OSS 117 : Rio ne répond plus
France, 2008
De Michel Hazanavicius
Scénario : Jean-François Halin, Michel Hazanavicius d'après d'aprés l'oeuvre de Jean Bruce
Avec : Jean Dujardin, Alex Lutz, Louise Monot, Vogler Rüdiger
Photo : Guillaume Schiffman
Musique : Ludovic Bource
Durée : 1h40
Sortie : 15/04/2009
Douze ans après Le Caire, OSS 117 est de retour pour une nouvelle mission à l'autre bout du monde. Lancé sur les traces d'un microfilm compromettant pour l'Etat français, le plus célèbre de nos agents va devoir faire équipe avec la plus séduisante des lieutenants-colonels du Mossad pour capturer un nazi maître chanteur. Des plages ensoleillées de Rio aux luxuriantes forêts amazoniennes, des plus profondes grottes secrètes au sommet du Christ du Corcovado, c'est une nouvelle aventure qui commence. Quel que soit le danger, quel que soit l'enjeu, on peut toujours compter sur Hubert Bonisseur de la Bath pour s'en sortir.
ON NE VIT QUE DEUX FOIS
Fort de plus de 2 millions d’entrées salles, d’une succulente opération DVD et d’un statut de "culte" instantané et entièrement mérité, il n’en fallait pas moins à toute l’équipe d’OSS 117 : Le Caire, nid d’espions pour rempiler et ainsi offrir cette suite complètement indispensable et toujours aussi haute en couleurs afin de satisfaire de nouveau des spectateurs en cruel manque de comédie digne de ce nom. Toujours aussi déconne, cette très libre adaptation des romans de Jean Bruce retrouve donc immédiatement le ton de son aînée et s’en donne une nouvelle fois à cœur joie pour nous faire partager les aventures de cet absurde héros qui cultive encore plus son côté Belmondo du Magnifique, éternel gentil con et bellâtre à qui tout réussit malgré lui, sûr de son talent, fier de son élégance et de son irrésistible virilité de Français, mais au final complètement dépassé. Dépassé? Has-been? Oui! Car malgré son phrasé et sa posture de crétin congénital qui nous sublime ce personnage, aux yeux du monde, OSS 117 a perdu de sa superbe. Choc des cultures et des générations, les douze années qui séparent la première aventure de celle-ci ont vu la progression d’un monde et l'avancée des mentalités. Et ce train de l'évolution, notre héros semble bien l’avoir raté. Le voilà donc, toujours assis naïvement sur ses opinions et se promenant dans un contexte pré-68, au milieu des hippies, de la libération sexuelle et de la liberté de parole féminine. Une époque opposée à ses valeurs mais dont il ne soucie pas, percevant ces mouvements comme des "erreurs" de jeunesse. Attention, la rencontre de ces deux univers est explosivement drôle, le trio Hazanavicius/Halin/Dujardin sachant user nos zygomatiques en forçant ces oppositions de mœurs et le politiquement incorrect dans la bouche d'un âne qui ne se rend pas compte de ce qu'il est. Bref, le héros est toujours là et sa puissance comique l'accompagne plus que jamais.
L’HOMME DE RIO
Qui dit changement d’époque dit logiquement changement de style visuel. Et après l'école de mise en scène 50's, place à celle post Nouvelle Vague des 60’s avec split-screens (attention à l’utilisation intempestive), zooms et technicolor de rigueur, appuyés par un premier degré jamais parodique. Lumière pop et direction artistique toujours aussi impeccable, OSS 117 : Rio ne répond plus s'offre encore une fois la panoplie du parfait petit film d'espionnage d’époque, enchaîne les décors comme un James Bond enchaînerait les conquêtes et fait de l'action et de l'aventure sa ligne de conduite principale. Exit la comédie de bons mots ? Non, bien sûr. Mais c'est plus le comique de situation qui remporte la manche ici, même si on y retrouve certains éclats verbaux. Certains pourront trouver à en redire, on le concède, d’autant qu’il n’y a plus d’effet de surprise ni la fraîcheur de la découverte d’un tel univers et que l’attente était peut-être fatalement trop forte. Mais cela permet au trio principal et infernal de pousser le bouchon encore plus loin dans la bêtise, rendant le personnage encore plus con et borderline dans son racisme candide, sa logique misogyne et son évidente incompétence tout en évitant le trop plein de scènes "miroir" qui reprendraient des éléments du premier film et qui donneraient à celui-ci un arrière goût de déjà-vu. Alors malgré toutes ces petites réticences, qui n’en sont pas non plus vraiment, OSS 117 : Rio ne répond plus remplit pleinement son contrat de quasi certaine comédie française de l’année et on attend d’ores et déjà le futur et obligatoire troisième volet avec impatience.