Oscars 2012: le bilan !
The Artist et Hugo Cabret ont, comme prévu, dominé cette 84e cérémonie des Oscars. FilmDeCulte fait le bilan des temps forts de la soirée...
THANK YOU LIFE, THANK YOU LOVE
Alors que l'Oscar du meilleur long métrage en langue étrangère se refuse obstinément à la France (depuis 20 ans et la victoire d'Indochine), The Artist a en quelque sorte contourné cette difficulté en étant nommé directement dans la catégorie reine, celle du meilleur film. On perçoit déjà les fiers cocoricos et autres effusions présidentielles sur Twitter, mais la veille des Oscars, The Artist remportait la mise aux Spirit Awards, cérémonie exclusivement consacrée au cinéma indépendant... américain. The Artist, sans dialogues français (évidemment), tourné aux États-Unis avec une équipe en grande partie américaine, est parvenu à être suffisamment acceptable pour des votants habituellement rétifs aux films étrangers - celui-ci devait paraître français, mais pas trop. Pari réussi en tout cas, et il faut dire qu'après la victoire décourageante du Discours d'un roi l'an dernier, un prix à la fois tourné vers le passé et vers un cinéma sans prise de risque, le sacre de The Artist est celle d'un challenger, la récompense d'un cinéma hors formules, un choix plutôt réconfortant dans le cadre d'une cérémonie censée célébrer l'excellence. Certes, le lobbying de l'équipe Weinstein a été pachydermique, parfois jusqu'à la parodie, et l'Oscar vient aussi ponctuer le meilleur plan com' de l'année. Mais le résultat est là, et qu'un projet aussi atypique vienne s'imposer à Hollywood a quelque chose d'encourageant.
Hazanavicius prolonge la tendance qui, depuis 2008, voit des réalisateurs "poids léger", pas spécialement labellisés Oscar, remporter la statuette (Danny Boyle, Kathryn Bigelow et le quasi inconnu Tom Hooper), après des années où le prix allait des Coen à Eastwood en passant par Scorsese et Polanski. On est curieux de voir quelle sera la suite de sa carrière, à Hollywood ou pas. La carrière américaine de Jean Dujardin, qui se faisait encore hier traduire les questions sur le tapis rouge, semble plus compliquée, à part pour jouer les Maurice de service. Il est le premier Français sacré dans cette catégorie, 5 ans après la performance identique de Marion Cotillard chez les dames. Deux autres Oscars attendus (musique et costumes) sont venus compléter ce triomphe.
PEOPLE TAKE A BOW, SHOW ME THAT YOU LOVE ME
L'autre événement de la soirée, c'est (enfin !) le second Oscar accordé à Meryl Streep. Précisément, il s'agit de sa 3e récompense (elle a obtenu l'Oscar du meilleur second rôle pour Kramer contre Kramer), mais de sa 2e dans la catégorie lead, 29 ans après Le Choix de Sophie. Soit une éternité, et une anomalie réparée pour celle qui domine Hollywood de son talent et de sa constance depuis des années. Streep a fait un discours de gagnante, a d'abord embrassé sa principale concurrente (Viola Davis) avant de monter sur scène et a fait preuve d'esprit et d'humour comme on l'attendait. Son Oscar pour La Dame de fer n'est pas un prix de rattrapage car sa performance est indéniable. Si le pari d'incarner cette Thatcher-là était gonflé, on espère maintenant la voir dans des films plus ambitieux d'un point de vue cinématographique, même si la Streep n'a désormais plus rien à prouver. Le second moment classe de la soirée aura été l'Oscar à Christopher Plummer, 82 ans (presque autant que les Oscars qui en ont 84), et son discours de gentleman. Un prix venu couronner une carrière débutée 60 ans auparavant. On souhaite une telle longévité à Octavia Spencer, révélée par La Couleur des sentiments, qui a réussi à battre Bérénice Béjo ou la sensation de 2011, Jessica Chastain.
Hugo Cabret a, lui, pu entretenir l'espoir durant la soirée, en trustant une bonne partie des prix techniques. Une moisson méritée (effets spéciaux, photo, décors, et les deux prix du son) pour ce film qui, comme The Artist, célèbre le cinéma, l'amour du cinéma, avec une même foi réjouissante. L'autre Parisien de la soirée, Minuit à Paris, a permis à Woody Allen de remporter son premier Oscar depuis... 1987, en meilleur scénario. Les deux perdants de ce cru 2012 ont été Cheval de guerre et Le Stratège: 6 nominations, et aucun Oscar.
QUE LE SPECTACLE COMMENCE
Et le show dans tout ça ? Ok, sans plus. Le retour de Billy Crystal laissait augurer d'un spectacle huilé mais sans surprise. Ce fut effectivement huilé, mais sans surprise. Une présentation plus carrée que celle du couple très critiqué de l'an passé (Anne Hathaway et James Franco), sans prise de risque également. Mais les stars étaient là (contrairement aux César, où l'on célèbre le cinéma français à coup de Zoé Félix ou de Olivia Bonamy, les grands noms étaient conviés au festin), se succédant pendant 3 heures d'émission qui sont allées vite. Un peu trop ? Pas énormément de blagues (à part l'intervention à cymbales du duo Ferrel/Galifianakis), peu de clips Oscars dont les fans de la cérémonie sont friands (ceux qui donnent l'impression que la Mer Rouge va s'ouvrir après le moindre plan sur Judy Garland ou James Stewart). Le traditionnel hommage aux disparus a été sobre et poignant, n'oubliant pas Annie Girardot, s'achevant sur Elizabeth Taylor. Qui dit traditionnel hommage aux disparus dit traditionnel oubli: Théo Angelopoulos, Palme d'or pour L'Eternité et un jour, est zappé (mais pas le réalisateur de 30 ans sinon rien). Globalement, pour l'an prochain, on espère que le show parviendra à être aussi audacieux que le palmarès de cette 84e édition.
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