Les Nouveaux sauvages
Relatos Salvajes
Argentine, 2014
De Damián Szifron
Scénario : Damián Szifron
Durée : 1h55
Sortie : 14/01/2015
Vulnérables face à une réalité trouble et imprévisible, les personnages de Relatos salvajes, traversent la frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amoureuse, le retour du passé, une tragédie ou même la violence d’un détail du quotidien sont les détonateurs qui poussent ces personnages vers le vertige que procure la sensation de perdre les étriers, vers l’indéniable plaisir de perdre le contrôle.
LES NOUVEAUX BEAUFS
Ne croyez plus jamais ceux qui vous diront, pour expliquer l'accueil glacial de certaines comédies françaises, que la critique ne sait pas ou n'aime pas rire. Le public de la séance presse de Les Nouveaux sauvages se choucroutait assez régulièrement de rire (surtout dans la première moitié du film) lors de gags apparemment impayables comme celui-ci: un homme est mis en garde à vue; son ami l'accueille à sa sortie par un "Ils t'ont pas violé j'espère !". Que les Grosses Têtes commencent...
Quatrième long métrage de l'Argentin Damian Szifron, Les Nouveaux sauvages était l'une des surprises en compétition lors de l'annonce de la sélection. Aujourd'hui, on se demande encore comment ce navet tout gras a pu se glisser jusque dans la catégorie reine qu'on refuse parfois à des films cent fois supérieurs (suivez notre regard) pour des raisons x ou y. Il y aurait un film passionnant à faire (ou en tout cas assez drôle) autour de tous ces cinéastes à qui on a dit non: leur montrer Les Nouveaux sauvages (à qui on a dit oui), et filmer leur réaction. Filmer leur réaction face à ce premier sketch (le film est composé d'une dizaine de petits films séparés) qui ressemble à une parodie des Amants passagers (la comédie déjà pas fameuse de Pedro Almodovar, producteur ici) et qui évoque l'humour catastrophique des séries ringardes type Nos chers voisins.
Un bâton pour se faire battre: l'un des personnages, un critique, défend le fait d'avoir détruit la motivation d'un apprenti musicien afin de protéger les oreilles du monde. Personne ne nous a protégés de ces Nouveaux sauvages. De son humour ringard, de son esthétique publicitaire et ses quelques tics de mise en scène qui ne veulent rien dire, de sa beauferie permanente. "La société ne changera pas", entend-on de la bouche d'un personnage enragé, invitant un semblant de propos dans ce méchant jeu de massacre. Mais le long métrage est tellement bête que tout ce qu'il a à dire se retourne contre lui. Un sketch de fête de mariage qui tourne mal (vous avez lu ceci, vous avez déjà tout vu) est tellement laid et vulgaire qu'on dirait une scène coupée de la fête qui ouvre le dernier Paolo Sorrentino. Si Les Nouveaux sauvages présente quelque chose de positif, c'est ce signe d'ouverture: en compétition cannoise, on peut désormais s'attendre à voir des équivalents des Infidèles, le nouveau Phyllida Lloyd ou le dernier Dany Boon - si le film consternant de Damian Szifron y était, ils peuvent bien y être aussi.