble vraiment comprendre Sarah, et elle a elle-même bien du mal à expliquer ses choix à qui les lui demande (la scène d’interview est peut-être celle où la comédienne, Sophie Desmarais, est la meilleure). Comme si la route qu’elle suivait était faite de zigzags qu’elle seule savait anticiper. Chloé Robichaud fait de même dans son scénario, qui lance certaines pistes pour les laisser élégamment en suspens. C’est notamment le cas du traitement très subtil de la sexualité de Sarah. Thématique d’abord sous-entendue en mini-pointillés, puis mise de côté sans l’avoir surlignée de manière redondante. L’idée est là, mais ce n’est ni le sujet du film ni un enjeu particulier. Cette manière de déjouer les attentes en n’en faisant qu’un détail parmi d’autres est sans doute la trouvaille la plus pertinente de ce premier long-métrage pas aussi classique qu’il n’y parait. Sarah est peut-être lesbienne, Sarah est peut-être malade... Sarah est beaucoup de choses mais aucun de ces éléments (et surtout pas sa sexualité donc) ne la définit dans son intégralité. Bien vu. Sarah s’en fout, elle préfère laisser le peloton derrière elle et avancer bille en tête.

par Gregory Coutaut

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