Oscars 2012 - meilleur film: premiers pronostics

Oscars 2012 - meilleur film: premiers pronostics

Alors que la saison Oscar est déjà bien avancée, on y voit un peu plus clair entre les favoris, les challengers, les jokers et les films qui n’ont déjà plus aucune chance pour le grand soir. La cérémonie des Oscars aura lieu le 26 février, et les nominations seront annoncées le 24 janvier. Si The Artist semble se détacher, le suspens reste entier en ce qui concerne les autres nommés, surtout suite au récent changement de règles. En effet, il n’y aura plus systématiquement 10 nommés en meilleur film comme ces deux dernières années, mais un nombre fluctuant entre 5 et 10, selon le pourcentage de votes reçu (s’il n’y a que 6 films qui recueillent au moins 5% des voix, il n’y aura que 6 nommés). En attendant des focus sur les catégories meilleur acteur, meilleure actrice et meilleur réalisateur, FilmDeCulte décrypte les chances des longs métrages en course pour la récompense suprême.

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LE FAVORI

The Artist
Qui peut battre The Artist ? Candidat possible en début de saison, le film s’est peu à peu imposé comme grand favori, renversant tous les obstacles sur son passage. Un film muet ? Oui, mais un film muet sur l’âge d’or de Hollywood, et l’Académie adore qu’on lui fasse des yeux de Chimène. Un film français ? C’est surtout en France, où certains poussent déjà des cocoricos nigauds, que le film est vu comme une grande victoire nationale. Bénéficiant du soutien Weinstein (qui permet aux films les plus improbables - Chocolat, vous vous souvenez ? – d’être nommés aux Oscars), se déroulant à Hollywood avec un casting américain (Dujardin et Béjo à part), sans dialogues en français, conçu à la façon d’un muet américain, The Artist parvient à faire oublier sa nationalité d’origine. C’est par-dessus tout un crowd-pleaser, un « genre » qui regroupe des films très différents (Le Discours d’un roi en était un l’an passé) mais qui est surtout un passeport pour la victoire : tout le monde aime The Artist, tout le monde aime le chien, tout le monde aime les claquettes.

Ce ne sont pas les films qui divisent qui gagnent aux Oscars. Et pour le moment, The Artist ne divise personne : razzia sur les premiers prix de la critique, en tête des nominations aux Globes, multi-cité aux SAG. Indice qui ne trompe pas au sujet des SAG : le film est parvenu à être nommé en meilleur ensemble (ou meilleure distribution). Qui sur Terre, même parmi les fans acharnés de The Artist, est sorti de salle en se disant: quand même James Cromwell est extra, et je vous parle pas de John Goodman ! Le film repose sur deux acteurs mais ça ne l’a pas empêché d’être nommé pour la meilleure distribution. Parce que quand un film est adoré et bien soutenu, il peut, comme on l’a souvent vu lors de précédentes saisons Oscar, être nommé pour n’importe quoi. La seule inconnue reste le box-office. The Artist fait une bonne moyenne par copie mais son score reste mini et le film encore très peu vu. Qu’en sera-t-il lorsque sa combinaison de salles sera plus importante ? Au final, le plus grand atout de The Artist reste le suivant : il n’a pas vraiment de concurrence.

LES CHALLENGERS

Hugo Cabret
Curieuse relation que celle entretenue par les Oscars et Martin Scorsese. Longtemps ignoré, Scorsese a dû attendre 2007 et Les Infiltrés pour gagner un Oscar. En 1996, Casino n’avait quasiment aucune concurrence. Et quasiment aucune nomination à l’arrivée : une seule pour Sharon Stone. Pendant ce temps, Braveheart était sacré et Apollo 13 remportait 9 nominations. Et puis Scorsese s’est mis à faire des films plus oscarisables (Gangs of New York, Aviator) avant d’être récompensé pour un film pas tellement dans les canons de l’Académie. Le revoici parmi les favoris avec Hugo Cabret. Malgré son amour critique, le film est pour le moment un échec cinglant au box-office, et les Oscars aiment rarement les échecs. De plus, il est en 3D, un élément qui pourra repousser bon nombre de votants très traditionnels. Mais, comme The Artist, le film est une déclaration d’amour au 7e art, un argument qui pèse alors que l’industrie américaine du cinéma a un coup de blues. 2011 a été l'année d'une fréquentation en baisse, d'une enfilade de films à grand spectacle ou de comédies sans inspiration, tandis que le principal horizon semble être des reboots de succès d’il y a dix ans qu’on essaie de vendre, dans un sommet de cynisme, comme «jamais racontés», à l’image de la première affiche du nouveau Spider-Man.

