Ni le ciel ni la terre
France, 2015
De Clément Cogitore
Scénario : Thomas Bidegain, Clément Cogitore
Avec : Swann Arlaud, Kévin Azaïs, Finnegan Oldfield, Jérémie Renier
Durée : 1h40
Sortie : 30/09/2015
Afghanistan 2014. À l'approche du retrait des troupes, le capitaine Antarès Bonassieu et sa section sont affectés à une mission de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée du Wakhan, frontalière du Pakistan. Malgré la détermination d'Antarès et de ses hommes, le contrôle de ce secteur supposé calme va progressivement leur échapper. Par une nuit de septembre, des soldats se mettent à disparaître mystérieusement dans la vallée.
L’EVAPORATION DE L’HOMME
Il y a évidemment quelque chose d’extrêmement cinégénique et de fascinant dans le sujet du premier long métrage de Clément Cogitore, Ni le ciel ni la terre. Dans un no man’s land montagneux d’Afghanistan, des soldats disparaissent les uns après les autres, sans aucune explication. Ni le ciel ni la terre s’ouvre par des sons d’orage. L’image, délavée, semble presque en noir et blanc. Quelque chose gronde mais on ne sait pas encore ce que c’est. Malheureusement, ce premier essai honorable n’est pas tout à fait à la hauteur de ses excitantes promesses. Il n’y a véritablement qu’un moment où le réel est démenti dans Ni le ciel ni la terre, lorsqu’un plan sans coupe suggère une disparition impossible. Mais la plupart du temps, la première réalisation manque d’hésitation fantastique. Le film suit le parcours du capitaine Antarès Bonassieu, bloc monolithique dont les certitudes seront à peine fissurées par l’impensable, mais le film reste trop de son côté et d’un traitement trop français de ce type d’histoire : carré et rationnel.
On évoque à un moment de Ni le ciel ni la terre la disparition plus concrète d’un soldat : le corps explosé, retrouvé en puzzle, il n’en reste pratiquement plus rien. Une tension anxiogène s’invite efficacement, notamment dans les plans tournés la nuit et où l’on n’est jamais sûr de ce que l’on voit – ou pas. Cogitore n’explore peut-être pas assez ces incertitudes, sa mise en scène (à part lors de la scène évoquée plus haut) ne prend pas le temps de la contemplation et du doute. La bascule n’est pas assez forte, le trouble ne prend pas vraiment, ce qui rend le récit plus monotone qu’onirique. Certes, le sujet de Ni le ciel ni la terre est fort et témoigne d’une vraie curiosité, a fortiori pour un premier long, tandis que le cast emmené par Jérémie Renier est irréprochable. Mais il est davantage question de fantastique et de mysticisme dans le dossier de presse de Ni le ciel ni la terre que dans le long métrage lui-même.