Oscars 2012 - meilleur réalisateur: premiers pronostics
Après le prix improbable remis à Tom Hooper l'an passé, sacré meilleur réalisateur pour Le Discours d'un roi, quel gagnant en 2012? FilmDeCulte fait le point sur les forces en présence.
LE FAVORI
Martin Scorsese, Hugo Cabret
Les critiques. Les prix. Le respect. Le talent. Scorsese, avec Hugo Cabret, a tout ce qu'il faut pour remporter l'Oscar du meilleur réalisateur cette année. Mais il lui manque une chose: le box-office. Ce n'est pas que le film ne marche pas assez. C'est qu'il a été, aux États-Unis, un échec énorme: 54.1 millions de dollars rapportés pour un budget pharaonique de 170 millions. L'échec est un repoussoir aux Oscars. Mais ce n'est pas une fatalité. Scorsese et les Oscars auraient dû se rencontrer plus tôt, bien avant le premier Oscar qu'il a reçu pour Les Infiltrés. Dans les années 2000, Marty est subitement devenu un chouchou de l'Académie, de l'amour certes, de la culpabilité aussi pour l'avoir ignoré si longtemps. Hugo Cabret est très aimé outre-Atlantique, et ce prix est peut-être le seul prix important qu'il peut encore gagner, vu que celui du meilleur film semble désormais à départager entre le favori (The Artist), le challenger (The Descendants) et le joker (La Couleur des sentiments). Sa victoire aux Golden Globes lui permet de conserver ses chances même si elle n'assure rien pour le grand soir.
LES CHALLENGERS
Michel Hazanavicius, The Artist
La catégorie meilleur réalisateur est une des catégories les plus traditionnelles des Oscars. C'est à dire que les paris y sont moins risqués, et globalement, un simple coup d’œil à la liste des gagnants permet de voir que ceux-ci sont généralement très prestigieux, là où il y a parfois des surprises qui ont mal vieilli en meilleur film ou meilleurs acteurs. Mais ces trois dernières années ont été celles où des challengers moins (re)connus (Danny Boyle, Kathryn Bigelow et Tom Hooper) ont gagné l'Oscar du réalisateur. Les six derniers gagnants, avant eux, étaient les frères Coen, Martin Scorsese, Ang Lee, Clint Eastwood, Peter Jackson et Roman Polanski. De plus gros gibiers. Michel Hazanavicius, sorti de nulle part pour les votants américains, peut-il prolonger cette tendance? Fort possible. On a pu voir que de cérémonie en cérémonie, la vague d'amour pour The Artist était plus forte que celle de Hugo Cabret. On a pu voir aussi, l'an passé, que l'amour pour un film (Le Discours d'un roi) pouvait transcender la simple question de la mise en scène (Hooper gagnant face à Fincher, Aronofsky ou les frères Coen, vous y croyez?). The Artist, contrairement au Discours... a pour lui d'être un vrai pari formel. Sans 3D, ce qui, auprès de certains votants, peut desservir Scorsese. Seule réserve: Hazanavicius est un inconnu. Hooper aussi, et il a quand même gagné l'an passé. Mais si les exceptions étaient la règle, elles ne seraient plus des exceptions.
Alexander Payne, The Descendants
Tous les voyants sont au vert pour Payne: les critiques (qui l'adorent), le public (le film est un succès), la crédibilité (The Descendants en film américain "adulte" dans une industrie infantilisée), le star-system (Clooney Clooney Clooney). Mais Payne peut-il être considéré comme autre chose qu'un très bon scénariste? Mystère. The Descendants a remporté des prix de la critique dans la catégorie film, a vu ses acteurs récompensés ici ou là, mais sa mise en scène... souvent nommée, rarement gagnante. Possible qu'aux Oscars il s'agisse surtout d'un duel entre Scorsese et Hazanavicius. En cas de partage des votes, Payne est en embuscade.
Woody Allen, Minuit à Paris
Sa nomination sera une récompense. Et allongera un palmarès impressionnant: une 22e nomination aux Oscars! Sa dernière victoire remonte à 1987 pour le scénario de Hannah et ses sœurs. C'est probablement en scénario qu'il a le plus de chances, mais le succès, la cote d'amour et sa nomination aux DGA en font un candidat logique à la nomination dans la catégorie meilleur réalisateur aux Oscars.
David Fincher, Millénium
On peut dire qu'il revient de loin. Absent des prix de la critiques (avec cette brume du film vu/pas vu, tu l'as vu mais n'en parle pas, qui a en fait gonflé tout le monde), box-office pas déshonorant mais bien décevant, film pas vraiment calibré pour les Oscars. Et paf, nominations aux PGA, WGA, DGA. Ne manque, pour compléter le carré des guilds importantes, qu'une nomination aux SAG. Fincher, longtemps donné gagnant l'an passé pour The Social Network, pourrait récupérer une nomination de consolation qui, il y a encore quelques semaines, semblait inaccessible.
LES JOKERS
Terrence Malick, The Tree of Life
La confirmation de Woody Allen et l'émergence de David Fincher ont poussé Malick hors de la liste des favoris. La présence répétée du film lors des prix de la critique permettait d'y croire, son absence répétée aux nominations des guilds semble claire: le film ne rassemble pas assez pour que Malick soit nommé. Lorsque La Ligne rouge a créé la surprise en étant nommé 7 fois aux Oscars (alors que le cinéma de Malick n'a rien d'Oscar-friendly), le réalisateur avait auparavant été nommé aux DGA. Ce n'est pas le cas cette année. Mais le film est un tour-de-force qui peut encore créer la surprise en se glissant parmi les cinq. Les places de Allen et surtout Fincher, si elles semblent de plus en plus "logiques", ne sont pas assurées pour autant. Mais à vrai dire, l'étoile de Malick pâlit de jour en jour.
Steven Spielberg, Cheval de guerre
En cas d'indécision entre Fincher et Malick, Spielberg pourrait mettre tout le monde d'accord. Cheval de guerre ne marche pas tant que ça au box-office (ajouté à l'échec américain de Tintin), le film n'a pas été assez présent lors des prix préliminaires? Oui, mais c'est Spielberg. Et c'est un film largement plus dans les cordes des votants traditionnels que ceux de Fincher ou Malick. Il n'est plus parmi les favoris pour les 5 mais reste un solide challenger.
George Clooney, Les Marches du pouvoir
Le mini-mini espoir. Son bon nombre de nominations aux Globes, dont en réalisateur, pourrait signifier quelque chose s'il ne s'agissait pas seulement du support inconditionnel de votants dont il est l'idole. Le nombre de votants aux Golden Globes n'est pas si important, c'est pourquoi on retrouve souvent les mêmes chouchous nommés. De plus, ses chances en acteur pour le Payne font de l'ombre à ses chances en réalisateur. Sa présence dans les 5 n'est pas totalement improbablissime mais elle tient du pari sacrément osé.