Oscar 2011 du meilleur film - derniers pronostics

Oscar 2011 du meilleur film - derniers pronostics

La 83e cérémonie des Oscars, c'est ce dimanche soir ! Qui remportera la précieuse statuette dans les catégories meilleur film et meilleur réalisateur ? FilmDeCulte passe la compétition à la loupe...

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Étrange saison cette année aux Oscars. Étrange car elle a passé son temps à jouer avec les attentes et les pronostics. Après une année 2009 famélique, 2010 s'est montrée beaucoup plus riche (et on peut légitimement penser que la moitié des 10 nommés l'an passé, de The Blind Side à Une éducation en passant par In the Air, seraient passés à la trappe face aux candidats du cru 2010). Pourtant, le suspens s'est vite réduit à un duel entre deux longs métrages qui se sont croisés. Dès les premières projections en festival, Le Discours d'un roi, sorti de nulle part, s'est imposé comme un favori. Puis, The Social Network a fait une razzia sans précédent dans les prix de la critique. Imbattable ? Que nenni. Les prix des guildes ont versé une sacrée douche froide sur la team Fincher : Le Discours d'un roi a remporté la guilde des producteurs, guilde des réalisateurs, prix du meilleur cast aux SAG (le prix qui, généralement, va au film le plus aimé de la sélection, se souvenir de Collision ou de Slumdog Millionaire qui avaient déjà créé la surprise) et, s'il n'avait pas été hors compétition à la guilde des scénaristes, il l'aurait probablement gagnée. Le suspens est fini ? Presque.

Les gagnants de ces dernières années ont montré que les Oscars avaient évolué. Finies les vieilleries des années 90, où le gagnant correspondait généralement à un canon classique et hégémonique (épopées héroïques, Seconde Guerre Mondiale, des Anglais et des costumes partout), avec parfois des ratés historiques (Shakespeare in Love, allo?) et l'impression que Hollywood ne pouvait pas aller de l'avant, ne pouvait que se regarder dans le miroir déformant de sa gloire d'hier. Au-delà de leurs qualités ou défauts, jamais des films comme Slumdog Millionaire ou Démineurs n'auraient gagné dans les 90's. Et si la polémique Collision en 2006 (année où Brokeback Mountain avait gagné quasiment tous les prix de la critique, remporté le PGA, le DGA, le Globe - Collision n'était même pas nommé) a prouvé que l'académie ne s'était pas encore totalement transformée en paradis progressiste (on se souvient de votants comme Tony Curtis ou Ernest Borgnine qui déclaraient très fièrement aux médias qu'il était hors de question qu'ils regardent un film pareil, en parlant du Ang Lee), celle-ci se tourne peu à peu vers une certaine modernité.

Sur les dix candidats en course ce dimanche, seuls deux correspondent vraiment aux goûts classiques de l'académie tels qu'on les connait : Le Discours d'un roi (Seconde Guerre Mondiale ! Handicap ! Couronne d'Angleterre !) et True Grit (car Hollywood adore revisiter ses propres légendes). Les autres passent pour une révolution. The Social Network et son histoire de petit génie du net, où personne n'est vraiment aimable (une hérésie pour les Oscars), Black Swan, film fou flirtant avec l'horreur (genre abhorré par l'académie), Inception et son onirisme vertigineux de rêves dans un rêve, Winter's Bone, bien loin de la production indépendante lisse (la seule qu'Hollywood reconnaît vraiment), The Kids Are All Right et ses lesbiennes normales, même pas honteuses, Toy Story 3, seulement le troisième film animé à être nommé aux Oscars, 127 heures et son énergie clip (et son climax gentiment gore), aucun d'entre eux n'est, sur le papier, Oscar-friendly. Le cas de Fighter, à la fois conventionnel et anti-conventionnel, est plus compliqué.

Et face à cette armée du renouveau, la logique est simplement celle des chiffres. Le Discours d'un roi rassemble une fan-base, un électorat qui existe encore, aux goûts peut-être plus classiques, tandis qu'on peut imaginer que les votes qui sont allés vers des productions plus modernes ces dernières années vont se disperser entre ces différents films. On peut se dire, également, que Le Discours..., porté par la machine à gagner Weinstein, doit aussi beaucoup à la victoire récente des Coen en 2008 : avec son triomphe récent au box-office, True Grit aurait pu faire un solide challenger. Reste donc le mystère Fincher. Seul véritable challenger à l'heure actuelle, ses chances sont désormais très minces. Et le carton plein du Discours d'un roi dans les nominations (le film est partout où il pouvait être, et même plus) tandis que The Social Network a loupé celle espérée en second rôle masculin (Andrew Garfield) est déjà un gros indice...

Côté réalisateurs, faisons un petit flashback. En 2002, David Lynch, Robert Altman, Peter Jackson, Ridley Scott et Ron Howard s'affrontaient pour l'Oscar. C'est Howard qui a gagné, et l'académie s'est couverte de honte. Tom Hooper sera t-il le Ron Howard de l'année ? Possible. Fincher reste favori, comme l'indique sa récente victoire aux BAFTA (les Oscars britanniques), mais le prix de Hooper aux DGA fait peur. Là encore, la division des voix peut profiter à un challenger, hypothèse fragile mais à prendre en compte. Darren Aronofsky peut jouer le rôle de joker. Les Coen ont déjà gagné, tandis que l'Oscar pour David O'Russell apparait comme too much, malgré la cote d'amour dont bénéficie le film (7 nominations contre 5 seulement à Black Swan).

par Nicolas Bardot

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