Etrange Festival: Perfect Garden
Des hommes et des femmes se sont coupés de notre réalité pour fonder une société utopique à la recherche du plaisir total.
Dévoilé au Festival de Rotterdam et présenté à l’Étrange Festival, Perfect Garden danse et beugle dès ses premières secondes: nous voilà prévenus. Cet ovni est l’œuvre du danseur et chorégraphe autrichien Chris Haring et de la cinéaste et performeuse bulgare Mara Mattuschka. Perfect Garden ressemble à cela: de la danse, de la performance, et du cinéma.
Haring et Mattuschka filment une communauté utopique qui semble vivre loin de tout, et au sein de laquelle toute chose est propice à la danse. Le rapport au réel et à l'étrange est bousculé: on y jouit en préparant une omelette aux fruits, on assiste à une sorte d'hilarant cours de diction dada. On vit dans un poulailler qui rappelle la ville inversée du Desperate Living de John Waters. La poésie abstraite rappelle celle à l’œuvre, à l'autre bout du monde, dans The Warped Forest du Japonais Miki Shunichiro. Perfect Garden est finalement moins bon lorsqu'il essaie de raconter une histoire par des moyens plus traditionnels, avec l'arrivée d'une sorte de méchant mafieux. C'est son abstraction sensuelle qui fait mouche, avec cette caméra qui fait corps et qui souvent semble tituber. L'essai est à la fois ambitieux, avec cette peinture d'une micro-société lunaire, sexuée et libérée de toute contrainte, et très simple, dépouillé - à la fin, tout s'achève en un baiser.