Quai d'Orsay

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Quai d'Orsay
France, 2013
De Bertrand Tavernier
Scénario : Christophe Blain, Abel Lanzac, Bertrand Tavernier
Avec : Niels Arestrup, Julie Gayet, Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz
Photo : Bruno de Keyzer
Musique : Philippe Sarde
Durée : 1h30
Sortie : 06/11/2013
Note FilmDeCulte : ***---
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Alexandre Taillard de Vorms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Vorms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il y pourfend les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone. Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares... Alors qu’il entrevoit le destin du monde, il est menacé par l’inertie des technocrates.

MINISTÈRE AMER

Adapter l'excellente bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac n'était pas aisé, et au vu du résultat, ce n'était pas non plus une bonne idée. Le brio du matériau original réside en grande partie dans le le trait de Blain, qui évoque à lui seul presque tout le propos sur cet ersatz de Dominique de Villepin, et surtout son découpage, que l'on rapproche trop facilement d'un story-board de cinéma alors qu'il n'en est rien. Il est assez triste de passer d'un medium aussi visuel que ce dessin si évocateur à ce film formellement fonctionnel et terne. Le "réalisme" typique de Bertrand Tavernier n'était peut-être pas le plus approprié. On reste curieux de voir ce que l'adaptation aurait donné entre les mains du Bruno Podalydès qui avait réalisé Le Mystère de la chambre jaune avec son approche BD et son sens de l'absurde. Et peut-être avec Lambert Wilson dans le rôle principal. Sans vouloir jouer à "On refait le film", il faut admettre que Thierry Lhermitte s'avère relativement un miscast, avec ses yeux bleus et son image sympathique. L'acteur a beau reprendre la gestuelle à mains d'Alexandre Taillard de Worms, c'est juste pas le même. Même sa voix est mauvaise et la performance du comédien passe un peu pour du surjeu.

Tout l'inverse de Niels Arestrup, parfait. Même Raphaël Personnaz se révèle plutôt bon, bien que son protagoniste n'en soit pas vraiment un, dépourvu d'arc ou de grand chose à jouer au final. A l'instar d'Anaïs Demoustier, dont le personnage, concubine de Personnaz, bénéficie d'un plus grand rôle que dans l'ouvrage original mais sans se faire plus utile. Si le film est passablement amusant tout le long, il est difficile de rire franchement tant les gags, directement retranscrits de la page à l'écran, paraissent affaiblis par Tavernier. Quant au récit, l'aspect "chronique" fonctionne dans un premier temps mais se délite dans le dernier acte de ce film sans structure. Le propos reste donc, mais se fait moins fort. Gageons que les spectateurs n'ayant pas lu la BD auront plus de chances d'apprécier.

par Robert Hospyan

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