Oscars 2015: premiers pronostics !

Oscars 2015: premiers pronostics !

Les nominations des Oscars 2015 seront dévoilées le 15 janvier. Alors que la première partie de la saison Oscars touche à sa fin, quels sont les films qui ont le plus de chances d'être nommés ? Gros plan sur les catégories meilleur acteur, meilleure actrice et meilleur film...

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MEILLEUR FILM

La question n'est pas de savoir si Boyhood sera nommé, mais plutôt qui peut le battre ? Pour le moment, aucun autre candidat de cette saison Oscar ne semble prendre l'avantage sur le film de Richard Linklater. Birdman a été très cité tout au long de la saison et Hollywood adore les films qui parlent de lui (et si possible, pas de la manière Cronenberg dans Maps to the Stars). L'un des films qui a le plus réclamé sa nomination, Imitation Game, devrait également en être si l'on suit les indicateurs des différentes remises de prix de l'année. Son biopic du mathématicien Alan Turing révisionnisto-lissé et passé à la machine devrait plaire à certains votants traditionnels. Autre film qui, comme Imitation Game, semble fièrement arborer sa date de péremption au lendemain de la cérémonie: Une merveilleuse histoire du temps, biopic cette fois du scientifique Stephen Hawking (et qui, bonus Oscar, raconte notamment sa maladie). Ce long métrage a lui aussi été régulièrement nommé cette saison. Et dans cette vague de love pour les biopics, quid du tout aussi lambda Get on Up dédié à James Brown ? Ben rien, car contrairement à Turing et Hawking, James Brown était noir, et les Noirs ont déjà eu leur Oscar l’an passé avec 12 Years a Slave - ne croyez pas que l’Académie puissent s’intéresser deux ans de suite à eux.

Le cas d'un autre film réclamant plus fort que tout le monde ses nominations est plus compliqué: Invincible d'Angelina Jolie est pour le moment sauvé par son très bon box-office, mais le film s'est fait descendre par la presse et a été absent des premières cérémonies (même aux Globes, fans hystériques officiels de l'actrice-réalisatrice). Le chemin de ce tank à Oscar semblait pourtant tout tracé: actrice devenue jeune réalisatrice s'achetant une respectabilité à coup de sujets sérieux (après la guerre en ex-Yougoslavie dans son premier film, la Seconde Guerre Mondiale ici, avant un prochain film intitulé sobrement... Africa), scénaristes stars (les Coen !), grand chef opérateur encore non-oscarisé (Roger Deakins), grand compositeur (Alexandre Desplat)... une sorte d'équation parfaite attrape-Académie. Jolie a bien raison, si elle en a les moyens, de se payer la meilleure équipe qui soit, mais voir échouer cette machine à s'acheter un Oscar (car le film a la campagne promotionnelle qui va avec) aurait quelque chose d'assez délicieux.

Trois films ont vu leur cote remonter fort ces derniers temps. Gone Girl a enchainé ses nominations aux Globes avec sa citation aux PGA, et reste le seul très gros succès de l'année parmi les prétendants sérieux - et les Oscars aiment les gagnants. L'indé au buzz qui grimpe Whiplash, lui aussi nommé aux PGA, pourrait obtenir la place parfois réservée aux petits. Enfin, dix ans après le triomphe de Million Dollar Baby (et après dix ans d'absence dans la catégorie reine malgré de nombreux "films à Oscars"), Clint Eastwood pourrait s'inviter avec American Sniper, à condition que son spot républicain ne froisse pas trop les votants démocrates. Foxcatcher est peut-être un pari plus sûr, tandis qu'on reste prudent au sujet de The Grand Budapest Hotel après le sort réservé au précédent Wes Anderson, Moonrise Kingdom (une citation en scénario alors que le film semblait un solide candidat à la nomination en meilleur film). Le buzz de Selma n'a quant à lui pas été transformé cette saison, mais il reste un joker envisageable.

