OSS 117 - Le Caire: nid d’espion

OSS 117 - Le Caire: nid d’espion
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OSS 117 - Le Caire: nid d’espion
France, 2005
De Michel Hazanavicius
Scénario : Jean-François Halin, Michel Hazanavicius d'après d'aprés l'oeuvre de Jean Bruce
Avec : Constantin Alexandrov, Aure Atika, Bérénice Bejo, François Damiens, Jean Dujardin, Philippe Lefebvre, Abdallah Moundy
Photo : Guillaume Schiffman
Musique : Ludovic Bource
Durée : 1h39
Sortie : 19/04/2006
Note FilmDeCulte : *****-
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Égypte, 1955, le Caire est un véritable nid d'espions. Tout le monde se méfie de tout le monde, tout le monde complote contre tout le monde: Anglais, Français, Soviétiques, la famille du Roi déchu Farouk qui veut retrouver son trône, les Aigles de Kheops, secte religieuse qui veut prendre le pouvoir. Le Président de la République Française, Monsieur René Coty, envoie son arme maîtresse mettre de l'ordre dans cette pétaudière au bord du chaos: Hubert Bonisseur de la Bath, dit OSS 117.

IN LIVING TECHNICOLOR

S’attaquer à une nouvelle version d’OSS 117 n’etait certainement pas une mince affaire. Entre un passé glorieux de 265 romans, huit films, de nombreuses bandes dessinées et pièces de théâtre, il apparaissait presque improbable de pouvoir remettre au goût du jour le fameux héros de Jean Bruce, tant cette création est ancrée dans son époque et dans une culture désormais désuète. De plus, quand il s’agit de raconter une histoire d’agent secret, l’ombre toujours trop présente de son confrère anglais, pourtant né quatre ans plus tard, plane lourdement sur la conscience collective. Néanmoins, ce héros hexagonal est une mine d’or, une source intarissable d’histoires d’espionnage, aux bons goûts féminins, et il aura fallu toute la motivation, l’humour et l’apanage de Hazanavicius, Halin et Dujardin pour redonner vie à une icône de notre culture populaire d’antan. Et retranscrire cette époque au charme suranné mais complètement obsolète, sans pour autant conduire le spectateur à rire du film mais avec le film. Le pari est relevé haut la main: tous les codes du genre y sont utilisés avec succès (nuits américaines, transparences en voitures, pellicule d’époque, Technicolor, etc.) et ce look volontaire et assumé des années 50, donne un crédit exotique et beaucoup d’allure à un projet qui n’en méritait pas moins. L’expression d’une ère révolue, à la situation géopolitique variable (car sans cesse en mouvement), dans un contexte de début de guerre froide et de déclin d’une époque colonialiste, finit donc d’asseoir cette nouvelle aventure d’Hubert Bonisseur de la Bath en tant que digne descendante des histoires de Jean Bruce. L’humour en plus, sans pour autant dépareiller avec ses aventures antécédentes.

L’autre problème auquel fut confrontée l’équipe, mais surtout le scénariste Jean-Francois Halin, était de donner corps, malgré la déconnade, à cette histoire improbable d’espionnage mondial. Objectif annoncé : faire de l’humour de la première à la dernière image. En réalisant un subtil mélange de tout ce que fut la France des années 50 durant la 4e république pour la forme, avec un humour influencé à la fois par le trio Zucker-Abrahams-Zucker, Le Magnifique de Philippe de Broca, et celui de Blake Edwards pour le fond, Halin signe une comédie de dialogue et d’action, en posant un regard décalé, moqueur et un peu ironique sur ce temps-là. Et le scénariste d’affirmer: "L’idée n’était pas de rire de quelqu’un, mais avec tout le monde. Notre volonté à tous etait de faire un film frais, du vrai cinoche, qui vous amuse et qui vous emmène dans une Egypte digne de Tintin et de Blake et Mortimer. Seul le rythme a été changé. La lenteur, ca n’est plus regardable aujourd’hui." Il suffisait donc de pousser jusqu’au bout cette logique de retranscription, pour obtenir une comédie décalée qui a tout de la série B mais vole déjà bien au-dessus. Oss 117 représente de fait une sorte de caviar cinématographique pour tous les spectateurs nostalgiques d’un certain passé et pour tous les amateurs de comédies décalés mais respectueuses.

HAZANAVICIUS RONGE SON OSS

Mais, pour les novices, qui est donc ce fameux Hubert Bonisseur de la Bath, connu aussi sous le nom de code d’OSS 117? Cet agent secret français aux ordres du président René Coty personnalise tout ce que pouvait représenter l’homme emblématique et témoin de l’institution de la période traitée. Il incarne une certaine culture virile et macho d’antan, possédant l’allure et l’élégance british de Sean Connery (un peu de Sean mais surtout beaucoup de conneries, dixit Jean Dujardin). Mais, revers de la médaille, représenter un tel personnage devait aussi compter sur une facette misogyne, colonialiste, homophobe, condescendante et dotée un énorme complexe de supériorité, allant avec cette enveloppe charismatique. Bref, un bien beau personnage. Car si tout cela représentait parfaitement l’idée du culte du héros tel que l’on pouvait se l’imaginer dans les années 50, la réactualisation du "surhomme" nécessitait évidemment d'en passer par le second degré. L’équipe principale a donc pris le projet à bras le corps pour lui insuffler le ton de la comédie. Ainsi le personnage est-il traité au premier degré, tandis que le monde dans lequel il évolue paraît plus léger. En effet, cet homme est doué pour beaucoup de choses mais n’a aucune intuition. Même s’il est franchement machiste et colonialiste, heureusement pour lui, les femmes ainsi que les étrangers sont là pour l’aider à penser et ce "con brillant" s’en sort toujours avec les louanges. Plus fort, il n’existerait pas, si toutes les personnes qu’il dénigre malgré lui ne savaient l’aiguiller sur les rails de la raison. Et il fallait évidemment tout le sens de la comédie du réalisateur Hazanavicius et du comédien Dujardin, pour pouvoir faire exister un tel héros sans tomber dans le crétin bas de gamme, qui aurait fait du film une gaudriole vulgaire et grasse. Heureusement pour nous, tout cela est bel est bien évité, et l’on n’a désormais qu’une seule idée en tête: celle de voir cette équipe s'atteler à une séquelle à cette succulente réussite.

par Christophe Chenallet

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