Persepolis

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Persepolis
France, 2007
De Vincent Paronnaud, Marjane Satrapi
Scénario : Vincent Paronnaud, Marjane Satrapi
Avec : Simon Abkarian, Danielle Darrieux, Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni
Durée : 1h35
Sortie : 27/06/2007
Note FilmDeCulte : ****--

FESTIVAL DE CANNES 2007 - Téhéran 1978: Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les événements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah. Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques.

PRINCESS OF PERSIA

C’est avec une première œuvre autobiographique que Marjane Satrapi débarque sur la scène de la bande dessinée en 2000. En adoptant le point de vue d’une enfant sur la tragédie d’une nation, Satrapi parvenait dans ses quatre volumes de Persepolis à traiter d’un sujet grave et riche avec un sens de l’épure captivant, sans jamais tomber dans le piège du simplisme. Du minimalisme de son dessin à la linéarité de son récit, le trait de l’auteur n’en finit pas de cerner avec justesse les aboutissants personnels (l’enfance, l’adolescence) ou plus généraux (la révolution islamique) d’une époque trouble. Satrapi fait donc ses premiers pas dans le monde du cinéma et de l’animation en adaptant elle-même son ouvrage culte. On imagine la difficulté de raconter sa vie en bande dessinée. L’adapter alors en un film d’une heure et demie relevait de la gageure. Si le film ne prétend pas à une retranscription exhaustive de la richesse de l’œuvre originale, il en traduit néanmoins l’essentiel sans dénaturer la voix de son auteur. Transposée au cinéma, et en animation, l'histoire ne perd rien de sa noirceur, de cette chronique d'un pays qui sombre peu à peu jusqu'à ce que même les plus optimistes finissent par ne plus pouvoir y croire et où la fuite devient la seule solution possible. On est loin de ce que le cinéma d’animation français (et même étranger) nous offre d’habitude.

UN ŒIL PERSAN

En cela, le passage au dessin en mouvement apporte une valeur ajoutée au matériau de base. Dans un premier temps, le film ne trahit aucunement l’approche esthétique originelle de Satrapi comme parfaite illustration d’un passé-souvenir. L'audace de garder le noir et blanc du roman graphique se traduit également par un sublime jeu de contraste entre ombre et lumière, clair et obscur, laissant souvent les yeux, reflets de l'âme qui ne s'éteint pas, briller dans le noir. Il faut également voir certaines scènes, muettes, se fondre dans une veine expressionniste, assez puissantes. De plus, l'animation propose quelques idées assez inventives pour illustrer les transitions, pour aller plus vite, ou pour souligner le propos. Voir comment on passe de figures figées (par le régime) au mouvement (de la liberté) par la suite. Au niveau du scénario cependant, l’exercice visant à condenser les quatre tomes initiaux s’avère plus bancal. Quelque peu décousu, le récit ne s'attarde pas assez sur la période précédant le départ de la jeune Marjane pour l’Autriche. Sur le papier, ce premier chapitre se composait de deux livres, consacrés à l’époque d’avant la révolution puis à l’arrivée au pouvoir des intégristes et la guerre Iran-Irak. A l’écran, tout va très vite. De même, dans le troisième acte, les événements se bouleversent un peu et la fin se fait abrupte. On aimerait voir l’expérience poussée jusqu'au bout avec un doublage en persan plutôt qu'en français, ce qui aurait par ailleurs facilité l'immersion mais au demeurant, Persepolis reste une réussite tour à tour amusante, touchante, forte, émouvante, et importante.

par Robert Hospyan

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