Moon
États-Unis, 2009
De Duncan Jones
Avec : Sam Rockwell, Kevin Spacey
Musique : Clint Mansell
Durée : 1h37
Sam Bell vit depuis plus de trois ans dans la station lunaire où il gère l'extraction de l'hélium 3, seule solution à la crise de l'énergie sur Terre, souffrant en silence de son isolement et de la distance le séparant de sa femme et de sa fille. Quelques semaines avant la fin de son contrat, Sam se met à voir et à entendre des choses étranges...
SPACE ODDITY
Découvert au Festival de Sundance en janvier 2009, passé à l'Etrange Festival en septembre dernier et à présent sélectionné à Gérardmer, Moon s'est bâti en un an une jolie petite réputation. Premier long métrage de Duncan Jones, qui n'est autre que le fils de David Bowie, Moon ne déçoit pas. L'intérêt principal des films de science-fiction à petit budget, c'est qu'ils sont tout l'inverse de films comme Avatar. On ne peut pas créer un univers de fou avec de l'action badass alors on est obligé de donner dans l'introspection de personnage, dans le récit contenu, la quasi-unité de lieu, etc. Et en cela, l'ouvrage du jeune réalisateur s'avère plutôt original et rudement bien troussé. Pour un film qui n'a coûté que 5 millions de dollars, même si on sent parfois les images de synthèse un peu lisses, c'est quand même bien foutu. Cependant, au-delà de la débrouillardise technique, c'est l'inventivité du postulat de départ (qu'on ne saurait révéler) qui surprend et l'intelligence de l'écriture qui laisse imaginer des centaines de choses tout en exploitant au mieux son postulat. Sans aller jusqu'à trouver au film une personnalité immédiatement et indéniablement décelable (le film est clairement influencé par ses plus illustres aînés tels que 2001, l'odyssée de l'espace ou Solaris), il fait néanmoins preuve d'une originalité certaine, ne serait-ce que dans la manière dont il évite certains clichés du genre. En effet, Jones utilise ses références pour mieux détourner certains codes, évite les discours mille fois entendus, les twists convenus ou les archétypes vus et revus. Derrière son aspect peut-être un peu "court métrage étiré" ou "adaptation de nouvelle", le film sonne comme un épisode de La Quatrième dimension (cf. la fin et sa voix off maladroite), mais au rythme lent, porté par un unique Sam Rockwell dans l'un de ses meilleurs rôles. A l'instar de son protagoniste, Moon baigne dans la mélancolie de l'espace et du clair de Terre, quelque part entre science-fiction et science-réalité, à mi-chemin entre notre monde et celui de l'espace infini. A l'instar de la Lune, si loin si proche, premier bastion conquis par l'Homme et pourtant toujours aussi mystérieuse.