Nominations Oscars 2016: les gagnants et les perdants
Les nominations aux Oscars viennent d'être dévoilées. Quels sont les gagnants et les perdants à ce stade ? Gros plan.
Alejandro Gonzalez Inarritu fera t-il coup double après le triomphe de Birdman l'an passé ? The Revenant a en tout cas frappé un grand coup en recueillant 12 nominations ; en meilleur film, réalisateur ou acteur comme on pouvait s'y attendre, mais aussi en effets spéciaux au nez et à la barbe de blockbusters. Preuve d'une grosse vague de love, le film a obtenu des citations que pas grand n'avait vu venir, comme celle de Tom Hardy en second rôle. Autre gagnant, Mad Max : Fury Road qui brille avec 10 citations. Si Charlize Theron reste inexplicablement absente comme durant le reste de la saison, ce film, assez peu Oscar-friendly, a franchi une haie sur laquelle d'autres films correspondant peu aux goûts de l'Académie, comme les Dark Knight de Nolan, ont trébuché. Pour la gagne, ce sera une autre paire de manches.
Le plus gros succès au box-office parmi les films nommés dans la catégorie reine, Seul sur Mars, a obtenu 7 citations. Une belle performance obscurcie pourtant par la très surprenante absence de Ridley Scott. A l'heure où la campagne Oscar d'un film concurrent pleurniche sur son acteur, certes excellent, mais qui serait overdue à 41 ans (suivez notre regard), voir un cinéaste aussi chevronné, déjà nommé par l'Académie mais jamais couronné, auteur de films populaires et/ou cultes, à la tête d'un de ses plus gros succès à 78 ans, et finalement éliminé avant même la cérémonie, a de quoi surprendre. Le Pont des espions se retrouve dans une situation assez voisine, même si l'historique de Spielberg aux Oscars est largement plus généreux que celui de Scott. Le film récolte 6 nominations, mais pas celle en meilleur réalisateur. Spotlight, qui ne pouvait pas prétendre à des citations dans les catégories techniques, fait carton plein avec 6 nominations (dont celle de Rachel McAdams en second rôle qui fait grincer les dents de pas mal d'observateurs). Il s'agit peut-être là du vrai challenger de The Revenant.
Carol récolte lui aussi 6 citations. Mais douche froide : il n'est nommé ni en meilleur film, ni en meilleur réalisateur (on serait d'ailleurs tenté, vu les nominations dans cette dernière catégorie, de demander aux votants : « définissez mise en scène »). C'est la première fois depuis les nouvelles règles (et donc depuis qu'il peut y avoir entre 6 et 10 nommés à l'Oscar du meilleur film) qu'un long métrage obtient autant de citations en loupant la catégorie-reine. Comment l'expliquer ? L'émotion dans Carol est probablement trop retenue (comprendre, en prenant moins de pincettes : l'Académie préfère les films plus gras), et Carol a également la malchance de tomber une année où les votants ont fait un effort assez extraordinaire : sur les 8 nommés en meilleur film, 3 ont un personnage principal féminin (Room, Brooklyn et Mad Max : Fury Road). Ce score était de zéro l'an passé. Comme pour Loin du paradis il y a une dizaine d'années, Todd Haynes a fait partie des favoris toute la saison avant d'être éjecté le jour J. Room et Brooklyn, pourtant peu cités (respectivement 4 et 3 fois) font partie des gagnants puisqu'ils ont réussi à se glisser dans la catégorie meilleur film. Tout comme The Big Short, qui vaut à Adam McKay une nomination sur laquelle on rira probablement dans quelques années. Parmi les belles surprises : la première nomination de Charlotte Rampling pour 45 ans ou la très belle sélection en film d'animation qui a laissé de côté les productions industrielles et a retenu des films tels que Le Garçon et le monde, Souvenirs de Marnie ou Anomalisa.
S'il y a des heureux, il y a forcément des déçus. Outre Carol, l'attrape-Oscars The Danish Girl se contente de 4 citations, ce qui ne semble déjà pas si mal vu le buzz du film. Les 8 salopards obtient 3 belles nominations (photo, second rôle pour Jennifer Jason Leigh – une première – et musique) mais rien de plus, notamment en scénario original (il y avait pourtant de la place). Le buzz général s'interrogeait sur les capacités de Star Wars a transformer son omniprésence médiatique et ses dollars en nominations aux Oscars. Le film en recueille 5, mais toutes dans les catégories techniques. Ultra-favori en début de saison, Steve Jobs a explosé en plein vol après son bide en salles. Mais personne n'avait vu venir l'absence d'Aaron Sorkin dans la catégorie scénario.
Parmi les acteurs présents depuis le début de la saison des prix et finalement recalés aux Oscars : Johnny Depp pour Strictly Criminal, Helen Mirren pour La Femme au tableau et Trumbo, Alicia Vikander pour Ex-Machina, Kristen Stewart pour Sils Maria ou encore Idris Elba pour Beasts of No Nation. Le cas de ce dernier fait parler puisque pour la première fois depuis 1997 et 1998, c'est la seconde année de suite que l'intégralité des acteurs et actrices nommés sont blancs. Idris Elba avait été nommé aux SAG, aux Globes et aux Bafta, ce qui en toute logique devait lui « offrir » une nomination à l'Oscar du meilleur second rôle – ce n'est finalement pas le cas. Les Oscars restent donc très blancs, encore plus si l'on considère le traitement de candidats tels que Creed (une seule citation... pour Sylvester Stallone) et surtout Straight Outta Compton (dont, ironiquement, la seule citation est allée... à ses scénaristes blancs). Or, un biopic musical qui fait 160 millions de dollars au box-office, se retrouve dans le top de l'AFI et est nommé aux PGA, quelle que soit sa qualité (et on en a vu, des productions tiédasses plébiscitées aux Oscars), intègre généralement la catégorie principale. L'idée n'est évidemment pas d'instaurer des quotas: mais les votants (essentiellement blancs et relativement âgés) savent-ils regarder autre chose que leur nombril et les films qui ne parlent que d'hommes blancs en crise existentielle ? Voilà qui devrait permettre quelques vannes aux présentateur de la soirée, Chris Rock...
Les Oscars auront lieu le 28 février. En attendant nos pronostics complets sur les nommés, retrouvez toute les nominations en cliquant ici.
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