Oscars 2011: le compte-rendu

Oscars 2011: le compte-rendu

Quels sont les gagnants, les perdants, les tops et les flops de la 83e cérémonie des Oscars? FilmDeCulte passe en revue les moments forts et les ratés du cru 2011...

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On s'y attendait un peu: si la saison Oscar a été pleine de bons films (contrairement à l'année précédente), il n'y avait plus guère de suspens à la veille de la cérémonie. Quelques surprises en début de soirée ont tout de même fait illusion. L'Oscar attribué à Wally Pfister, nommé pour quasiment tous ses travaux sous la direction de Christopher Nolan, était une demi surprise. Pfister avait certes remporté le prix de la guilde, mais on imaginait bien Roger Deakins, nommé pour la 9e fois, en gagnant, d'autant que True Grit n'avait guère de chances ailleurs que dans cette catégorie. Finalement, le film est reparti bredouille. Pas un coup de tonnerre pour autant car les Coen étaient là en bonus trois ans après leur triomphe pour No Country for Old Men, sortent de leur plus gros succès commercial, et n'étaient de toute façon que challengers ce soir. Il faut cela dit remonter à Gangs of New York, en 2003, pour retrouver un film aussi nommé (10 fois) repartir les mains vides. L'autre surprise est arrivée dans la catégorie meilleure musique, aux goûts réputés assez classiques, et c'est pourtant la bande originale de The Social Network qui a été récompensée, au nez et à la barbe du Discours d'un roi. La surprise était très belle. C'était la dernière.

4 Oscars pour Le Discours d'un roi et que du beau (film, réalisateur, acteur, scénario original). 4 Oscars techniques pour Inception (photo, son, montage sonore, effets spéciaux). 3 Oscars récompensant la sophistication de The Social Network (scénario adapté, musique, montage). 2 Oscars en interprétation pour Fighter (seconds rôles masculins et féminins). Enchainement costumes-décors pour Alice au pays des merveilles. La chanson et le film d'animation à Toy Story 3. Et l'Oscar de la meilleure actrice pour Natalie Portman dans Black Swan. Rien n'est venu bousculer les pronostics dans les catégories-clefs. Portman, princesse sans couronne, n'avait pas encore une filmographie à sa hauteur avant Black Swan. Aronofsky est passé par là avec ce qui ressemble au rôle d'une vie. Sa catégorie était très relevée, ce qui ne rend sa victoire que plus belle. The Social Network, lui, n'a pu renverser la vapeur. Souverain lors des prix de la critique dont on surestime le pouvoir sur l'académie, le film de Fincher n'a pu secouer la machine à love de Tom Hooper, Le Discours d'un roi. Peu importe, serait-on tenté de dire, la victoire de ce dernier dans la catégorie reine: la récompense de 2011, c'était aussi d'avoir parmi les 10 nommés autant de films originaux, forts, sans étiquette calibré Oscar. A part Le Discours..., True Grit et, dans une moindre mesure, Fighter, tous sortaient des sentiers battus, tranchaient avec les canons classiques aimés et célébrés par l'académie. En témoigne, d'ailleurs, la jeunesse des nommés en réalisateurs. La catégorie meilleur réalisateur, parlons-en. C'est ici, précisément, que le goût laissé par le palmarès se fait plus amer. Aimer Le Discours d'un roi, crowd-pleaser plus accessible et rassembleur que des longs métrages comme Inception, Black Swan ou Winter's Bone, pourquoi pas. Juger meilleur le travail de Tom Hooper quand on vous propose, dans la même catégorie, Fincher, Aronofsky, les Coen, voire David O.Russell, il y a de quoi faire la grimace. On peut imaginer sans prendre trop de risques que l'Oscar à Hooper en réalisateur sera à ranger avec les prix attribués à Ron Howard en 2002 (face à Lynch, Altman ou encore Jackson!), ou à Gwyneth Paltrow et Roberto Benigni lors de la funeste cérémonie de 1999 dans le tiroir des grandes erreurs des Oscars.

