Oscars 2012 - meilleur acteur: premiers pronostics

Oscars 2012 - meilleur acteur: premiers pronostics

Qui pour succéder à Colin Firth, couronné dans la catégorie meilleur acteur pour Le Discours d'un roi? FilmDeCulte fait le tri parmi les prétendants à la statuette. La compétition promet d'être chaude.

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LE FAVORI
Brad Pitt, Le Stratège

Honoré à peu près partout durant cette saison des prix, Brad Pitt a déjà son siège réservé pour le grand soir. Certains pensent déjà que la statuette lui est promise, et ils n'ont pas tort. Pitt a mis du temps pour être apprécié par les Oscars. Hormis sa nomination en second rôle il y a 15 ans pour L'Armée des 12 singes (avec un personnage de fou gesticulateur so Oscar), Brad Pitt a dû attendre 2009 et L’Étrange histoire de Benjamin Button pour recueillir sa première nomination en meilleur acteur. D'abord peu crédible, Pitt est devenu bankable, pour se voir offrir, ensuite, des projets plus luxueux et donc plus oscarisables. Le voici donc avec ce Stratège dont le rôle semble taillé pour les Oscars. Le film a été apprécié, son box-office a été solide. Contrairement à un Tom Cruise qui a toujours eu ses détracteurs, sa personnalité plus lisse pose moins de problèmes. Et puis, surtout, l'Académie adore ressusciter ses mythes. Ressusciter Doris Day en Renée Zellweger. Ressusciter Cary Grant en George Clooney. Ressusciter Robert Redford en Brad Pitt (pardon, Bob n'est pas mort). Les Oscars sont une aristocratie et marchent en lignées. Pitt est LA star, Pitt rapporte de l'argent, Pitt travaille avec des réalisateurs prestigieux, son Oscar lui pend donc naturellement au nez.

LES CHALLENGERS
George Clooney, The Descendants
En parlant de réincarnation... L'amour hollywoodien pour George Clooney n'a aucune limite. Il n'y a qu'à voir les Golden Globes qui, telles des groupies de 13 ans ou des pom-pom girls bouillonnantes, l'ont nommé meilleur réalisateur, meilleur scénariste et meilleur acteur cette année. Depuis 2006, Clooney a été nommé 5 fois aux Oscars. Il devrait récolter au moins une citation de plus cette année. George Clooney, unanimement aimé, joue dans The Descendants, unanimement apprécié, et sa performance est unanimement louée. Le film est un succès au box-office et, mine de rien, l'acteur n'a gagné qu'en second rôle aux Oscars (pour Syriana). Ce qui joue contre lui: tout le monde l'imagine au sommet de Hollywood, et tout le monde pense qu'il aura d'autres rôles oscarisables plus tard. La cote de Brad Pitt est plus récente, et celui qui gagne est celui qui est hot à l'instant X. Sa chance reste néanmoins réelle.

Jean Dujardin, The Artist
Qui aurait cru qu'un Nous C Nous finirait aux Oscars? La nomination de Jean Dujardin, comme celles de Clooney et Pitt, est assurée. Et sa victoire? Si l'on imagine un split entre les deux stars, avec par-dessus un love love love géant pour The Artist, et la patte Weinstein magique derrière tout ça, voir Jean Dujardin oscarisé n'est pas totalement inenvisageable. Mais il y a du chemin à parcourir. Lorsque Roberto Benigni gagne en 1998, on honore certes le film, mais on récompense aussi l'homme qui a fait rire tout le monde lors de la saison Oscar (14 ans après, beaucoup de votants doivent avoir envie de manger leur bulletin). Quand Marion Cotillard gagne en 2008, c'est après une campagne de promo irréprochable et un stage Wall Street English accéléré. Les premières mauvaises langues, sur le net, parlent plutôt de train wreck (un déraillement de train) au sujet de la promo menée par Dujardin. Les Oscars sont avant tout un concours de popularité, elle manquera peut-être au Français au moment des votes.

Leonardo DiCaprio, J. Edgar
Après l'échec relatif du film au box-office américain et des critiques moyennes, on avait un peu vite remballé les chances de Leonardo DiCaprio dans la catégorie meilleur acteur. Mais l'histoire nous donnait plutôt raison, car DiCaprio n'est pas vraiment un chéri des Oscars. Sa non-nomination pour Titanic avait beaucoup fait parler, à tort. Car les cinq nommés cette année-là le méritaient tous plus que lui. Nommé pour Aviator (personnage historique + folie + Scorsese), il est battu par Jamie Foxx. En 2007, il parvient à être nommé pour Blood Diamond mais l'année était particulièrement faible dans sa catégorie. C'est surtout en 2011 que vient la surprise: deux fois oscarisable (Shutter Island et Inception) dans deux hits au box-office chez des réalisateurs crédibles (Scorsese et Nolan), DiCaprio n'est même pas nommé. Le combo personnage historique + transformation physique + Clint Eastwood lui vaut finalement d'être toujours dans la course cette année, comme le confirment ses nominations aux SAG et aux Globes. Gagnant, probablement pas, nommé, peut-être.

