Mostra de Venise 2013: notre dossier
Toutes toutes toutes toutes toutes les informations sur la Mostra de Venise, c'est dans notre dossier spécial !
C’est probablement une hérésie de juger une sélection de festival avant d’avoir vu les films, mais le line-up de la 70e Mostra de Venise est peut-être moins excitant que d’habitude. Certes il y a de grands noms, le chêne Miyazaki en tête. Mais entre les réalisateurs à demi-has been (même si « les grands réalisateurs ne meurent jamais » comme l’indiquait Thierry Frémaux… au sujet de Dario Argento), ceux sortis d’un chapeau (John Curran, dont le dernier film est un thriller avec Robert de Niro et Milla Jovovich), ceux gonflés par une hype imméritée (James Franco, Grand Chelem de l’année après Berlin et Cannes) et le traditionnel remplissage italien, une partie de la compétition semble s’être échappée de la sélection Orizzonti. On est tout à fait ouverts à la découverte et nous laissons une très large place dans nos articles aux premiers films et jeunes réalisateurs. Mais, contrairement à Cannes ou Berlin, ou surtout aux festivals défricheurs comme Rotterdam et Locarno, Venise n’est pas forcément le festival de l’année où naissent les plus grandes révélations. Ce manque de plus grands noms étonne un peu (même s’il ouvre, d’une certaine façon, la compétition) mais va dans le sens d’un festival qui a parfois un peu de mal à lutter contre la concurrence. Toronto en tête qui lui a chipé le très attendu 12 Years a Slave et probablement d’autres qui seront annoncés ultérieurement. Locarno également où seront diffusés entre autres les nouveaux Kurosawa et Hong Sang-Soo. Y’aura-t-il des ajouts prestigieux (il n’y a pour le moment que 18 films en compétition) ? Ou tout simplement de très bonnes surprises ? Gros plan sur cette sélection.
The Wind Rises vient de sortir avec succès au Japon. Hayao Miyazaki revient en compétition à la Mostra après être reparti bredouille pour Ponyo sur la falaise et signe un film semble t-il destiné à un public plus adulte. Un seul autre asiatique accompagnera le maître japonais en compétition : le Taïwanais Tsai Ming-Liang, Lion d’or il y a bientôt 20 ans avec Vive l’amour, qui revient avec Stray Dogs, film au sujet duquel les informations ne se bousculent pas. Pour le moment, un tiers de la compétition vient des Etats-Unis. Peut-être le plus excitant : Night Moves, le nouveau film de Kelly Reichardt suivant le parcours de trois écologistes qui ont l'intention de faire sauter un barrage. Nouveau changement de registre pour la réalisatrice des splendides miniatures Old Joy, Wendy & Lucy et La Dernière piste. David Gordon Green tentera de confirmer son come-back entamé en début d’année à la Berlinale avec Joe, où il dirige Nicolas Cage en ex-prisonnier qui tente de refaire sa vie auprès de son fiston. Parkland met en scène Zac Efron dans un drame autour de l’assassinat de JFK. The Unknown Known est un documentaire réalisé par Errol Morris (The Fog of War) consacré à Donald Rumsfeld. Child of God de James Franco raconte l’histoire d’un homme qui prône la violence et décide de vivre dans une grotte. Enfin, le nouveau Terry Gilliam, co-production Etats-Unis/Royaume-Uni, est un film de science-fiction sur un génie de l'informatique excentrique et asocial, souffrant de névroses existentielles, qui cherche à découvrir le sens de la vie... Au casting : Christoph Waltz, Tilda Swinton ou encore Matt Damon. Du voisin canadien viendra un des candidats très attendus : Tom à la ferme, par un Xavier Dolan pour la première fois hors de Cannes. Cette adaptation d’une pièce raconte l’histoire d’un jeune publicitaire qui se rend aux funérailles de son amant. La mère du défunt ignorait son existence ; le frère du défunt l’oblige à se faire passer pour un simple ami.
