Nana

Nana
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Nana
France, 2011
De Valérie Massadian
Scénario : Valérie Massadian
Avec : Kelyna Lecomte
Photo : Léo Hinstin, Valérie Massadian
Durée : 1h08
Sortie : 11/04/2012
Note FilmDeCulte : ****--
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Nana a quatre ans et vit dans une maison de pierres par delà la forêt. De retour de l’école, une fin d'après-midi, elle ne trouve plus dans la maison que le silence. Un voyage dans la nuit de son enfance. Le monde à sa hauteur.

LA JEUNE FILLE ET LA MORT

Voilà un film fort singulier que Nana, premier long-métrage de Valérie Massadian, qui vient tout juste de remporter le Léopard du meilleur premier film au dernier Festival de Locarno. Un film tout court mais ambitieux, discret mais brillant, exigeant et pourtant très simple. Le film commence sur des apparences trompeuses : celles d’un hyperréalisme agricole et enfantin un brin austère, où la parole se fait rarissime. Pourtant Nana ne fait même pas semblant de se réclamer de la grande famille des films à-enfants-qui-découvrent-la-nature, et évite tous les trucs et tics des enfants acteurs, du misérabilisme ou de l’émerveillement toc que le spectateur pourrait projeter sur la fillette éponyme. Valérie Massadian affiche en effet rapidement une manière bien à elle de mixer la fiction et le documentaire. Pas au sens classique ou attendu du terme, mais dans le sens où chaque élément narratif (Qui est qui ? Que de passe-t-il réellement ?) est ici à deviner, laissé au soin de la capacité du spectateur à lire entre les lignes, et donné à voir à travers le prisme d’une héroïne dont on ne sait jamais vraiment ce qu’elle sait ou comprend du monde qui l’entoure.

Car Nana est surtout un film rempli de mystère. Alors que rien ne semble à première vue venir perturber le réalisme simple de chaque scène (aucun effet de manche dans la mise en scène, qui reste discrète et rigoureuse), une tension sourde s’installe à pas de loups et vient faire planer un certain malaise, une atmosphère de légère angoisse. Que la mère ait des gestes un peu brusques en faisant sa toilette, et c’est tout un pan d’interprétations possibles qui passe comme une ombre menaçante sur le film, celui d’une violence domestique réelle ou fantasmée. Qu’elle se retrouve subitement absente de quelques plans, et tout un éventail de catastrophes possibles vient saisir d’angoisse. La force du film se trouve bel et bien là : dans sa manière de parvenir à mener un véritable récit et de créer de la tension avec un matériau très réduit, faussement aride, en misant presque tout sur le hors-champ, sur les non-dits. On pense parfois à La Peur, petit chasseur, le court métrage de Laurent Achard, mais aussi (dans un registre moins grave) aux films de Michelangelo Frammartino, pour cette manière de conjuguer silence et mystère, de stimuler à la fois l’intellect et l’imagination du spectateur. Court et exigeant, Nana ne vaudra sans doute jamais un kopeck sur l’échelle Studio Magazine du cinéma français, mais il témoigne d’une véritable personnalité de cinéaste, d’une intransigeance et d’une ambition narrative des plus stimulantes. De quoi rendre particulièrement curieux sur la suite de la carrière de sa réalisatrice.

par Gregory Coutaut

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