Le lustre old school, qui plus est par un réalisateur reconnu (contrairement à Hazanavicius), et (pour ceux qui auraient peur de The Artist), le fait qu’il soit parlant, en couleurs, avec un cast de visages connus, sont des choses qui parlent en faveur du long métrage. Nouveau bémol : le film n’a reçu aucune nomination aux SAG. Il faut remonter à 1995 (Braveheart justement) pour trouver un gagnant aux Oscars ignoré aux SAG. Hugo Cabret est toujours donné comme un challenger crédible mais sa tâche ne s’annonce pas facile.

The Descendants
Alexander Payne est un réalisateur et scénariste très estimé par l’Académie, mais peut-il faire un gagnant ? Chéri de la critique, argument du star-power sous le coude (ni The Artist ni Hugo Cabret n’ont de George Clooney à leur cast), solide au box-office, présent un peu partout dans les prix préliminaires de la saison, The Descendants a tout du bon élève. Et du très bon élève ? Le buzz The Artist est venu tôt. The Descendants ne s’est jamais imposé comme un favori. C’est le genre de conditions qui permet une surprise en bout de course. Mais les chances restent faibles…

La Couleur des sentiments
Pas vraiment donné dans le top 3, il s’agit pourtant, peut-être, du plus grand concurrent pour The Artist. La Couleur des sentiments a tout : le sujet digne et fort hautement oscarisable, une pléiade de stars qui brasse large (actrices noires et blanches, jeunes pousses et plus expérimentées), une adaptation de best-seller populaire, l’amour d’Oprah Winfrey (sisi, ça compte) et surtout un argument massue. A ce jour, le score cumulé au box-office de The Artist, Hugo Cabret et The Descendants n’atteint même pas la moitié de celui obtenu par La Couleur des sentiments, l’un des hits surprises de l’année. Le film ne jouit pas du même accueil critique que les précédents films cités ? Si la critique faisait les Oscars, Brokeback Mountain et The Social Network auraient gagné. Le problème de La Couleur des sentiments est qu’il est probablement… trop féminin. C’est une question qui a été soulevée dans The Hollywood Reporter , les films dont les personnages principaux sont des femmes ne gagnent quasiment jamais aux Oscars. Il faut remonter à Chicago (si l’on excepte Million Dollar Baby où Swank partage l’affiche avec Eastwood) pour en trouver une trace ces dix dernières années. L’Académie est très largement masculine, ce qui s’est régulièrement ressenti dans les votes.

LES JOKERS

Minuit à Paris
Plus grand succès commercial de la carrière de Woody Allen, excellent accueil critique, distingué lors des nominations des SAG et des Globes, Minuit à Paris peut tout à fait se glisser parmi les nommés pour le meilleur film. Ce serait une première pour Woody Allen, multi nommé pour ses scénarios mais absent en meilleur film depuis Hannah et ses sœurs en 1987.

Le Stratège
Excellent accueil critique, box-office solide, véhicule à Oscar pour sa superstar (Brad Pitt), même si Le Stratège n’a aucune chance de gagner l’Oscar suprême, il peut tout à fait intégrer la liste finale.

Cheval de guerre
Steven Spielberg. Première Guerre Mondiale. Steven Spielberg. Voilà trois arguments dans la poche de Cheval de guerre. Mais son box-office tiède, son absence aux guilds ne sont pas des indices encourageants. Il reste un joker à observer de près.

The Tree of Life
Hormis les nominations surprises de La Ligne rouge en 1999 (vous avez dit Seconde Guerre Mondiale ?), Malick et les Oscars, c’est pas trop ça. On parle de votants qui, en 2001, préféraient récompenser Ron Howard pour Un homme d’exception plutôt que David Lynch pour Mulholland Drive. Pourtant, si le film divise, The Tree of Life a certainement plus d’ardents défenseurs que ses concurrents. Un atout à ne pas négliger puisque le vote pour les nominations n’est pas qu’une liste de films élus dans un ordre quelconque, mais un ordre de préférence. Si la victoire est inaccessible pour le long métrage, il peut encore se glisser parmi les nommés. Sa présence répétée aux prix de la critique a consolidé ses petites chances, son absence aux Golden Globes, cérémonie qui est surtout une célébration des stars, sorte de succursale des MTV Awards tendance Studio Magazine, n’est pas synonyme d’élimination.

par Nicolas Bardot

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