Pars vite et reviens tard
France, 2006
De Régis Wargnier
Scénario : Ariane Fert, Julien Rappeneau, Régis Wargnier d'après d'après l'oeuvre de Fred Vargas
Avec : Lucas Belvaux, Nicolas Cazalé, José Garcia, Marie Gillain, Olivier Gourmet, Linh-Dan Pham, Michel Serrault
Photo : Laurent Dailland
Musique : Patrick Doyle
Durée : 1h55
Sortie : 24/01/2007
Quelque chose vient de tomber sur la capitale, une énigme porteuse de malédiction, qui pourrait bien virer au malheur si le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg ne la résout pas fissa. D'étranges signaux se répandent sur les portes des immeubles de Paris, et des mots inquiétants, mystérieux, sont lâchés à la criée sur les marchés. Et puis arrive ce qu'Adamsberg redoutait: un premier mort, le corps noirci, le visage figé dans une grimace de terreur, les signes de la peste.
LA MORT DANS LA PEAU
À force de voir les romans de Jean-Christophe Grangé atterrir sur grand écran à tort et à travers (Les Rivières pourpres, L’Empire des loups, Le Concile de pierre), il fallait bien que Fred Vargas, autre auteur hexagonal à connaître autant de succès, se fasse à son tour adapter. C’est donc tout logiquement que ce qui est sans doute l’œuvre la plus connue de l’écrivain débarque dans nos salles. Accompagné d’une distribution quatre étoiles, le nouveau film de Régis Wargnier fait donc office de première grosse machine française de l’année et se prend directement les pieds dans le tapis. Car fort de son statut et de ses espérances, le réalisateur sort l’artillerie lourde pour capter l’attention de ses spectateurs. Mais voilà, à trop vouloir bien faire, le film perd toute la finesse de l’œuvre écrite et se transforme vite en une accumulation de séquences boursouflées. Etalonnage sombre, mise en scène un peu trop propre pour être honnête, musique pesante et trop présente, quelques comédiens too much dans leur interprétation, etc. Bref, le réalisateur n’y va pas avec le dos de la cuillère pour essayer de sortir son film des clichés trop français du polar. Ne parlons donc pas de l’adaptation elle-même tant certains détails sont transformés voir complètement occultés (Joss LeGuern est devenu comédien et plus ancien marin, les pensionnaires de chez Descambrais ont perdu de leur prestance) et tant d’autres perdent toute leur magnifique (qu’est devenue la force des séquences de criée, la consistance de la grand-mère Clémentine ou le bordel ambiant au Viking). Il n’est pas non plus nécessaire de s’attarder sur les sous-intrigues bâclées et sur la fin trop abrupte et trop vite évacuée que cette transposition en images nous fait subir tant elle frise le ridicule avec son retournement de situation censé être dramatique mais frisant plutôt le pathétique. Heureusement pour nous que surnage un José Garcia en osmose totale avec son rôle, sorte de fantôme hantant les rues de Paris autant que les couloirs de son être en mal d’affection, et que le décor semble enfin exister pour être autre chose qu’un simple lieu commun. Mais pour Wargnier, un an après son trop moyen Man to Man (2005), cette adaptation un peu trop maniérée sonne de nouveau comme un constat d’échec.
En savoir plus
Pars vite et reviens tard est l'une des nombreuses œuvres ayant pour héros le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Si le film rencontre le succès escompté, il y a fort à parier que certains des autres livres comme L'Homme à l'envers, L'Homme aux cercles bleus, Sous les vents de Neptune, Dans les bois éternels,… soient eux aussi portés à l’écran.