Côté Europe, le trio italien est composé du vétéran Gianni Amelio, comme chez lui à Venise (5e sélection en compétition) et qui présente la tragi-comédie L’Intrepido ; d’Emma Dante qui, avec Via Castellana Bandiera, adapte son propre roman racontant l’affrontement absurde de deux femmes (parmi elles, Alba Rohrwacher) ; et peut-être plus intrigant : le documentaire Sacro Gra de Gianfranco Rosi, dont Edouard Waintrop nous parlait en termes élogieux dans notre entretien. Le Royaume-Uni aura trois autres candidats en plus de Gilliam. Stephen Frears retrouve Judi Dench dans Philomena. Le film raconte l'histoire d'une femme qui, en Irlande, a été contrainte d'abandonner son enfant et qui part à sa recherche. Tracks de John Curran raconte l’histoire d’une femme (Mia Wasikowska) qui a parcouru près de 3000 kilomètres dans le désert australien avec ses chameaux et son chien. Plus excitant, Under the Skin est le retour de Jonathan Glazer, près de dix ans après Birth. Globalement conspué à l’époque, le sublime Birth a largement été réévalué par la critique. Under the Skin, qui met en scène Scarlett Johansson en extraterrestre débarquant sur Terre, mettra t-il dix ans avant d’être apprécié ?
La France, habituellement très représentée en festivals, est plus en retrait. Philippe Garrel présente son nouveau long métrage, La Jalousie, avec Louis Garrel et Anna Mouglalis. Deux co-productions également : l’Algérien Merzak Allouache (Chouchou, Le Repenti) vient avec Les Terrasses qui raconte cinq histoires distinctes se déroulant sur cinq terrasses d’immeubles algériens. L’Israélien Amos Gitai présente Ana Arabia, filmé en un plan séquence de 90 minutes. L’Allemand radical Philip Gröning raconte en un film-fleuve la vie de couple tourmentée d’un policier et de son épouse. Enfin, le Grec Miss Violence d'Alexandros Avranas est un drame sur une famille endeuillée par le suicide de leur fille de 11 ans. Mais s’agit-il vraiment d’un suicide ?
Outre les films en compétition, d’autres longs métrages devraient retenir l’attention. En tête, le très attendu film d’ouverture, la science-fiction de Gravity qui s’est déjà dévoilée en quelques extraits très prometteurs. Wang Bing sera de retour avec un documentaire de près de 4 heures (Feng ai), une durée dépassée par le nouveau doc de Frederick Wiseman (At Berkeley). Kim Ki-Duk, Lion d’or l’an passé avec Pieta, sera hors compétition avec le polémique Moebius. Paul Schrader devrait faire parler de lui avec The Canyons, son film écrit par Bret Easton Ellis avec Lindsay Lohan et la pornstar James Deen (mais, contrairement à ce qu’annoncent des collègues avides de clics, ce n’est pas un film X). Côté cinéma de genre, le Japonais Sono Sion viendra avec son thriller Why Don’t You Play in Hell (que les chanceux parisiens pourront découvrir en même temps à l’Etrange Festival). L’Australien Greg McLean signe lui-même la suite de son petit hit d’horreur Wolf Creek 2. Enfin, l’Américain Ti West présente The Sacrament, film d’horreur dont le sujet reste secret et qui est produit par Eli Roth.
La 70e Mostra de Venise se déroulera du 28 août au 7 septembre.
Compétition
Les Terrasses de Merzak Allouache (Algérie/France)
L'Intrepido de Gianni Amelio (Italie)
Miss Violence d'Alexandros Avranas (Grèce)
Tracks de John Curran (Royaume-Uni)
Via Castellana Bandiera d'Emma Dante (Italie/Suisse/France)
Tom à la Ferme de Xavier Dolan (Canada/France)
Child of God de James Franco (États-Unis)
Philomena de Stephen Frears (Royaume-Uni)
La Jalousie de Philippe Garrel (France)
The Zero Theorem de Terry Gilliam (Royaume-Uni, États-Unis)
Ana Arabia d'Amos Gitaï (Israël/France)
Under the Skin de Jonathan Glazer (Royaume-Uni)
Joe de David Gordon Green (États-Unis)
Die Frau des Polizisten de Philip Gröning (Allemagne)
Parkland de Peter Landesman (États-Unis)
The Wind rises d'Hayao Miyazaki (Japon)
The Unknown Known: the Life and Times of Donald Rumsfeld d'Errol Morris (États-Unis)
Night Moves de Kelly Reichardt (États-Unis)
Sacro Gra de Gianfranco Rosi (Italie)
Stray Dogs de Tsai Ming-liang (Taiwan/France)