Michael Fassbender, Shame
Dans un monde idéal, l'Oscar serait pour lui. Impressionnant dans Shame, Fassbender a explosé cette année, grâce au film de Steve McQueen mais aussi un palmarès qui allait d'un X-Men le commencement au dernier Cronenberg (duquel il est le seul à sortir indemne, côté interprétation). Peu auront autant irradié en 2011, mais sa victoire reste improbable. On a beaucoup parlé de lui, on a aussi beaucoup parlé de ses scènes de nu. Pénis, cet accessoire étrange et inédit dans la mallette de l'acteur oscarisable. Le sex-addict dépressif de Shame est moins oscar-friendly, et c'est rien de le dire, que tous les entraineurs de base-ball (surtout joués par Brad Pitt) et autres losers magnifiques (surtout joués par George Clooney) du monde. Autre désavantage: Shame a, pour le moment, rapporté 2 millions de dollars aux États-Unis. Sa nomination voudra d'abord dire "bienvenue", avant, peut-être, de gagner pour un rôle plus fade, moins ambigu, plus Oscar.

LES JOKERS
Ryan Gosling, Drive
C'est l'autre it-boy de l'année avec Fassbender. Pour Drive, mais aussi pour Les Marches du pouvoir et Crazy Stupid Love, deux interprétations moins intéressantes mais ce sont pourtant les deux que les Golden Globes, jamais les derniers pour les bévues, ont choisi de retenir parmi leur nominations. Gosling, it-boy certes, mais zéro citation aux Globes et aux SAG pour Drive. Le film, sans être un échec, n'a pas marché comme espéré aux États-Unis. C'est un film de genre, rien, malheureusement de très oscarisable. Et Gosling, tout simplement, a sa jeunesse contre lui. Il est assez piquant de voir Brad Pitt devenu acteur oscarisable maintenant qu'il approche la cinquantaine, et voir les mêmes votants faire sempiternellement la grimace face à des acteurs de moins de 35 ans. Les muscles de Gosling, comme le pénis de Fassbender, jouent contre lui: ça ne fait pas sérieux, ici, c'est papa qu'on récompense (contrairement à la catégorie actrice plus souvent dédiée à la Princesse Starlight Starbright de l'année). Son interprétation dans Drive est pourtant l'une des plus remarquées et louées cette année. Les plus observateurs auront noté que Gosling a déjà été nommé une fois, il y a 5 ans, à une époque où il était, par la force des choses, plus jeune qu'aujourd'hui. Mais sans exception, pas de règle...

Demian Bichir, A Better Life
La nomination surgie de nulle part aux SAG portera t-elle Demian Bichir jusqu'aux Oscars? Les Oscars aiment parfois leurs Poucet, et Bichir, dans un film 100% estampillé indé, pourrait créer une grosse surprise. Rappelons que les votants des SAG (les acteurs) forment le plus gros groupe de votants aux Oscars.

Michael Shannon, Take Shelter
Shannon, déjà nommé en second rôle en 2009 (Les Noces rebelles), jouait une vraie carte cette année. Mais Take Shelter, même à son petit niveau, n'a jamais décollé au box-office. Le buzz de Jessica Chastain s'est peu à peu reporté sur La Couleur des sentiments. Shannon, hormis sa nomination aux Spirit Awards, n'a pas fait les étincelles attendues lors de la saison Oscar. Un joker dont la nomination viendrait de très très loin.

Gary Oldman, La Taupe
Là encore, c'est une nomination qui est dans le viseur depuis l'automne, et puis plus rien. Gary Oldman n'a jamais été nommé aux Oscars, même pour le Dracula de Coppola. Pas forcément une surprise énorme car sa filmo n'est pas remplie de rôles oscarisables. Mais La Taupe, très attendu dans cette saison Oscar, est passé quasiment à travers tous les prix sans être distingué.

Woody Harrelson, Rampart
Là encore, le buzz a été vif pour Harrelson, déjà deux fois nommé aux Oscars (Larry Flynt en 1997 et The Messenger en 2010). Puis, plus rien ou presque: une nomination décorative aux Satellite Awards, une autre aux Spirit. Possible qu'il en reste là.

par Nicolas Bardot

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