Et le show dans tout ça? Du bon... et du vraiment moins bon. Commençons par le meilleur: les Oscars, LA cérémonie midinette par excellence, sont là pour vous fournir en haute dose de chic et de glamour. Deux jours après des César tristes comme un dimanche en Creuse, le cru 2011 a proposé une scénographie très classe, deux présentateurs over-sexy et très glam, et son traditionnel défilé de stars dont les doux mots d'esprit avaient le bonheur de sortir d'un prompteur correctement positionné (oui, on sait que la comparaison avec les César n'est pas très juste, mais le prompteur qui force les remettants à se faire un torticolis pour lire en biais était une des autres gloires de notre show à nous). Le cinéma, tout simplement, semblait à nouveau un peu à l'honneur lors de cette cérémonie. Les tentatives opportunistes de draguer un autre public ont été critiquées ces dernières années, avec en point culminant la précédente cérémonie où l'on avait laissé dans un fond de salle des légendes comme Lauren Bacall et Roger Corman, pourtant Oscars d'honneur, parce qu'on était plus motivé à l'idée d'avoir absolument Taylor Lautner sur scène afin de faire miauler le jeune public dans un grand fantasme MTV Awards. Stop au nivellement par le bas. Les stars étaient là (Nicole Kidman plutôt que Katherine Heigl, Kirk Douglas plutôt que Zac Efron - bon, ok, on a eu Matthew McConaughey aussi), les Oscars d'honneur étaient cette fois sur scène (sauf Godard, absent) et on a pu assister au retour des clips (la clef pour rendre une soirée Oscar plus dramatique!) lors des prix d'interprétation, accompagnés d'hommages réussis par les gagnants de l'an passé. Étrange choix, cependant, pour présenter les 10 nommés en film, noyés par la voix-off... du Discours d'un roi. En dépit de ce salutaire petit retour aux valeurs Oscar, le spectacle a déçu. Franco et Hathaway, malgré la pêche de cette dernière (son apathie à lui était plus curieuse), n'ont pas vraiment fait d'étincelles. Le pouvaient-ils seulement? Menée tambour battant par phobie du temps mort, la cérémonie n'a connu que peu de respiration. Et peu de show, peu de ce sens du spectacle qui fait des Oscars ce qu'ils sont. Pas un seul vrai moment mémorable ne restera de la cérémonie d'hier. On espère qu'en 2012, on gardera les quelques qualités mais en leur offrant un sérieux boost spectaculaire. Et par là, on ne fait pas référence à l'hommage aux morts chanté par Céline Dion - merci pour le cadeau les gars.

Le palmarès complet

MEILLEUR FILM
Le Discours d'un roi

MEILLEUR RÉALISATEUR
Tom Hooper pour Le Discours d'un roi

MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL
David Seidler pour Le Discours d'un roi

MEILLEURE ADAPTATION
Aaron Sorkin pour The Social Network

MEILLEURE ACTRICE
Natalie Portman dans Black Swan

MEILLEUR ACTEUR
Colin Firth dans Le Discours d'un roi

MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE
Melissa Leo dans Fighter

MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE
Christian Bale dans Fighter

MEILLEURE PHOTO
Wally Pfister pour Inception

MEILLEURS DÉCORS
Stefan Dechant pour Alice au pays des merveilles

MEILLEURS COSTUMES
Colleen Atwood pour Alice au pays des merveilles

MEILLEUR MONTAGE
Kirk Baxter, Angus Wall pour The Social Network

MEILLEUR SON
Lora Hirschberg, Gary A. Rizzo, Ed Novick pour Inception

MEILLEUR MONTAGE SONORE
Richard King pour Inception

MEILLEURS EFFETS SPECIAUX
Paul Franklin, Chris Corbould, Andrew Lockley, Peter Bebb pour Inception

MEILLEURE CHANSON ORIGINALE
Toy Story 3

MEILLEURE MUSIQUE ÉCRITE POUR UN FILM
Trent Reznor, Atticus Ross pour The Social Network

MEILLEURS MAQUILLAGES
Wolfman

MEILLEUR FILM ÉTRANGER
Revenge réalisé par Susanne Bier

MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE
Inside Job réalisé par Charles Ferguson

MEILLEUR FILM D'ANIMATION
Toy Story 3

par Nicolas Bardot

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