Oscars 2012: ultimes pronostics !
Alors que l'instant fatidique approche (le 26 février), FilmDeCulte fait un dernier point sur les chances des nommés dans les catégories principales.
MEILLEUR FILM
Le favori
The Artist
Le challenger
Hugo Cabret
Aucune chance
Cheval de guerre
La Couleur des sentiments
The Descendants
Extrêmement fort et incroyablement près
Minuit à Paris
Le Stratège
The Tree of Life
Qui peut battre The Artist ? C'était la question qu'on se posait déjà lors de nos premiers pronostics. C'est une question qu'on ne se pose quasiment plus. A part un improbable retournement de situation, The Artist va gagner l'Oscar. Et a priori, pas qu'un. La dernière seule surprise le soir S remonte à 2006: c'était pour la victoire de Collision, Oscar du meilleur film, mais qui avait perdu face à Brokeback Mountain tous les prix importants de la saison: Golden Globe, Bafta, Directors Guild, Producers Guild. Mais The Artist ne fait pas polémique parmi les votants traditionnels comme a pu le faire Brokeback Mountain et ses cowboys homos. A vrai dire, le team Artist veut tellement son Oscar, le moteur Weinstein tourne tellement à fond, qu'on aimerait que la saison Oscar dure un mois de plus pour voir quelles idées merveilleuses peuvent encore surgir pour promouvoir le film. La semaine passée a été homérique à ce niveau-là. D'abord l'annonce dramatique de la retraite anticipée de Uggie, le chien star, victime d'une maladie inconnue (comme Joan Crawford lorsqu'elle a gagné en 1945, recevant son Oscar dans son lit, toute pimpante), qui va devoir arrêter sa carrière. Mais seulement le lendemain des Oscars, bien sûr. Ensuite, alors qu'un début de polémique enfle au sujet des posters beaufs et/ou misogynes des Infidèles, Jean Dujardin assure au public américain qu'il se sent chez lui... à l'église, surtout Notre Dame. Très très bien trouvé - et même si c'est vrai, le timing était parfait. La cerise est arrivée ensuite: le producteur du film, Thomas Langmann a sorti la carte magique, celle du poids de l'holocauste pour expliquer la réussite du long métrage. Arriver à placer l'holocauste, le mot miracle qui fait pleuvoir tous les Oscars, à propos d'un film sans aucun lien, c'est du très grand art.
Mais ce serait mauvaise foi de réduire le succès de The Artist à cette surenchère de putasserie. Si on s'attend d'un moment à l'autre à ce que Bérénice Béjo confesse qu'elle pleure et se fouette tous les jours en pensant aux victimes du 11 septembre, le film n'a plus vraiment besoin de ça. Tout le monde l'aime. Si son box-office américain n'est pas impressionnant (24 millions de dollars en 12 semaines de promo pourtant intensive), ça reste mieux que le four du dernier Scorsese, son concurrent direct (64 millions de dollars pour un budget d'au moins 150 millions). The Artist a gagné le Globe, le PGA, le DGA, puis le Bafta. Ses adversaires mordent la poussière et aucun n'a la stature d'un gagnant dans ce cru 2012 assez faible en concurrents crédibles (un très grand film comme The Tree of Life ne correspond pas aux critères d'un gagnant pour l'Académie - sa nomination est sa victoire). The Artist, dans une année en berne au box-office américain, et où le gros de la production des studios se radicalise en suites de reboot pour ados, jette un regard aimant vers le prestigieux héritage hollywoodien dont il rallume la flamme. Et correspond à la lignée d'Oscars poids-plume qui ont dominé la cérémonie ces dernières années: Slumdog Millionaire, Démineurs, Le Discours d'un roi et The Artist ont tous un budget de 15 millions de dollars, loin des plus grosses prod gagnantes des années auparavant.
MEILLEUR ACTEUR
Le favori
Jean Dujardin dans The Artist
Le challenger
George Clooney dans The Descendants
Aucune chance
Demian Bichir dans A Better Life
Gary Oldman dans La Taupe
Brad Pitt dans Le Stratège
Qui peut battre Jean Dujardin ? C'est une question qu'on ne se posait pas il y a quelques mois quand on pensait que 2012 verrait un duel entre Brad Pitt pour Le Stratège et George Clooney pour The Descendants. Les débuts en promo du Français ont été chaotiques, et avant le SAG (prix de la Screen Actors Guild), il n'a remporté aucun prix d'importance. Même le Golden Globe du meilleur acteur en comédie est à relativiser: on a déjà vu des gagnants, dans cette catégorie parfois délaissée, finalement absents des 5 nommés aux Oscars. De plus, Dujardin y a gagné sans aucune concurrence. Mais le prix a servi de déclic. Depuis, Jean Dujardin a fait le doublé SAG+Bafta, et il n'y a pas une journée sans que les sites de news américains ne le mentionnent pour un sujet ou un autre. Le it boy du moment, c'est lui, et il ne faut pas oublier que les Oscars sont aussi un concours de popularité. Dujardin est hyper-populaire au bon moment, tandis que les buzz de Clooney et Pitt semblent s'éteindre. Demian Bichir (pour A Better Life) et Gary Oldman (La Taupe) feront de la figuration.
