Paranormal Activity 3
Les origines des phénomènes paranormaux qui poursuivent la jeune Kate, à travers un prequel qui revient sur sa jeunesse...
MAISON TÉMOIN
Derrière les apparences un peu arrivistes et mercantiles d’un succès surprise illico décliné en suites à gogo, se cache avant tout une franchise à laquelle il faut tout de même reconnaitre un double mérite. Tout d’abord : celui de miser sur une recette minimaliste, à la base tout sauf public-friendly. Absence totale de musique et de montage hystérique (tout ce qui caractérise les mauvais films fantastiques depuis dix ans), cadres fixes, couleurs réduites au minimum... ironiquement, qui aurait parié un quarter sur la popularité d’un tel concept (rappelons que ce troisième épisode vient de battre le record du meilleur démarrage pour un film d’horreur aux États-Unis) ? Ce qui amène à l’autre mérite de la franchise, une qualité peut-être encore plus rare : celle d’avoir su maintenir sa qualité au fil des épisodes; d’avoir su, tout en restant fidèle à sa formule, se renouveler et corriger ses défauts. Le tout premier Paranormal activity bénéficiait d’un énorme effet de surprise, mais souffrait aussi énormément de scènes dites « de jour » (censées présenter le quotidien des personnages, hors présences surnaturelles) souvent complètement ratées, aux dialogues impossibles et servis par des acteurs peu convaincants. Autant de maladresses qui tiraient le tout vers le bas, mais qui furent largement corrigées dans le deuxième volet, qui comprenait qu’il n’était jamais aussi efficace que lorsqu’il se taisait. La leçon a ici été bien retenue : même si ce troisième épisode est censé présenter l’origine du mal qui hante les protagonistes de la série, le lien scénaristiques entre ce volet et les autres est réduit au minimum. Le film dégraisse tout dialogue superflu et fait coller le minimalisme de son scénario à celui de sa mise en scène, sans jamais sacrifier la crédibilité des ses personnages et de leur situation. Dans une franchise misant sur l’imaginaire, le mieux serait en effet l’ennemi du bien.
Le passage de la DV à la VHS (l’action se passe ici dans les années 80) a beau être peu exploitée, Paranormal Activity 3 apporte néanmoins du nouveau dans sa mise en scène, en transformant peu à peu ses caméras de surveillance et caméras subjectives (un pari largement gagnant dans une série dont les effets sont basés sur l’appréhension et l’anticipation du spectateur). Tout d’abord en multipliant les utilisations de la caméra à l’épaule. Le procédé était utilisé avec parcimonie dans les précédents épisodes, mais donne à ce troisième volet des airs de first person shooter (notamment lors du finale rappelant celui du Dernier exorcisme). Mais la vraie bonne (et nouvelle !) idée du film, c’est tout bêtement d’avoir fixé une caméra à un ventilateur en marche, telle un ancêtre de caméra de surveillance, permettant de balayer le salon familial en un lancinant pano. Si la réussite des scènes de terreur de la série fonctionnait jusqu’ici sur l’intrusion de l’inconnu dans le champ (forcément fixe) de la caméra de surveillance, ou sur les bruitages hors champs, c’est ici le phénomène inverse qui s’opère : ce n’est plus l’inconnu qui vient à nous, ce qui fait peur c’est désormais ce que la caméra va rencontrer, en découvrant la totalité du décor puis en repartant de l’autre coté, dans une répétition pleine de tension. Ces plans-là sont les tous meilleurs du film et de la franchise. Le lent va-et-vient de cette caméra faussement subjective rappelle même la balade en tricycle de Shining, où chaque tournant des couloirs pouvait mener au pire. Une trouvaille toute bête mais très efficace, permettant les effets les plus simples et à la fois les plus glaçants. On se demande comment la série va encore pouvoir évoluer par la suite (car le succès de ce petit dernier en appelle évidemment un 4e), mais c’était déjà la question que l’on se posait à la sortie du premier épisode : comment décliner un concept aussi radical. Paranormal Activity 3 vient d’y répondre avec succès.
Un détail qui n'en n'est pas un: 60% des plans de cette-bande annonce (qui est pourtant l'officielle)... ne figurent tout simplement pas dans le film. Ce dernier contient moins de dialogues, moins d'explications (et même moins de personnages!) qu'elle ne laisse supposer. Non pas qu'il existe différents montages selon les pays, il s'agit en réalité d'une vraie stratégie de communication, visant à protéger le suspens autour du film et à empêcher les spectateurs d'en connaitre les meilleurs scènes à l'avance. Aux États-Unis, ce procédé a été jugé mensonger et fait beaucoup de mécontents. Soyez donc prévenus.