Never Grow Old
Irlande, 2019
De Ivan Kavanagh
Scénario : Ivan Kavanagh
Avec : John Cusack, Deborah François, Emile Hirsch
Photo : Piers McGrail
Musique : Aza Hand, Gast Waltzing
Durée : 1h40
Sortie : 07/08/2019
Un charpentier et entrepreneur de pompes funèbres irlandais Patrick Tate vit avec sa jeune famille à la périphérie d’une petite ville sur la route de la Californie pendant la ruée vers l’or de 1849. La vie y est dure mais paisible jusqu’à l’arrivée de Dutch Albert et sa bande de Hors-la-loi qui va tout faire basculer et l’obliger à protéger sa famille…
L’AMERIQUE, JE VEUX L’AVOIR ET JE L’AURAI
Le salut du western serait-il européen ? La question peut se poser tant de Brimstone aux Les Frères Sisters en passant par ce Never grow old, le genre propose ces derniers temps de plonger dans un univers à l’opposé de l’image d’Epinal qu’on lui connait (les longues promenades à cheval, le soleil couchant sur la vallée de la mort ou les duels héroïques) en nous attirant plutôt vers quelque chose de moins glamour et touristique. A la fois western crépusculaire à la direction artistique exemplaire et drame anthropologique, Never grow old pourrait se décrire comme une chronique, une brève histoire de l’Amérique où l’on navigue entre boue, saloon décrépis, corruption, veulerie, cupidité et difficulté d’un peuple naissant à trouver sa voie tant ce dernier se présente comme tiraillé entre la plongée dans une certaine sauvagerie propre à l’époque et l’accès à la modernité et la civilisation. Ça et l’omniprésence d’une religion ultra puritaine et sans nuance gérée par des prêcheurs hypocrites et qui engendrera la frustration d’un auditoire qui ne sait percevoir ses limites. C’est dans ce contexte incertain que se rencontrent et vont devoir s’affronter le jeune Patrick Tate (Emile Hirsch), affable charpentier / croque-mort issu de l’immigration et la crapule Dutch Albert (John Cusack), chasseur de primes aux réflexions philosophiques et au chapeau noir à la Marc Veyrat, deux antagonistes au destins forcément opposés mais dont la complémentarité semble pourtant évidente (en tout cas pour nos yeux de spectateurs) au sein de cette nation encore balbutiante. Tout en progression lente et étouffante, le film prend son temps et mise tout sur son atmosphère pour attirer le spectateur à ses côtés. Evitant un certain misérabilisme, il ne cache toutefois jamais la détresse des certains des habitants, la pauvreté et la misère que représentaient certaines conditions de vie de l’époque tout comme il ne fait pas l’impasse sur l’immoralité du profit qu’on peut tirer des bas instincts de l’être humain. Mais c’est aussi là que s’arrêtent les qualités du film. Car malgré toute la bonne volonté de son réalisateur / scénariste, le film peine à décoller et à aller au-delà du simple constat sociétal, le parcours des deux héros ne réservant pas de surprises suffisamment conséquente pour captiver et gagner ses galons d’œuvre référence. Pas grave, l’ensemble reste suffisamment agréable à regarder pour son atmosphère pesante et son regard sur une époque qu’on ne connait pas vraiment sous ce jour. Mais c’est peu près tout ce dont on arrivera à se souvenir au sortir de la projection.