Monsters
Royaume-Uni, 2010
De Gareth Edwards
Scénario : Gareth Edwards
Avec : Whitney Able, Scoot McNairy
Photo : Gareth Edwards
Musique : Jon Hopkins
Durée : 1h34
Sortie : 01/12/2010
Quand la NASA découvre l’éventualité d’une vie extra-terrestre dans notre système solaire, une sonde est envoyée afin de prélever des échantillons. Malheureusement, elle s’écrase au-dessus de l’Amérique centrale lors de son voyage de retour. Peu après, de nouvelles formes de vie apparaissent dans la zone du crash et la moitié du Mexique est mise en quarantaine, considérée comme une zone contaminée. Six ans plus tard, les armées américaines et mexicaines se battent encore pour maîtriser les «créatures»... L’histoire commence lorsqu’un journaliste des Etats-Unis accepte de raccompagner une touriste américaine en état de choc, du secteur mexicain contaminé vers la zone sécurisée de la frontière américaine.
GARETH ET LES MAXIMONSTRES
Monsters est ce qu’on pourrait appeler un film Canada dry. Car même s’il a la saveur, le goût et l’apparence du fameux District 9 et quelques réminiscences des films de monstres de ces dernières années comme Cloverfield ou The Mist, ce n’est pas une copie du film de Neil Blomkamp. Non. Celui de Gareth Edwards (un ancien des effets spéciaux) possède sa propre personnalité et une réputation qui, en plus d'être logique, n’est pas usurpée. Transpirant le pessimisme et doté d’un ton orageux, cet ersatz de post-apo, avec ses thématiques de fantastique malade et de politique oscillant entre fiction et documentaire grâce à une direction artistique irréprochable, défend coriacement, même si de manière pas toujours finaude, son bout de gras à travers le destin de ces deux antihéros engagés sur une route de la transhumance en territoire infecté (et pas hostile, tout est dans la nuance). Avec son titre archi simple mais qui résume très bien l’ensemble, entre mystère et authenticité, Monsters réussit à emballer son audience grâce à une manière, en permanence sur la corde raide, de gérer deux conflits: celui d'une histoire d'amour impossible au milieu d'un monde envahi de créatures tentaculaires format pieuvre géantes et un pamphlet diplomatique montrant que malgré la pauvreté et l’incertitude on peut disposer d’une certaine liberté alors que dans la "civilisation" on a tôt fait de se faire canaliser, confiner et emprisonner. Un rendu plutôt casse-gueule, et qui ne s'en sort pas systématiquement (quelques clichés balourd sont parsemés de-ci de-là). Mais ce qui restera avant tout de ce Monsters c'est sa cuirasse fragile qui manque de se déchirer à chaque instant, comme une poésie éphémère, un habillage contemplatif et désespéré que n'aurait pas renié un Michael Mann au mieux de sa forme, des images au lyrisme doux-amer épurées de tout artifice vaseux et habillées pour l'occasion d'une musique toute en finesse mais ne cachant pas ses élans dramatiques, pour accompagner ce chemin de croix, cette destinée qu'on ne peut anticiper. Donc laissez tomber les à priori et donnez sa chance à ce film, il le mérite vraiment. Et tant pis pour les railleurs qui ne se laisseront pas emporter par cette tragédie moderne.