MEILLEURE ACTRICE

L'année a souvent été qualifiée de faible du côté des actrices pouvant chercher une nomination cette année. Mais c'est la faute de l'Académie, qui exclue toute performance dans les films qu'elle ne veut pas voir. Anne Dorval dans Mommy, Juliette Binoche dans Sils Maria, Tilda Swinton dans Only Lovers Left Alive, Scarlett Johansson dans Under the Skin, Essie Davis dans Mister Babadook voire Julianne Moore pour Maps to the Stars ont toutes été citées parmi les observateurs, parfois lors de prix de la critique. Pas assez mainstream pour l'Académie. Une claire favorite s'est détachée depuis le début de la saison: Julianne Moore, mais pour le drame à Alzheimer Still Alice (plus oscarisable que son rôle d'actrice cynique et has-been dans le Cronenberg). Peut-elle encore perdre ? Moore avait été favorite toute la saison pour Loin du paradis en 2003 et avait finalement perdu. Sa principale concurrente semble improbable, mais la campagne promotionnelle de Cake fait tout pour que Jennifer Aniston devienne aux yeux des votants une gagnante crédible. Les Oscars adorent ces trajectoires from zero to hero, à l'image de Matthew McConaughey l'an passé. Aniston, avec ses comédies dignes de la TNT et ses films de chiens, a beau avoir l'une des pires filmographies depuis la naissance des frères Lumière, les Oscars ne sont pas toujours des récompenses "à la carrière". Est-ce son moment ? Le film a été moqué par la presse, mais Aniston s'y démaquille, ce qui suffit parfois aux votants pour évaluer une bonne actrice. Et au grand concours de popularité que sont les Oscars, Aniston est peut-être plus forte que Moore.

Les autres, sauf énorme surprise, joueront la nomination mais probablement pas la gagne. Citons Felicity Jones dans ce rôle adoré par l'Académie de "l'épouse" dans Une merveilleuse histoire du temps, Rosamund Pike pour son tour de force dans Gone Girl (mais son personnage "d'anti-épouse" n'est peut-être pas assez aimable pour être oscarisable) et Reese Witherspoon pour Wild. Ce dernier film a beau avoir de meilleures critiques que Une merveilleuse histoire du temps, il ne semble pas jouer de rôle dans la catégorie principale : peut-être que Wild aurait gagné, oscariquement parlant, à envoyer un mec dans le désert. Le joker Cotillard, lui, a perdu de sa valeur depuis l'absence de Deux jours une nuit en film étranger, à moins d'un rattrapage... avec The Immigrant.

MEILLEUR ACTEUR

Le discours l’an passé de Cate Blanchett sur les films mettant en scène des femmes, une année où certains des longs métrages favoris avaient une héroïne forte, a déjà été oublié : 2015 devrait être le grand retour du club des garçons. Contrairement aux actrices saluées pour des films renvoyés dans la seule catégorie "films d'actrices", les acteurs sont eux boostés par les gros candidats Oscars dans lesquels ils jouent. Ainsi, ce qui il y a quelques années aurait ressemblé à une news improbable (et qui serait d’ailleurs impossible à imaginer pour une actrice du même âge) est désormais une réalité : Michael Keaton est certainement le favori pour l’Oscar du meilleur acteur dans Birdman. Sa prestation très saluée est le meilleur pari d’un film très aimé mais qui ne semble pas forcément favori numéro un dans les autres catégories. Sa nomination est quasi sûre. Celles des acteurs de biopics Benedict Cumberbatch pour Imitation Game et Eddie Redmayne pour Une merveilleuse histoire du temps semblent en bonne voie. Les deux autres nommés des SAG, Steve Carell pour Foxcatcher et Jake Gyllenhaal pour Night Call, ont de bonnes chances de prendre les deux sièges restants avec le baromètre officiel du bon acteur selon l’Académie : la transformation physique qui se voit.

Plusieurs challengers sont néanmoins à surveiller. On ne sait pas encore exactement à quelle sauce sera mangé Selma, et la prestation de David Oyelowo en Martin Luther King dépendra probablement de la vague d’amour ou non pour le film. Même énigme autour de Bradley Cooper et sa prestation dans le dernier Clint Eastwood qui peut aussi, comme on l’a dit, être rejeté par l’Académie. Ralph Fiennes, plus nommé aux Oscars depuis Le Patient anglais en 1997, est un tout petit joker…

par Nicolas Bardot

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