On the Job
Philippines, 2013
De Erik Matti
Scénario : Erik Matti, Michiko Yamamoto
Durée : 2h01
À Manille, deux détenus, Tatang et Daniel, bénéficient secrètement de droits de sortie occasionnels délivrés par des politiciens corrompus dont ils sont les tueurs à gages. Francis et Joachim, les deux policiers qui enquêtent sur les meurtres commis, sont loin d'imaginer que les criminels qu'ils recherchent sont déjà derrière les barreaux...
LES RUES DE FEU
Un carnaval multicolore, une femme fatale qui clope cachée derrière ses lunettes noires, des explosions sous la pluie et des flingues dressés dans la rue : la scène d’ouverture très réussie de On the Job donne le ton. Celui d’un divertissement généreux, spectaculaire, d’un pur polar qui n’a pas peur de ses codes. La démarche du Philippin Erik Matti (lire notre entretien) rejoint celle d’un Lino Brocka dans sa façon de marier discours social et forme populaire. Populaire, On the Job l’est, avec sa bande son cool et ses acteurs sexy. Le film est certainement trop long mais le spectacle est là, nous ne sommes pas face à du cinéma intimiste qu’on désignerait comme un polar parce qu’il y aurait une demi scène de tension et un coup de feu tiré. Matti et sa co-scénariste Michiko Yamamoto (jeune femme éclectique qui a également co-écrit… Remington and the Curse of the Zombadings) jouent le jeu au premier degré.
L’une des réussites de On the Job tient dans la façon dont Matti peint son décor. Manille, ces dernières années, était notamment le terrain de jeu de Brillante Mendoza : on a monté et descendu ses marches, on est entré dans ses cinémas, on s’est faufilé dans ses rues, on sentait même le gaz d’échappement des voitures. Matti fait également un film de Manille, où le décor est aussi ce dont on parle. En tête, la prison dans laquelle sont détenus deux des personnages principaux. Une ville dans la ville, avec ses codes et ses règles, que Matti met parfois en parallèle avec les entourloupes préparées par des élus. « On fait la nation » déclare l’un deux, et les malfrats d’On the Job aimeraient pouvoir tenir le même discours. Erik Matti allie avec succès un polar léché, porté par une belle mise en scène, et le portrait d’une société corrompue jusqu’à la moelle. Une solide réussite.