Festival Franco-Coréen du film: Re-Encounter

Festival Franco-Coréen du film: Re-Encounter
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Re-Encounter
Hyehwa, Dong
Corée du Sud, 2011
De Yong-Keun Min
Scénario : Yong-Keun Min
Avec : Da-In You
Photo : Hee-Suk Na
Durée : 1h48
Note FilmDeCulte : **----
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Une jeune fille, Hyehwa, vit seule et travaille chez un vétérinaire. Elle part quelquefois à la recherche de chiens abandonnés pour les soigner. Un jour, son ancien petit ami Hansoo réapparaît et lui annonce que, contrairement à ce qu’elle croyait, la petite fille qu’ils ont eue ensemble cinq années auparavant serait toujours en vie et aurait été adoptée. Hansoo lui propose de la retrouver.

MELI MÉLO

Sous des apparences de drame fort classique (et pour tout dire un peu déjà-vu) Re-Encounter ne manque pas d’ambition, même si cela ne saute pas immédiatement aux yeux. Cette ambition est de concilier émotion et audace narrative. Ça n’a l’air de rien, et effectivement le film prend le parti de rester à peu près sobre dans ses effets, mais cela exige tout de même rien de moins que de la virtuosité. Sur le papier, l’histoire du film a largement de quoi émouvoir (récit mélodramatique d’enfant abandonné et regretté, de désillusions amoureuses, de parents n’ayant pas eu le temps de grandir, etc.…), or Min Yong-Keun fait comme un bon nombre de ses jeunes contemporains coréens (voir les récents Bleak Night, Paju ou bien d’autres encore, quand est-ce que ça a commencé à devenir un gimmick ?): il prend son récit, le découpe en mille morceaux, et recolle le tout dans le désordre. Au spectateur de retrouver le fil directeur.

Réussir une structure puzzle ou un mélo (deux systèmes narratifs possédant leurs propres codes) demande déjà de l’adresse. Concilier les deux, c’est viser particulièrement haut, et c’est surtout prendre un risque énorme : qu’il n’y ait pas d’entre-deux entre le très réussi et le plantage. Si ces deux aspects ne parviennent pas à se combiner, ils ont en effet tendance à s’annuler complètement, et c’est exactement ce qui se passe ici. Pas entièrement maitrisé, cet enchainement hystérique de flashbacks et flashforwards n’a qu’une conséquence, particulièrement fatale : celle de réduire à zéro le potentiel émouvant de son histoire, réduisant les personnages à de pauvres fragments fantômes dont il est difficile de distinguer avec clarté les destinées, et avec lesquels il est difficile de s’émouvoir. Pour donner une idée du méli-mélo que ça donne, si vous n’avez pas lu le résumé du film avant la séance, il vous faudra trois bons quart d’heures et beaucoup d’attention pour comprendre de quoi parle le film. Re-Encounter retombe un peu sur ses pattes dans son dénouement, où les scènes se font enfin plus longues, et donc plus claires, et où l’émotion commence finalement à se frayer un chemin au milieu de ce labyrinthe. Hélas une succession de coups de théâtre nous montre que l’histoire était suffisamment alambiquée et ampoulée à la base pour se passer d'un tel traitement. Il ne reste au final qu’il film très froid, qui donne l’impression de se tirer une balle dans le pied à force de sérieux et de rigueur, et qui oublie de principal : de respirer et de laisser le spectateur respirer aussi.

par Gregory Coutaut

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