Festival de Gérardmer: Patrick
Un patient dans le coma a le pouvoir de tuer dans son sommeil...
ON S’ÉTAIT DIT RENDEZ-VOUS DANS 35 ANS
Déjà responsable de deux excellents documentaires (Not Quite Hollywood : The Wild Untold Story Of Ozploitation, véritable encyclopédie du cinéma de genre au pays des kangourous, et Machete Maidens Unleashed, impayable évocation de la magnifique période de délocalisation des tournages des séries B américaines aux Philippines), l’Australien Mark Hartley décide pour son premier film de fiction de rester en terrain connu en remakant le Patrick de Richard Franklin (Psychose 2, Link). Justement considéré comme l’un des fleurons de l’ozploitation, ce pur produit 70’s est l’archétype de la bobine d’époque sympa, mais perfectible au point que l’on se plait à penser que l’histoire du comateux aux yeux de fou déchainant de terribles pouvoirs télékinésiques en même temps qu’il tombe amoureux d’une infirmière ne souffrirait pas d’une remise à niveau bienvenue.
On pourrait compter les bons et les mauvais points dans cette révision (finalement pas si moderne) de Patrick, film bancal mais jamais déplaisant à suivre. Hartley montre un vrai respect pour le film original (on retrouve certaines scènes au plan et au dialogue près) tout en changeant la tonalité générale en stylisant beaucoup plus les décors (l’hôpital privé acquiert ici une réelle « âme ») ou les personnages et convoque dans cette démarche le fantôme d’un autre classique de l’horreur australienne : Montclare, rendez-vous de l’horreur de Tony Williams, ainsi que les bonnes heures de l’horreur classique britannique ou italienne. Mais on pense aussi avant tout au thriller clinique de De Palma Sœurs de sang, référence avouée puisque c’est le grand Pino Donaggio qui se charge de la musique, où il réorchestre le score de l’original signé Brian May (non ! l’autre…) à la sauce Pulsions. Jouissif ! De plus, le film tire tous les avantages d’interprètes impeccables. Toujours sympa de voir Charles Dance quitter un peu les Gamesofthronerie et Rachel Griffith, vu l’année dernière en Macaulay Culkin à nichons dans You’re next, y campe une infirmière mimi tout plein dont on tomberait certainement nous aussi amoureux, même dans un coma profond. Par contre certaines idées passent beaucoup moins bien, comme celle de mettre Patrick à l’aire smartphone : il ne communique plus via une machine à écrire, énorme facteur de tension dans l’original mais via les téléphones portables des personnages ou les moniteurs du matériel médical, certainement une bonne idée sur le papier mais que Hartley a du mal à ne pas rendre à la limite du ridicule à l’écran. Plus grave encore, le film ne fait jamais peur et beaucoup trop « beau gosse », Jackson Gallagher peine vraiment à faire oublier le regard halluciné de Robert Thompson, interprète original de Patrick. Inégal donc et pas à la hauteur de ses ambitions, Patrick version 2014 témoigne toutefois d’un vrai respect d’une certaine idée d’un fantastique à l’ancienne, trop souvent délaissée par la production moderne. Et c’est déjà pas mal !
Clément Gerardo