MEILLEURE ACTRICE
La favorite
Meryl Streep dans La Dame de fer
La challenger
Viola Davis dans La Couleur des sentiments
Aucune chance
Glenn Close dans Albert Nobbs
Rooney Mara dans Millénium
Michelle Williams dans My Week with Marilyn
Qui peut battre Meryl Streep ? Réponse: Viola Davis. Si la Streep a dominé les prix de la critique, puis a remporté Globe et Bafta, Davis a gagné le SAG de la meilleure actrice et La Couleur des sentiments a remporté celui du meilleur ensemble (consacrant la meilleure distribution). De plus, elle joue dans un film qu'à peu près tout le monde aime outre-Atlantique, tandis que personne ou presque n'aime La Dame de fer. Mais Streep, reine du système solaire des acteurs, a gagné son dernier Oscar il y a 29 ans. Pour beaucoup, une aberration. Quoiqu'on pense de La Dame de fer, Streep y est magistrale. Peut-elle être rattrapée par Viola Davis ? Cette dernière est très respectée et ses chances restent solides, mais le peu de nominations pour La Couleur des sentiments (4, alors que le film pouvait viser le double) montre qu'il n'a peut-être pas tant de support que ça parmi l'Académie. Le fait d'être nommée pour un film également présent dans la catégorie reine (contrairement à celui de Streep) demeure un avantage. Michelle Williams reçoit, elle, un nouveau bisou pour My Week with Marilyn, Glenn Close reçoit l'accolade du come-back pour Albert Nobbs (mais pas plus), Rooney Mara dans son rôle de Lady Gaga gothique (Millénium) occupe le créneau de la petite jeune découverte qui fera joli sur le tapis rouge (il y en a une chaque année), et Tilda Swinton... ah eh bien non, Tilda n'est même pas nommée. On espère qu'elle, Kirsten Dunst, Michael Fassbender et Ryan Gosling regarderont la soirée ensemble, sur leur canapé, à se foutre de la gueule des vrais nommés.
MEILLEUR RÉALISATEUR
Le favori
Michel Hazanavicius pour The Artist
Le challenger
Martin Scorsese pour Hugo Cabret
Aucune chance
Woody Allen pour Minuit à Paris
Terrence Malick pour The Tree of Life
Alexander Payne pour The Descendants
Qui aurait pensé, il y a quelque mois, que Michel Hazanavicius damerait le pion de Martin Scorsese ? L'affaire n'est pas entendue mais après une saison Oscar équilibrée (Golden Globe et NBR pour Scorsese, BFCA et Prix de la critique de NY pour Hazanavicius), ce dernier a appuyé sur l'accélérateur en remportant le DGA et le Bafta. Il faut remonter à Rob Marshall, en 2002, pour voir le gagnant des DGA défait aux Oscars (par Roman Polanski, pour Le Pianiste). L'Oscar peut-il aller à un inconnu ? Oui, cf le gagnant de l'an passé. Mais Hugo a, cela dit, ses gros fans. C'est le film le plus nommé de la soirée. Et s'il se contentera peut-être de prix techniques, une statuette pour Scorsese n'est pas totalement improbable. On n'en dira pas autant pour Alexander Payne, Woody Allen et Terrence Malick qui, eux, n'ont strictement aucune chance de gagner.
MEILLEUR SECOND RÔLE MASCULIN
Le favori
Christopher Plummer dans Beginners
Le challenger
Max Von Sydow dans Extrêmement fort et incroyablement près
Aucune chance
Kenneth Branagh dans My Week with Marilyn
Jonah Hill dans Le Stratège
Nick Nolte dans Warrior
Le suspens est quasiment éteint pour cet Oscar. Lors des premiers prix de la critique, deux noms ont émergé dans cette catégorie: Albert Brooks pour Drive et Christopher Plummer pour Beginners. L'Académie ayant décidé de zapper entièrement Drive (un chapitre de plus dans l'anthologie des fails aux Oscars), Brooks n'a pas été nommé. Plummer a quasiment tout gagné dans la seconde partie de la saison Oscar, il n'a, à 82 ans, jamais remporté la statuette (sa première nomination remonte d'ailleurs à... 2010) et, coup de chance pour lui, il livre là une très belle interprétation dans un très joli film. Il ne s'agit pas d'un simple Oscar hommage dans un navet. Qui pourrait le priver de prix ? Max von Sydow, sorti d'un chapeau ? Mais probablement pas Nick Nolte, Kenneth Branagh ou Jonah Hill.
MEILLEUR SECOND RÔLE FÉMININ
La favorite
Octavia Spencer dans La Couleur des sentiments
La challenger
Bérénice Béjo dans The Artist
Aucune chance
Jessica Chastain dans La Couleur des sentiments
Melissa McCarthy dans Mes meilleures amies
Janet McTeer dans Albert Nobbs
Après l'anthologie des fails, vous pouvez passer directement au chapitre des Oscars oubliés: la statuette 2012 en second rôle féminin semble promise à Octavia Spencer, grande favorite pour La Couleur des sentiments. On avoue ne pas trop savoir pourquoi (actrice plutôt quelconque dans un rôle quelconque) mais les Oscars y trouveront probablement leur compte. Le beau parcours de Jessica Chastain (La Couleur des sentiments) depuis presque un an devrait s'arrêter ici, tandis que Janet McTeer (Albert Nobbs) et Melissa McCarthy (Mes meilleures amies) n'auront, a priori, pas à se lever de leur siège. Mais quid de Bérénice Béjo ? C'est pour le moment "l'oubliée" dans la razzia The Artist: toujours nommée, jamais gagnante. On a déjà vu des vagues de love porter des films jusqu'à des Oscars qu'on n'attendait pas. Le défi est probablement un peu gros à ce stade de la saison, mais la seule à pouvoir battre Spencer, c'est probablement elle.