Oki's Movie
Ok-hui-ui yeonghwa
Corée du Sud, 2010
De Sang-Soo Hong
Scénario : Sang-Soo Hong
Avec : Yumi Jeong
Photo : Hongyeol Park
Musique : Zongyun We
Durée : 1h20
Sortie : 07/12/2011
Quatre histoires courtes, « Un jour d'incantation », « Le Roi des baisers », « Après la tempête de neige » et « Le Film de Oki », sur l'évolution de deux relations liées à la même femme mais aussi sur la nature du cinéma, les complications de l'amour et la difficulté de communiquer sincèrement.
MOVIE LOVER
Faste période pour le plus prolifique des réalisateurs coréens, qui, alors qu’il s’apprête à présenter son nouveau film sur la croisette à Un Certain Regard, a déjà illuminé en 2010 deux des plus grands festivals (Cannes et Venise) avec deux de ses meilleurs long-métrages : Hahaha et Oki's movie. Ce dernier se découpe en quatre segments. Non pas quatre court-métrages disparates mais quatre variations sur une même histoire centrale, mettant en scène les mêmes personnages (joués par les mêmes acteurs) et leurs hésitations amoureuses. Tous les éléments du cinéma de Hong Sang Soo sont à nouveau là, à tel point qu'on pourrait presque deviner à l'avance les pitchs de chacun de ses nouveaux long-métrages. Or, Oki's movie arrive à point nommé pour confirmer que si l'univers du cinéaste reste effectivement le même de film en film (et après tout pourquoi pas ?), des nuances y existent bel et bien. Chaque partie d'Oki's movie vient, malgré son apparente simplicité, semer le trouble dans sa manière de répondre à la précédente. Un jeu de miroir à la fois limpide et vertigineux, qui culmine par un film dans le film (mais en est-ce vraiment un ?) venant illustrer de manière presque conceptuelle tout l'art narratif de Hong Sang Soo, dans lequel la jeune héroïne s'amuse "les choses se répètent avec des différences que je ne peux pas comprendre". Variations de points de vue ? Contradiction ? Fantasmes de personnages se mettant eux-mêmes en scène ? Héros perdus dans leurs propres fantasmes? On le sait l’œuvre d’HHS est souvent très riche en interprétation possibles sur l’art de la narration, sur les frontières floues qui séparent la retranscription ou le souvenir de la fiction pure. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le génie du cinéaste se trouve justement dans l'art de faire passer ces théories par une mise en scène et une direction d’acteurs proche à la fois discrète et très élégante, et surtout avec la plus classe des grandes simplicités.